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Entre le vocabulaire technique, les anglicismes et les usages détournés de certains termes, il est parfois difficile de s’incruster dans les conversations entre amateurs de whisky. Après le tuto “Apprenez à parler rhum comme un geek”, voici donc la version maltée.

 

Age : Nombre qui tend à disparaître des étiquettes, marquant le nombre d’années que le whisky a passé en fûts. Cet âge n’est j.a.m.a.i.s inférieur à 3 ans (et non pas 3 ans et 1 jour comme on le lit parfois), même si l’étiquette indique des lettres en lieu et place des chiffres – Casg Annamh, Amber Rock, Founders’ Reserve… Et si chiffres il y a, ils correspondent toujours à l’âge du plus jeune whisky entrant dans un assemblage.

Assemblage : Mariage pour tous. Union de whiskies de grain (maïs, blé, orge non maltée, etc) et de singles malts pour composer des blends ; mais également de différents single malts – d’âges variés, vieillis dans divers types de fûts… – entre eux (shocking !) pour créer… un single malt.

Brora : Clynelish qui coûte un bras + un rein.

Coffey (alambic) : Colonne de distillation en continu qui ne confère pas d’arômes de café au whisky. Jamais.

Copper dog : Le plus fidèle ami de l’homme en général et du maître de chai en particulier. Il s’agit d’un tube de cuivre, souvent taillé dans une section de condenseur et bouché à une extrémité, accroché à sa laisse en métal chaîné. On le plonge dans le fût pour prélever les échantillons nécessaires au contrôle qualité ou aux essais d’assemblages. En passant la chaîne autour du cou, et en laissant tomber un dog de chaque côté dans les jambes de pantalon, l’outil permettait aux ouvriers de poursuivre le contrôle qualité en douce à la maison.

Dégustation : Opération qui consiste à goûter le whisky en passant par moult étapes bien définies, mais qui peut se résumer pour la version courte à : attraper le verre, porter à la bouche, avaler une gorgée, répéter. Et sinon, petit rappel ici

Dram : En Ecosse, désigne une mesure de whisky dans un verre. Le plus souvent associé à “wee” [voir ce mot], indépendamment de la générosité de la dose.

Ecosse : Centre du monde. Qui envisage pourtant magnanimement son rattachement à l’Europe.

Filtration à froid : Opération qui consiste à descendre la température du whisky aux alentours de 0° C pour le filtrer avant embouteillage, éliminant certains composés susceptibles de troubler la robe du spiritueux. Et dont l’absence fait augmenter la cote de la bouteille aux yeux des amateurs.

Finish : Période de maturation supplémentaire et relativement courte, dans un type de fût différent, infligée au whisky pour lui apporter des arômes supplémentaires et troller les geeks avec un taux de réussite de 99,99%. Exemple : “Tu as goûté ce finish en fûts de barolo ? Mes papilles sont en deuil.”

Glaçon : Objet de la discorde pour animer un apéro qui s’enlise en compagnie d’amateurs.

Half and half : Coutume extrêmement sophistiquée qui consiste, en Ecosse et en Irlande, à commander ensemble au bar un demi de bière et un whisky pour en alterner les plaisirs. Histoire de ne rien faire à moitié.

Hibiki : Blend japonais perdu dans la traduction.

Intéressant : Commentaire confusant qui, appliqué au whisky, signifie alternativement “pas terrible” ou “tu tiens quelque chose“.

Islay : Terre sainte des alambics, située dans les Hébrides.

Jack Daniel’s : Tennessee whiskey qui n’est ni du scotch ni du bourbon mais du bourbon quand même. Grand papier historique à lire dans Whisky Magazine n°76.

Kiln : Four où l’on sèche l’orge au terme du maltage. Ceux qui se coiffaient d’un toit en pagode ont survécu pour des motifs essentiellement décoratifs dans les distilleries écossaises.

Lagavulin : GOAT.

Mashbill : Indique les proportions des différents grains – orge, malt, blé, maïs, seigle… – dans les whiskeys américains.

NAS : Acronyme de “No Age Statement”. Désigne un whisky dépourvu de compte d’âge, commercialisé en général plus cher que s’il affichait son pedigree réel.

Ogee : Renflement qui forme une sorte de bouée de cuivre sur l’alambic, pour maximiser le reflux. Et qu’on ne sait jamais comment écrire ni prononcer.

Octomore : Ogive nucléaire tourbée distillée à Bruichladdich, Islay, Ecosse.

Paul John : La moitié des Beatles dans un single malt indien de Goa. Ringo George, ça sonne moins bien à l’oreille.

PPM : Intensité en phénols, exprimés en parties par million, des whiskies tourbés. Mesure qui revient à essayer d’enfiler un harnais sur une sauterelle, puisque qu’elle est calculée sur l’orge, avant la fabrication. En fonction du concassage, de la fermentation, de la distillation et des années passées en fûts, le nombre de ppm va par la suite grandement varier jusqu’à cesser d’être significatif.

P*** de tuerie : Terme technique marquant l’approbation à la dégustation d’un whisky.

Quarter cask : QC pour les intimes. Petit fût de 125 l environ (un quart de butt) qui fait la joie des micro-distilleries et des marques pressées en raison du rapport bois/liquide très favorable au premier, qui booste l’extraction aromatique.

Slainte : “Santé” en gaélique. Toast qui sert aussi à terminer un papier quand le journaliste ou le blogueur a la flemme de chercher une chute.

Small batch : Littéralement, “petite cuvée”. Preuve du relativisme dans le whisky puisque ces termes qualifient une édition en quantité limitée dont l’assemblage peut rassembler moins de 5 fûts ou plus de 200 et toutes les possibilités entre les deux.

STR (fûts) : Fûts de vin passés par la triple opération de grattage, toastage puis brûlage (Shaving-Toasting-Recharring), qui contribuent grandement à la séduction facile des jeunes NAS.

Tourbe : Matière d’origine organique ou divine (selon les sources) qui, en se consumant pour sécher la céréale, confère au whisky des arômes fumés, tourbés. Plus ici.

Valentin : Saint qui se fête le 14 février pour les losers et tous les jours sur whiskyfun. Plus ici


Valinch : Sorte d’énorme pipette-seringue, le plus souvent en métal (cuivre notamment) utilisée pour prélever des échantillons de whisky dans les fûts et pour animer les photos dans les chais sur Instagram.

Verticale : Dégustation des whiskies d’un même producteur, qui vous laisse parfois à l’horizontale. La dégustation horizontale, cependant, se pratique à la verticale, et rassemble des whiskies présentant une similarité mais issus de distilleries différentes (exemple : divers whiskies élevés en fûts de sherry).

Warenghem : Distillerie bretonne au nom ch’ti, la première en France à lancer un single malt, en 1998. Autrement dit hier.

Wee : “Petit”, en Ecosse. Très couleur locale dans un papier paresseux écrit en français. Gros bonus sur l’échelle de la cosse si on place “wee dram”.

Whisky : Eau-de-vie de grain vieillie sous bois et riche en arômes qui justifie (et encourage parfois) une abondante littérature et légitime la passion débordante que vous lui vouez et le budget disproportionné que vous lui consacrez. Larousse est à côté de la plaque à bien des égards.

Par Christine Lambert
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