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Springbank, la survivante de Campbelltown, est une légende à elle toute seule. Pour les amateurs de single malts d’exception, ses collectors sont particulièrement recherchés. Le point avec Ian Buxton.

 

Springbank est une distillerie singulière. Les connaisseurs la vénèrent. C’est pour eux presque un lieu de pèlerinage, tant les embouteillages qu’elle produit sont à leurs yeux légendaires, inégalables. Mais pour ce qui concerne les nouveaux venus au whisky, elle reste voilée de mystère. Sa production ne se déniche pas facilement et elle se fait un point d’honneur à ignorer systématiquement, presque perversement, les tendances à la mode en matière de whisky. Mais quiconque la négligerait passerait à côté de l’un des plus grands trésors d’Écosse.Quelle soit installée à Campbeltown n’a rien pour arranger les choses, car même les plus fanatiques de ses adulateurs reconnaissent qu’il est malaisé d’y accéder. C’est un long voyage, mais il en vaut la peine. On découvre à l’arrivée une distillerie résolument traditionnelle, qui ne jurerait pas dans un livre d’images de l’époque victorienne, et farouchement indépendante tant dans sa démarche que dans ses méthodes.

 

Un style à l’ancienne qui fascine
C’est à la conjonction de plusieurs facteurs que Springbank doit sa singularité. La plus ancienne distillerie familiale d’Écosse assure 100 % de sa production dans un seul et même site. Comptant plus de soixante employés, elle est le premier employeur privé de Campbeltown, ce qui est d’une importance capitale dans une région rurale frappée par de sérieuses difficultés économiques.Naguère, à l’époque du regain d’intérêt pour le single malt, des auteurs comme Michael Jackson lui avaient accordé une attention toute particulière pour les éloges extravagants dont elle faisait l’objet, suscitant l’intérêt des collectionneurs qui eurent ainsi pendant quelques années la possibilité de puiser dans une gamme remarquable d’embouteillages à des prix qui paraîtraient aujourd’hui dérisoires.
Outre les embouteillages officiels de la distillerie Springbank, il convient également de tenir compte des expressions mises en bouteilles par Cadenhead (qui appartient à la même famille), par la Scotch Malt Whisky Society et, d’un intérêt tout particulier, par le légendaire importateur italien Samaroli.Il existe aussi de rares embouteillages – réalisés par des particuliers ou des associations – issus de fûts que Springbank commercialisait dans les années 1990, la distillerie ayant à l’époque grand besoin de liquidités car elle traversait une passe difficile. La qualité de ces fûts est parfois inégale, mais les meilleurs sont souvent remarquables. Inutile de préciser que la distillerie ne propose désormais plus aux particuliers d’acquérir un fût privé.
Collectionneur particulièrement enthousiaste, Sukhinder Singh, de la maison londonienne The Whiskey Exchange, acquiert des bouteilles rares depuis la fin des années 1980. Il est aujourd’hui à la tête d’une collection de plus de trois cents flacons et en a consommé bien davantage. « Springbank, explique-t-il, est l’un de mes premiers amours. Ce qui m’a séduit d’emblée, c’est la palette et la qualité extraordinaires de ses premiers embouteillages, un style à l’ancienne qui me fascine. »L’« honnêteté » de la distillerie a également exercé un attrait considérable sur Singh.
À une époque où l’on rajoutait des colorants à la quasi-totalité des whiskies pour standardiser l’aspect de leur marque d’appartenance, Springbank était mis en bouteille à la couleur naturelle du whisky. En raison des très petits volumes d’embouteillages, parfois pas plus de deux ou trois fûts, la robe de whiskies portant des étiquettes identiques affichait des couleurs très différentes selon le fût d’origine. « C’est très agaçant, mais j’adore », s’exclame Singh qui précise que le distillat de Springbank semble fonctionner admirablement avec une gamme remarquable de fûts de différentes origines.
« Il reste encore beaucoup de choses à collectionner, poursuit-il, tout en signalant le renchérissement considérable des premiers embouteillages. Mais les flacons commercialisés aujourd’hui par Springbank, proposés dans « un conditionnement sobre et à prix honnêtes, sont encore de qualité remarquable ». Que pourrait-on souhaiter d’autre pour un whisky ?

Par Ian Buxton

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