1966 CETTE ANNÉE-LÀ
C’est un monde en surchauffe que 1966 nous donne à voir. Du Vietnam en guerre aux essais nucléaires en Polynésie, de la révolution culturelle en Chine à l’effondrement d’un crassier au Pays de Galles, des émeutes raciales aux États-Unis aux coups d’États en Afrique, 1966 en laissera perplexe plus d’un, dont le comité Nobel de la paix qui ne remettra pas de prix cette année-là. Pour ce qui est du monde du whisky, c’est une année qui fait date. De mémoire de maîtres distillateurs ou de maître de chai, 1966 est “the year”.
La production de whisky de malt croit de plus de 14 points par rapport à 1965 alors que la production de whisky de grain s’effondre de 17,5 points. 114 distilleries de malt sont en opération dont trois nouveaux sites : Deanston, Tamnavulin et Ladyburn (“Ayrshire” Girvan). Dans les chais, un peu plus de 537 M gallons de whisky est en cours de maturation. Et malgré un petit 5 % de croissance en volume (bouteilles et vrac) réalisé à l’export par rapport à 1965, c’est 12 % de valeur en plus réalisée cette année-là.
SPRINGBANK 1966 LOCAL BARLEY : Introduite à partir de 1990 par la famille Mitchell, propriétaires de Springbank, la gamme Local Barley offre une petite cinquantaine de mises en bouteilles de type single casks (ex-fûts de bourbon et de sherry) tout au long de la décennie. La série débute avec le fût # 441 et s’achève sur le #511. Tous ont été distillés entre janvier et février 1966.
Du Bloody Sunday irlandais, aux débuts de l’affaire du Watergate, en passant par le rapport Meadows et les Trente Glorieuses qui tirent leur révérence, sans oublier Brassens qui célèbre Fernande et Polnareff qui montre ses fesses, 1972 est tout sauf une année conventionnelle. Pour ce qui est du whisky, elle a véritablement quelque chose en plus. Ce petit “supplément d’âme” qui lui permet légitimement de postuler le rôle d’ambassadrice de la décennie 70.
Changements de mains : Dalmore-Whyte & Mackay est racheté par Scottish & Universal Investments Trust. The Distillers Company reprend Glen Albyn et Glen Mhor (Mackinlays & Birnies). Invergordon Distillers met la main sur Deanston & Tullibardine. William Lawson Distillers rachète Glendeveron Distillers (Macduff). Watney Mann s’offre Glen Spey, Strathmill et Justerini & Brooks (Knockando). Watney Mann est absorbé la même année par Grand Metropolitan Hotels. Aberfeldy, Caol Ila, Convalmore, Cragganmore, Glendullan, Glenfarclas, Longmorn, Oban, Tormore et Tamdhu sont autant de distilleries qui, en 1972, augmentent leur capacité de production et de stockage (alambics et entrepôts), rénovent leurs cuves de brassage et de fermentation (passage à l’inox) et abandonnent le maltage sur site.
Mortlach 1936, 35 ans Connoisseurs Choice Barrel, 43%, Gordon & MacPhail
Dans un contexte international marqué par les attentats, la guerre froide et la crise économique, 1983 est une année qui donne le vertige. En mars, cette crise se traduit en France par “le tournant de la rigueur” économique et budgétaire pris par Jacques Delors. En Écosse, c’est un virage tout aussi violent que l’industrie du whisky prend, conduisant à la fermeture de nombreuses distilleries et la mise au temps partiel de la quasi-intégralité de l’outil de production.
En 1983, le nombre de distilleries en activité tombe à 107 contre 123 en 1979. En 1990, elles ne seront plus que 94 (malt et grain confondus). La tendance à la baisse observée depuis 1979 des exportations de scotch whiskies (toutes catégories et formats, vrac et bouteilles confondus) se confirme en 1983 pour atteindre son niveau le plus bas (227 844,492 Lap). Port Ellen et Brora remplissent leurs derniers fûts (connus) le 22 mars. Macallan lance l’embouteillage le plus rare réalisé pour le marché : The Macallan 1928, 50 ans, The Anniversary Malt (75 cl, 38,5%), limité à 500 flacons pour le monde.
Cadenhead “la joue” sixties avec une sélection de fûts mythiques pour sa gamme Dumpy Brown : Ord 20 ans 1962, Caol Ila 17 ans, 1966, Springbank 32 ans 1950 et Laphroaig 16 ans 1967.
La Scotch Malt Whisky Society voit le jour en mai à Edinburgh, The Vaults, et introduit sa première mise en bouteille : SMWS 1975 « 1.1 », 54% (alias Glenfarclas)
PORT ELLEN 1983, 14 ans, Sherry Cask, The Cooper's Choice 56.8%, 70cl -
Un jeune Port Ellen (14 ans) mis en bouteilles en 1998 pour le marché Suisse (Haecky Drink AG, Reinach Import) par le négociant The Vintage Malt Whisky Co Ltd (société fondée en 1992) issu d’un élevage 100% fûts de sherry). Une deuxième édition existe à 51.8% très similaire mais qui présente la particularité d’afficher une année de distillation 1993 (!). Une erreur au moment de la création de l’étiquette qui fait de ce lot une rareté à part entière !
Pour l’industrie du whisky, 1997 est celle du renouveau. Mise sur “pause” pendant près de vingt ans, “la belle” sort peu à peu de sa torpeur et découvre un monde nouveau dans lequel des brebis sont clonées et où des ordinateurs donnent des leçons aux plus grands joueurs d’échecs. Un monde qui vient de fermer le chapitre du Thatchérisme et où Lady Di n’est plus. Un monde où un nouveau mot est apparu : Google. Si la prudence est de mise, les alambics tournent pourtant à plein régime, des distilleries réouvrent et de nouveaux single malts sont distillés. En 1997, l’industrie est en route vers le futur.
1997 est l’année du siècle pour ce qui est de la production de whisky. Jamais autant d’alcool (malt et grain) n’aura été distillé qu’en cette année : record pour le malt (193 M lap) et pour le grain (278 M lap) malgré le nombre encore restreint de distilleries de malt en activité (82 sites). C’est aussi le cas pour ce qui est de l’exportation de whisky (vrac et bouteilles) avec une croissance de presque 8 points par rapport à 1996 même si, en valeur, c’est à peine 5 points de plus (l’industrie écoule toujours ses vieux stocks). La famille MacDonald (Glenmorangie PLC) prend Ardbeg dans ses filets pour la modique somme de 7 millions de livres et va écrire la plus belle page de l’histoire liquide de la distillerie au cours des années suivantes. Pour les consommateurs, 1997 est une année en or tant pour les embouteillages de distilleries, que pour ceux du négoce.
LAGAVULIN 1997 Islay Jazz Festival, Butt #1894, 54.5% -
CAOL ILA 1997 Manager’s Choice, Sherry Cask #14185, 58% -
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