Deux décennies – déjà – que le blog le plus célèbre de la planète Malt régale les amateurs du monde entier de ses notes de dégustation, plus de 22.000 au compteur. Avec une influence sans égale sur vos décisions d’achat et le niveau de votre découvert bancaire. Une longévité record que l’on doit à l’endurance de son fondateur, Serge Valentin (lire son interview sans filtration à froid ici), qui sait comme personne servir ses commentaires secs ou à peine dilués topés d’une généreuse rasade d’humour et de dérision. Alors, en ce jour de juillet, levons ensemble nos verres de Spritz : santé, Whiskyfun, et longue vie !
Cela revient à me demander pourquoi je continue à continuer. Probablement en raison des amies et amis du monde entier que Whiskyfun m’a permis de rencontrer. Et des encouragements que j’ai toujours reçus. Et des whiskies et autres spiritueux qui me parviennent presque tous les jours, il faut bien que je les déguste, au moins une partie d’entre eux, j’ai un engagement moral. Un bon psy te dira le reste
Mais on me dit que c’est redevenu très moderne ! J’ai aussi la coquetterie de penser que c’est le contenu qui compte, pas le contenant. Bon, ce serait un travail de Romain de changer, et à chaque fois que j’ai posé la question, on m’a dit : « Ne change rien ». Il y a aussi des handicaps structurels mais c’est une autre histoire. Il faudrait que j’embauche une armée de codeurs pakistanais qui s’y connaissent en whisky pour moderniser le site, Je ne les ai pas encore trouvés. Et puis franchement, j’adore le formica, certains de ces meubles sont désormais plus chers chez les antiquaires qu’un authentique buffet Renaissance en bois précieux. Et la vague rétro-design frappe aussi le whisky depuis des années…
Franchement, non, je ne m’en souviens pas. Il y en avait quelques-unes dans une newsletter papier que j’envoyais à mes amis, avant le Web. Des malts à coup sûr.
Faut définir « épique » ! Malt Mill, ou Stromness, ça oui. Il devrait y avoir genre cinq-mille séances sur Whiskyfun, je ne me souviens pas de toutes et je me concentre surtout sur celles qui viennent. Celle des 20 ans est pas mal, un best-of de huit sherry monsters totalement légendaires !
J’aurais dû implémenter une vraie base de données sur le site dès qu’elles sont arrivées, et découper tout ça par whisky plutôt que par séance. Et peut-être mettre davantage de jaune et d’orange sur le site.
Le premier Port Ellen Rare Malt quand il est arrivé, en 1998. Quel monstre pour l’époque ! Les Ardbeg étaient beaucoup plus soft.
Un Dufftown remonté d’une épave dans la Clyde. Il y était resté depuis 1895. Il était devenu un concentré de mazout, de vase, de poissons morts et d’âmes damnées (je cite Angus).
Ça, je ne sais pas. De façon générale, cela arrive quand une note est jugée bien trop basse par les distillateurs ou marchands, ou bien trop haute par les amateurs ou simples consommateurs. Il y en a trois qui suivent Whiskyfun.
C’est une question très théorique, en général on en goûte plutôt plusieurs. Cela dit, tu as vu l’état du monde ? Il faudrait au moins un double-magnum de vieux Clynelish !
Un whisky de quatre ans sans indication d’âge, vieilli dans six fûts différents consécutivement, dont un PX, un mizunara et un chêne européen neuf, et affublé d’une histoire à dormir debout impliquant soit une marque de fringues bobo, soit un grand chef qui a besoin d’oseille (figurativement), soit un célèbre artiste écossais inconnu au-delà du mur d’Hadrien, soit une marque de voitures de sport qui envoient chacune minimum 500g de CO2 dans l’atmosphère aux 100 km (mais seulement 300 dans les brochures officielles).
Clynelish 8 ans (Brora) et Parkmore. Ne me demande pas pourquoi Parkmore, sans doute parce qu’il paraît qu’il y a encore l’un ou l’autre fût dans les entrepôts écossais.
Springbank, Clynelish, Ben Nevis, bonus Highland Park. Mais j’espère que je pourrai choisir les fûts !
Ardbeg 10, Talisker 10 (qui semble être de retour), Lagavulin 16 (mais pas vu depuis un bout de temps). Surtout éviter les NAS.
Les cognacs de petites maisons, les rhums de certaines îles, les armagnacs, les mezcals et d’autres catégories plus petites, les gentianes, sotols, grogues, clairins… Il y a de quoi faire. Et le vin, bien sûr.
L’Apérol Spritz ! Le pire est qu’étant donné sa couleur tu ne peux même pas tenter de faire croire aux autres que c’est autre chose (sinon du Campari Spritz, ce qui n’avance à rien).
Comment, une distillerie tenue par des chèvres ? Sérieusement, peut-être Springbank.
Macallan. Mais il y a chez eux des gens absolument formidables et talentueux, et, bien sûr, un passé glorieux. C’est d’ailleurs peut-être ça le problème.
Il n’en reste plus beaucoup, le progrès porte rapidement ses fruits de nos jours. Peut-être Deanston ? Tullibardine ? J’ai aussi dégusté de superbes Allt-A-Bhainne récemment – et je ne suis même pas sûr de savoir prononcer son nom. Je plaisante, c’est Alta-Vein’
Le jazz avec tous les bons whiskies. Classique sur les classiques (Duke Ellington sur un vieux Macallan) et plus avant-garde sur un whisky réellement innovant (Henry Threadgill sur un Currach qui est passé dans des fûts bousinés aux algues). Ne me demande pas « et la cornemuse ? » J’ai arrêté de parler musique car je n’avais plus le temps de le faire. J’ai beaucoup voulu échanger avec des musiciens au sujet du whisky, et je l’ai fait, mais je me suis rendu compte que le whisky, pour beaucoup d’entre eux, était plutôt un problème qui avait déjà emporté beaucoup de leurs amis. Comme l’héroïne. Le whisky a aussi un côté très sombre, on l’oublie trop souvent.
Nan mais ça va pas ??? En ce moment, je cite beaucoup Frank Zappa : « Il n’y a que deux choses dont il faut se souvenir. Numéro 1 : n’arrête pas. Numéro 2 : continue ! » Tu me diras que lui, c’est le tabac qui l’a tué. Je sais que le whisky est mortel, mais s’il devait un jour m’avoir, j’espère que ce sera un gros camion de Clynelish qui m’écrasera sur une petite route du Sutherland…
Plus sérieusement, je peux arrêter à tout moment, sur une pulsion soudaine, une envie subite… Ou parce que je penserai que j’ai mieux à faire. Ou si je n’arrive plus à faire la différence entre un Lagavulin et un Glenkinchie… Ou peut-être après avoir goûté à ce whisky de quatre ans sans indication d’âge, vieilli dans six fûts différents consécutivement, dont un PX, un mizunara et un chêne européen neuf, et affublé d’une histoire à dormir debout.
Par Christine Lambert
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