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C’est fou toutes les bouteilles qu’on pourrait choisir si l’on renonçait aux cadeaux des enfants, voire à la dinde et au chapon. Chiche ? Une wish list qui ne comprend que des nouveautés.

 

Selon l’une de ces études nombreuses et contradictoires qui occupent les instituts de sondage désœuvrés en cette période de l’année, le budget médian que les Français consacreront à fêter noël s’élèvera à 448€. Un tarif qui inclut les cadeaux, la déco, le repas de réveillon, ainsi que le transport, voire une nouvelle petite tenue festive si tu te sens d’humeur. Il va donc falloir godiller avec souplesse et agilité pour préserver l’essentiel, à savoir le whisky à (s’)offrir. On se penchera la semaine prochaine sur les bouteilles spéciales serrage de ceinture, mais là tout de suite maintenant, détaillons les nouveautés sur lesquelles on peut craquer pourvu que l’on soit prêt à faire des choix.

Tu as renoncé au sapin – les boules, je sais – mais pas aux guirlandes ni aux bougies : laisse-toi tenter par le nouvel Armorik, le premier 10 ans d’âge officiel d’une distillerie française : un whisky old school au fruité pâtissier frôlé de fumée, collector inaugural édité à 2.000 exemplaires seulement (59€). Doublement collector, car la bouteille sera légèrement modifiée dès le prochain batch. Si tu sacrifies le crépon et le Bolduc, attrape en sus ce ravissant coffret métallique en forme de chai qui berce un Ardbeg Ten, l’une de ces bouteilles que les addicts à la tourbe rachètent avant même d’en voir le cul nu (environ 50€). N’a-t-il point l’air d’une crèche, sous les branches basses du demi-arbre en acrylique made in China plaqué contre le mur ? Nul besoin d’emballage, tu le vois bien.

A moins que tu n’optes pour le nouveau Port Charlotte (PC pour les intimes, à prononcer « pissi ») Islay Barley 2011 de Bruichladdich douceur d’orge sous une tourbe goudronneuse, citronnée, léchée de chocolat au lait et taquinée de cendre (environ 70€). Cœur avec les doigts. On n’a encore un peu de temps – surtout si comme moi tu t’y prends la veille pour la razzia cadeaux – mais bon courage pour le trouver, celui-là : le jeune Talisker 8 ans sorti en édition limitée (environ 75€) avec la salve des Special Releases 2018. Une petite bombe (59,4%) à la tourbe médicinale et poivrée enveloppant un fruit tropical pincé de notes carnées. Magnifique ! Malheureusement, peu de quilles pour la France.

 

Sherry, j’me sens rajeunir

Un sherry monster ? Profites-en, c’est la tendance lourde, à tous points de vue. Laisse tomber les huîtres en entrée (encore que, si tu savais à quel point elles s’associent merveilleusement aux whiskies vieillis en fûts de xérès… OK, laisse tomber le foie gras, mais sache que tu renonces à une autre belle association), et tends la main vers le GlenDronach 15 ans Revival, revenu parmi nous après 3 ans d’absence, sous une version maturée sous oloroso et pedro ximenez (79€). Une gourmandise toute en profondeur et en longueur, baies noires et oranges sanguines chocolatées. Si tu déniches l’ancienne version (100% oloroso), jackpot collector – c’est jouable, je l’ai encore trouvée récemment.

Garde la bourriche d’huîtres, tiens, et plonge-toi dans l’histoire de l’Espagnol, un nouveau tome de Compass Box. Il serait tentant de ne voir dans The Story of the Spaniard (59€) que le magnifique packaging qui te dispensera de papier cadeau-ruban doré. Mais le whisky est top, riche, onctueux et évolutif dans le verre. Elevé en fûts de xérès et de vin ibérique, il te caresse les narines et la glotte de son fruit opulent qui gagne en fraîcheur presque mentholée à mesure qu’il s’oxyde, de ses notes d’agrumes épicées. Tu peux aussi réviser tes classiques avec un Macallan Sherry Oak 12 ans – la douceur des fruits secs, la fraîcheur de la fève tonka, le twist des épices –, mais oublie la bûche en dessert (85€). Si tu te sens prêt à renoncer au plateau de fromage, jette-toi sur la magnifique petite sherry bomb d’Edradour, le 10 ans 2008 de Signatory Vintage (109€), capiteux poème qui se déclame sur les montagnes russes (à 57,9%). Tu ne regretteras pas la diète – encore que je l’imagine bien avec un vieux comté…

Si tu te contentes d’une petite soupe aux croûtons, craque pour le Secale du Domaine des Hautes Glaces (132€), élevé en fût de condrieu. Un rye brioché, au plus près de la matière et de sa terre. A moins que le Bowmore 15 ans 2002 de Douglas Laing (152€)… Elevé en hogshead de bourbon, finement cendré, il t’allume le feu de cheminée sans polluer. Prêt à t’éclairer à la bougie et à radiner sur le cadeau de tonton ? Alors lâche-toi sur le Balblair 1991, élevé 24 ans en fûts de bourbon puis 2 ans de plus en butt d’oloroso (167€). Celui-là chante les cantiques de noël en canon tout en glissant, tel le petit Jésus culotté de velours, le long de la glotte. Un hymne œcuménique.

 

De la tourbe en veux-tu, en voilà

Dis-moi, tu es sûr que les enfants ont besoin de jouets cette année ? Non, je dis ça, mais quand tu vois qu’ils s’amusent tout autant avec le papier cadeau pailleté… Fais-toi plaisir, lâche-toi sur l’Octomore 9.3 (229€), une ogive über-tourbée (133 ppm) élaborée avec une orge d’Islay et embouteillée brut de pétard, qui cache un petit cœur de céréale tendre amusé de fruit léger, de thé fumé et de cendre tiède – t’avais pas allumé le feu ? Tiens, donne l’étui métallique aux loupiots, ils pourront y ranger les Lego reçus à noël dernier (de rien).

Qu’il est bon parfois de retrouver la frugalité heureuse et le véritable esprit de noël. Glisse une orange dans la chaussette de chacun, tu viens de régler le casse-tête des cadeaux ET du repas, tout en réduisant considérablement l’empreinte carbone de ton réveillon. Et lâche le budget sur le Johnnie Walker Blue Label Ghost and Rare (330€). Un blend. Oui. Une édition limitée qui met notamment en vedette 3 distilleries fantômes – Brora, Cambus et Pittyvaich –, ayant participé à cet assemblage fruité, chocolaté et subtilement tourbé d’une affolante profondeur derrière sa simplicité. Ouvre la bouteille – ce qu’elle contient importe au fond bien peu –, partage et trinque avec tes proches : il est là, le plaisir de noël.

 

Par Christine Lambert

 

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