Oyez, oyez, amateurs et amatrices de whisky, rhum et autres divins breuvages ! Si on subit le confinement, on peut en profiter pour apprendre 2 ou 3 choses sur notre passion commune. On peut. Mais on n’est pas obligé·e·s. On a parfaitement le droit d’alterner l’apprentissage studieux et la position du pétoncle en fin de vie sur son canapé.
- On se perfectionne ou on s’initie à la dégustation
Le sujet a déjà été abondamment traité (ici par exemple), avec ses limites (ici). Mais pour progresser, rien ne vaut la verticale à l’aveugle. Collez une pastille adhésive numérotée au cul de 4 verres identiques au moins, et versez dans chacun une dose prélevée dans des bouteilles identifiées du même chiffre. Bousculez l’ordre des verres – si vous êtes confinés à plusieurs, demandez évidemment à quelqu’un de servir en vous cachant les bouteilles. A présent, cherchez à identifier le contenu de chaque verre, en prenant votre temps : méfiez-vous du premier nez, parfois trompeur, et des gnôles plus longues à la détente qu’une livraison de masques FFP2 chinois.
Commencez par comparer entre eux différents spiritueux : un vieux rhum, un vieux whisky, un vieux cognac et un vieil armagnac par exemple. Vous verrez, ça rend modeste. Un célèbre mixologue me racontait qu’à l’aveugle la moitié des bartenders qu’il accueillait en formation se montraient incapables de distinguer vodka, rhum industriel blanc léger, gin de base et blended whisky de supermarché servis côte à côte dans des verres opaques (un conseil : faites l’essai avant de vous gausser).
Ensuite, répétez l’opération avec une même famille de spiritueux (les whiskies, les rhums…), puis une même sous-catégorie (les tourbés, les jamaïcains…), afin d’en apprécier les nuances. La dégustation est un savoir acquis, il se lustre avec patience en aiguisant ses sens sur le liquide.
- On se lance dans la cuisine
Retenez bien cette règle : les spiritueux améliorent tous les plats – à de rares exceptions près, qui ne valent pas la peine d’être cuisinées. Inutile de vous monter la rate en neige avec une pincée de sel, ce sont les trucs les plus simples qui changent tout. Une cuillérée de whisky fruité réveille l’huile dans la vinaigrette ; un trait de single malt tourbé vous chamboule une mayonnaise ; un pschitt de bourbon dans le sirop d’érable dope les pancakes ; le rhum dans la pâtisserie, un must, on n’en parle même pas ; les raisins secs se détendent dans le bourbon avant de filer dans le carrot cake ; le lapin à la crème et aux champignons se déglace au vieux cognac et le filet mignon, au whisky du Speyside ; les volailles se flambent au malt ou au rhum ; quelques gouttes de peat bomb ou de sherry monster font monter les vagues sur les huîtres fraîches (OK, en ce moment ce sera plutôt crevettes surgelées Picard) ; un spray de gin fait croquer la salade de fenouil…
Bref, lâchez un peu vos misérables tutoriels pain. Encore que… Il y a quelques années, le boulanger Kenji Kobayashi détendait sa pâte à pain au Nikka et la piquait de figues, noisettes et noix macérées dans le whisky japonais. Et ces miches-là, tout le monde s’en souvient.
- On voyage, on découvre (sans bouger de son canapé)
On ne comprend véritablement un spiritueux qu’en visitant ses distilleries. Et, en ce moment, YouTube ouvre une fenêtre sur les alambics du monde entier, et particulièrement de l’Ecosse. Suivez par exemple les clips de Whisky.com (les plus récents de préférence, la qualité s’est beaucoup améliorée au fil des ans), malheureusement non sous-titrés, et en avant pour une visite guidée de Glenmorangie, Macallan & Co.
Depuis peu, certaines distilleries ont-elles-mêmes investi dans les visites virtuelles interactives, parfois en 3D. C’est le moment notamment de se perdre dans Glenturret,Talisker, Laphroaig (magnifique!), Buffalo Trace (attention, l’appli pèse des tonnes) ou Glenfiddich (une visite très pédagogique où la distillerie… n’apparaît pas !). Par curiosité, la distillerie mexicaine de la tequila Patrón vaut le détour.
Profitez-en pour feuilleter les fiches et les cartes de VisitScotland.Offrez-vous un replay du documentaire de Robin Entreinger sur Islay et comparez avec cette divine curiosité des années 1960, Islay Whisky Island, en noir et blanc.
- On se distrait en bouquinant
Le sachiez-vous, pendant le confinement Whisky Magazine vous offre chaque semaine un numéro à lire sur son site. Gratuitement et sans inscription préalable. Après l’édition spéciale cocktail et celle consacrée à New York, le n°73 se penche sur le futur du whisky (ici). Bonne lecture, les ami·e·s.
- On apprend devant l’écran
Les réseaux sociaux ont pris le pouvoir pendant le lockdown. On ne compte plus les tweet tastings en communauté sur Twitter. Ni les conseils divers et variés : citons David Wondrich, qui propose plusieurs fois par semaine une recette de cocktail avec les ingrédients du placard, en commençant par se laver les mains. Sur le compte Instagram de Whisky Magazine, les meilleurs bartenders dévoilent eux aussi leurs tips.
Les masterclasses improvisées pullulent sur Facebook, et c’est toujours un bonheur d’entendre Guillaume Ferroni dans le clair-obscur ou de choper un torticolis le temps que Guillaume Drouin redresse l’iPhone qui le filme – bien joué, les Guillaume. Suivez les producteurs ou les marques que vous appréciez et laissez-vous guider.
Sur YouTube, la chaîne Le Lab by LMDW creuse plein de sujets sympas. Dernier épisode en date : qu’est-ce qu’un·e master blender, avec les explications sous-titrées d’Angela D’Orazio (Mackmyra).
La Edinburgh Whisky Academy propose un discount de 30% sur ses cours en ligne en ce moment (gin et whisky). Et n’oubliez pas que les vidéos des masterclasses du Whisky Live Paris et du Rhum Fest Paris sont toujours consultables sur YouTube et mettent à portée de clic les plus grands professionnels.
- On se lance dans l’assemblage
Après la théorie, les TP. Au fil des ans, je vous ai expliqué comment fabriquer soi-même son gin dans la baignoire (ici, avec l’aide de Nicolas Julhès), comment blender un whisky (ici), comment patouiller son rhum arrangé (ici). Y a plus qu’à.
- On s’essaie au tricot
Et… Je vous ai gardé le meilleur pour la fin (ou la soif). Une maille à l’endroit, une maille à l’envers, repeat : ça vide l’esprit, ça détend la nuque et les trapèzes. En adaptant les modèles pour yaourts liquides (ici), vous pouvez tricoter des petits bonnets pour vos bouteilles. Suffit de monter 20 mailles (un peu plus pour Jack Daniel’s qui a la grosse tête). Ben quoi, ça change des tuto pour coudre son masque alternatif.
Article tricoté par Christine Lambert
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