En attendant le tsunami de nouveautés promis à la rentrée et en marge du Whisky Live Paris, je suis partie à la traque aux infos et rumeurs, histoire de vous donner de quoi cogiter cet été sur la plage.
Honneur au whisky français : le plus vieux compte d’âge tricolore jamais lancé sur le marché arrive en septembre, un jus élevé en fûts pendant plus de deux décennies. Respirez par le ventre, pas le moment de défaillir. Un chiffre impair pour changer, et c’est tout ce que je peux vous lâcher (à part que c’est mortellement bon), rapport au fait que j’ai promis de me taire pendant encore une paire de mois. Mais je vous connais, vous allez jouer aux devinettes.
What else ? Après Les Argileux et Les Limoneux, la distillerie lorraine Rozelieures nous promet 2 nouveaux Parcellaires pour débronzer en beauté.
Sinon, j’espère que vous suivez de près ce qui se trame à Soligny, dans l’Aube. Car à partir de l’orge cultivée sur leurs terres, les Godier mitonnent dans leur iStill (l’iPhone de l’alambic) des Purs Malts incroyables déclinés sous le nom Le Chant du Coq. Le premier était présenté au salon Cocktails Spirits en juin, le second vous cueillera à la rentrée.
Celles et ceux qui me suivent sur Twitter ont l’info depuis deux semaines : Armorik ajoute à sa gamme permanente un 15 ans magnifique, vieilli 9 ans en fûts de bourbon puis en ex-sherry oloroso chêne américain first fill. Mais oui, bien sûr que vous le goûterez au Whisky Live Paris. Pas fini ! La distillerie bretonne annonce également un single cask de son Yeun Elez tourbé embouteillé plein pot à 58,7%. Il s’agit du Yeun Elez habituel logé deux ans de plus en fûts de pineau des Charentes et non réduit. Hashtag bombe, le truc qui vous dévisse les rotules.
Ecosse ? Ecosse. C’est encore au Whisky Live Paris que sera dévoilé le Mortlach 20 ans qui aurait dû sortir à l’hiver dernier (lire ici). Hâte ! A l’autre bout de la chaîne du temps, Lochlea, la petite distillerie des Lowlands, sort son premier embouteillage permanent, Our Barley. Bien joli, dois-je avouer.
Irlande ? Allez. Dès l’été enfui, Waterford dévoilera son premier tourbé, fumé à la tourbe irlandaise. Les phénols vont-ils balayer la démonstration du terroir chère à la distillerie de Mark Reynier (lire ici) ? Wait and see. Dans la même Arcadian Series, qui explore et ressuscite les saveurs et traditions des temps anciens, attendez-vous en outre à croiser Hunter, élaboré à partir d’une orge disparue éponyme, introduite en 1959 et effacée des champs dans les années 70. Mise au point par l’agronome James Hunter, cette variété aux racines très longues et aux arômes puissants a été cultivée en biodynamie sur 2 fermes. Oui, Oui, RDV au Whisky Live, on fera des cœurs avec la langue.
Au cœur du Minas Gerais, sur les terres traditionnelles de la cachaça, la distillerie Lamas a préféré faire joujou avec l’orge maltée. La fabrication du whisky au Brésil, contrairement à ce qu’on imagine sous nos latitudes, n’a rien de nouveau et se pratique même à grande échelle. Simplement, le pays produisait jusqu’ici des blends d’entrée de gamme ne répondant pas toujours aux exigences règlementaires et gustatives occidentales.
Ces choses sont en train de changer très vite sous l’impulsion de petits producteurs passionnés de single malts, tels les 3 frères Lamas qui fondent en 2019 leur distillerie. Elle opère à repasse avec des pot stills en cuivre, et affine ses jus en fûts de bois brésiliens tels de balsa ou de putumuju (please, don’t ask, besoin de vacances). Les premiers whiskies arrivent en France dans la dernière ligne droite de 2022, avec des profils très inhabituels. Ouvrez vos chakras !
Si vous recevez Netflix, précipitez-vous sur The Amber Light, un documentaire jubilatoire et plein de charme signé Adam Park où mon illustre confrère Dave Broom sert de guide errant à travers l’Ecosse pour reconstituer un puzzle culturel entre le scotch, la littérature et la musique – accent glaswégien free of charge. On y croise plein de têtes bien connues des amateurs de malts, parmi lesquelles Stephen Marshall, le génial punk derrière la sortie de l’ombre en 2014 des Last Great Malts of Scotland de Dewar’s, notamment Craigellachie et Aultmore (on n’a pas vu plus beaux lancements depuis).
Le bougre avait depuis disparu, parti dans le Fife monter une micro-brasserie bio. Et voilà qu’au détour du film on apprend qu’il vient d’y planter une paire d’alambics avec des projets excitant méchamment les glandes salivaires. A guetter de près.
Deux projets de distilleries sont déjà sortis du bois à Campeltown : The Machrihanish (à vos souhaits !), à l’initiative des propriétaires de Raasay, et Dál Riata. Mais, sur place, il se murmure que Springbank envisage d’en faire pousser une de plus, voire deux. Et que deux projets supplémentaires flottent dans l’air. La rumeur, information du pauvre. Une chose est sûre : l’ancienne capitale victorienne du scotch, qui compta jusqu’à 36 distilleries à son apogée contre 3 seulement aujourd’hui, est de retour sur la carte.
Je vous annonçais l’arrivée de Dartigalongue au Whisky Live Paris pas plus loin qu’ici. Eh bien les Occitans renforcent encore leur présence puisque Delord se joindra aux festivités. Meilleure nouvelle de l’été, non ? Psstt, puisqu’on est entre nous et que rien ne sort d’ici, sachez qu’ils en profiteront pour dévoiler leur trilogie de cépages : même récolte (2018), même âge, même alambic de distillation, même bois et même tonnellerie pour les fûts d’élevage, embouteillés bruts de fonderie à plus de 50%, au service de trois variétés de raisins – ugni blanc, folle blanche, baco – qui s’expriment avec exubérance.
Vous avez compris le message ? RDV le 24 septembre au stand armagnac, et on ondulera à partir de là si on a envie d’onduler.
Par Christine Lambert
Commentaire
Aucun commentaire