Si les producteurs d’armagnac, qui n’est autre que la plus ancienne eau-de-vie française, sont restés fidèles au savoir-faire hérité de leurs ancêtres, une nouvelle génération a pris le pouvoir au sein de l’appellation. Résolument craft dans l’âme, l’eau-de-vie gasconne flirte désormais avec la modernité. La preuve par dix.
Rabastas
Le plus mixomaniaque
Un nouvel acteur dans l’armagnac, ça se fête ! D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un Argentin tombé amoureux du Gers et de l’eau-de-vie gasconne, qui a pris le parti de séduire les bartenders avec ses bas-armagnacs. César Kuberek s’est d’ailleurs concentré sur le marché américain avant de lancer deux premières cuvées en France dont ce 6 ans d’âge élaboré à partir d’ugni blanc, de folle blanche et de baco délivrant de jolies notes de fruits secs, de caramel et de tabac. Quant à Rabastas, il s’agit du nom du cheval de d’Artagnan.
Rabastas 6 ans (70 cl, 42%) : env. 43 €
Château de Léberon
Le plus fondu
Le château de Léberon innove avec le lancement de ce Solera 2001. Comme son nom l’indique, cet armagnac a été élevé dans un foudre selon la méthode solera héritée des producteurs de xérès. Un système d’élevage et d’assemblage dynamique qui lui a cédé un fondu remarquable. Composé d’ugni blanc (65 %) et de colombard (35 %), cette nouvelle expression marquée par des notes de fruits compotés, offre une grande complexité et beaucoup de finesse.
Château de Léberon Solera 2001 (70 cl, 43,2%) : env. 58 €
Delord
Le plus gourmand
Depuis 1893, la famille Delord élabore des bas-armagnacs à Lannepax, dans le Gers. Dirigée par Jérôme et Sylvain Delord, la maison familiale s’impose aujourd’hui comme l’un des fers de lance de l’appellation. Il faut dire que si les deux frères ont hérité du savoir-faire de leurs aïeuls, ils ont su apporter un vent de fraîcheur sur la collection maison comme le prouve cette très belle Création n°9. Un bas-armagnac gourmand né de l’assemblage des millésimes 1992, 1989 et 1988, qui se distingue par ses arômes de fruits confits.
Delord Création n°9 (70 cl, 44,1%) : env. 70 €
Domaine Laguille
Le plus insolite
Le Domaine Laguille créé l’événement avec le lancement du tout premier bas-armagnac de l’histoire à avoir bénéficié d’un finish en ex-fût de whisky tourbé. Une expression inédite qui inaugure une nouvelle gamme baptisée Rare Cask Finish. Distillé en 2010, il a parfait son vieillissement pendant quelques semaines dans un fût de chêne français ayant précédemment contenu un single malt fortement tourbé. Embouteillé brut de fût, il séduit par sa richesse en épices et, bien sûr, ses notes fumées. Une série limitée à 350 bouteilles qui se plaît à bousculer l’AOC.
Domaine de Laguille Rare Cask Finish Peated Whisky (50 cl, 54,5%) : env. 75 €
Baron de Pichon-Longueville
Le plus moderne
Porté par l’envie de moderniser l’image de l’armagnac, Stéphane de Luze, à la tête du Château de Briat depuis 2003, s’est lancé dans le négoce avec la création de la marque Baron de Pichon-Longueville. Sa plus belle réussite ? La collection Single Distillation : un nom qui revendique évidemment le mode de distillation propre à l’armagnac mais qui est également un clin d’œil très malin au monde du whisky. Quant au Single n°18, il navigue savamment entre notes de fruits secs et confits, cuir et fumée, sans oublier une pointe de chocolat et de café.
Baron de Pichon-Longueville Single n°18 (70 cl, 44,6%) : env. 79 €
L’Encantada
Le plus rare
L’Encantada est une jeune maison de négoce fondée par trois amis amoureux de l’armagnac. Leur plus grand plaisir ? Dénicher des eaux-de-vie aussi belles que rares pour faire découvrir aux amateurs la richesse de leur appellation. Ce bas-armagnac du Domaine de Sablé, situé dans le village de Lagrange, est un bel exemple de leur philosophie : il n’a produit que trois millésimes – 1973, 1974 et 1976 – à partir d’un unique cépage, le baco. D’une grande maturité, la personnalité fruitée, épicée et gourmande de ce millésime 1974 ne devrait pas vous laisser indifférent.
L’Encantada Domaine le Sablé 1974 (50 cl, 40,1%) : env. 105 €
Domaine de Charron
Le plus structuré
Depuis que Jean-Philippe Balay a pris en main les rênes du domaine de Charron, il ne cesse de monter en puissance. Il faut dire que cette petite maison familiale se plaît à cultiver son propre style. Les bas-armagnacs du Domaine de Charron ont en effet la particularité d’être élaborés exclusivement à partir de baco, un cépage connu pour sa grande capacité de vieillissement. Ils sont également tous millésimés, non réduits et embouteillés sans sucre, ni colorant à l’image de ce 1989 tout aussi structuré qu’harmonieux.
Domaine de Charron 1989 (70 cl, 47,3%) : env. 120 €
Château de Bordeneuve
Le plus riche
Le château de Bordeneuve, propriété de la famille Guasch, est situé à Maignan-sur-Eauze. Un très beau terroir constitué de sables fauves qui est planté d’ugni blanc et de baco, et fait la fierté de Thomas, à la tête du domaine. Quant à ce millésime 1986, distillé dans l’alambic maison datant de 1922, il a été mis en bouteille au degré naturel. Riche et épicé, il offre un festival de notes gourmandes de pruneau, de café, de cacao et de vanille. Il séduit également par sa belle souplesse.
Château de Bordeneuve 1986 (70 cl, 47,3%) : env. 135 €
Dartigalongue
Le plus élégant
Si Dartigalongue, la plus ancienne des maisons du Bas-Armagnac dirigée par Benoît Hillion (voir son interview page 108), a construit sa réputation grâce la finesse et l’élégance de ses assemblages, elle est également connue pour sa superbe collection de millésimes. D’autant qu’elle cultive l’art du millésime à travers sa gamme Sélection de Millésimes composée de bas-armagnacs embouteillés au degré idéal à l’image de ce 1979, issu du fût #011, récemment dévoilé. Très élégant, il se distingue par ses tanins soyeux et des arômes de fruits secs, de griotte et de réglisse. Une édition limitée à 356 bouteilles.
Dartigalongue Sélection des Millésimes bas-armagnac 1979 (70 cl, 44%) : 155 €
Castarède
Le plus intense
Un bas-armagnac 100 % folle blanche, de 18 ans d’âge, embouteillé brut de fût, dominé par des notes de raisins secs et de pain d’épices : voici la nouvelle expression de la maison Castarède installée au château de Maniban, non loin de Mauléon d’Armagnac. S’il s’agit de l’une des plus anciennes maisons de négoce de l’appellation, grâce au travail de Florence Castarède, qui incarne la sixième génération à se consacrer à la production d’armagnac, elle fait aussi partie des plus prestigieuses signatures de la région.
Castarède 18 ans Brut de Fût (70 cl, 47%) : env. 165 €
Par Cécile Fortis