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Dans le Gers, à l’instar de l’Ecosse, les fantômes occupent le devant de la scène. Peu de chance pourtant de croiser des spectres en tartan. Ici c’est de la terre que naissent les légendes. Le domaine familiale d’Aurensan s’est attelé à une quête unique dans l’appelation : redonner vie aux cépages quasiment disparus*. Un retour aux fondamentaux inédit pour Caroline Rozes, ex-cadre de l’industrie du parfum, revenu sur ses terres natales pour donner vie… aux esprits.

 

En quelques mots, pouvez vous nous présenter le Domaine d’Aurensan ?
Il s’agit d’une petite propriété familiale en Ténarèze, sur laquelle nous produisons de l’Armagnac depuis la fin du XIXème siècle. Nous cultivons aujourd’hui un peu plus de 8 hectares de vignes. Nous avons entrepris de replanter des cépages anciens quasiment disparus de l’Appellation depuis plusieurs années.

 

Comment est née cette idée du « Carré des fantômes »?
Une naissance en douceur ! Nous avions longtemps conservé la parcelle du Meslier St François intact. Celle-ci date de mon grand-père mais celui-ci a malheureusement été arrachée au profit de l’ugni blanc. La forme de la cuvée s’est ensuite imposée à nous, petit à petit, au fur et à mesure que nous replantions l’ensemble de ces 6 cépages au sein d’une même parcelle. Nous avons pris l’habitude d’appeler cet endroit « le Carré des fantômes » tout simplement.

 

Vous évoquez volontiers la notion de terroir dans l’Armagnac.En quoi le terme prend-il tout son sens dans cette cuvée ?
Au Domaine d’Aurensan, nous cultivons un lieu avec tout ce que cela signifie en terme d’énergie, de personnes, de terre. Il faut absolument avoir en tête que le terme « terroir » n’est pas un terme purement géologique, il relève de la terre bien sûr mais aussi des cépages et du savoir-faire de l’homme. Avec cet le Carré des Fantômes, c’est la première fois que l’on parle d’Armagnac parcellaire. Pouvoir parler d’un spiritueux comme on parle d’un grand vin, c’est à dire pouvoir identifier précisément la provenance des raisins nous paraît absolument capital. A cela, s’ajoute la particularité de l’armagnac, qui de par son procédé de distillation, entretient une plus grande proximité avec sa matière première d’origine qu’aucun autre spiritueux. Les eaux-de-vie se constituent d’alcool éthylique, d’eau et de composants non alcoolisés qui donnent la typicité aromatique. Ces composants non alcoolisés représentent 3 g/L pour la distillation continue en armagnac, c’est entre 1,5 et 2 g pour le cognac (distillé selon le principe de la double chauffe), environ 1 g/L pour le whisky et 0,5 g/L pour la vodka.

 

Expérimenter le « jamais goûté »

 

Quel regard portez-vous sur le marché des spiritueux français ?
Un regard très positif. C’est tellement réjouissant de voir le dynamisme, la créativité et le niveau d’exigence des personnes qui font du spi en France. Des trésors il y en a beaucoup et de toutes sortes. Goûtez les délicieux cognacs de Guilhem Grosperrin, regardez la folle créativité de Nicolas Julhès à la Distillerie de Paris, ou le niveau d’exigence de Laurent Cazottes pour ses eaux-de-vie. Chacun dans son lieu et avec ce qu’il est, participe de ce foisonnement assez extraordinaire.

Dans le contexte sanitaire actuel, de nombreux urbains exilent à la campagne. Votre « reconversion » date d’il y a plusieurs années, vous êtes précurseure. Parlez-nous de votre parcours.
Je parlerai volontiers du « monde d’après » qui reste à inventer et qui m’avait en effet peut-être déjà poussé à quitter ma vie parisienne d’alors. J’ai eu la chance de travailler en développement produits pour de grandes maisons de Parfum. J’ai travaillé avec des nez pour développer des fragrances, des designers pour les flacons, des photographes pour les campagnes de publicité, etc. Une vie professionnelle riche et passionnante et puis j’ai senti que j’avais fait mon temps. Mon « monde d’après » serait celui qui s’éloigne des grandes marques, qui se rapproche davantage de l’artisanat et qui questionne un peu plus notre manière d’être et notre manière de faire.

Plus informations : https://www.domaine-aurensan.com

*Ainsi en plus des traditionnels Ugni Blanc, Baco Blanc, Colombard et Folle Blanche, il convient désormais de compter le Plant de Graisse, le Meslier St François, le Mauzac blanc et rosé, la Clairette de Gascogne et le Jurançon Blanc.

 

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