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Tomas Estes, restaurateur, ambassadeur de la tequila en Europe, un des pionniers de la téquila premium avec la tequila Ocho, nous a quitté le 25 avril dernier. Passionné, il parlait de spiritueux à base d’agave comme d’un «mauvais garçon sauvage et nerveux ». Whisky Mag lui rend hommage.

Tomas Estes était un vrai amoureux du Mexique et de sa culture. Né en 1945 en Californie, dans une famille anglo-américaine, contrairement à ce que son nom pourrait laisser supposer, il côtoie de près la communauté mexicaine exilée et sa vie devient inextricablement liée à ce pays voisin à qui il donnera indirectement une partie de sa vie. » Mon amour pour la tequila a commencé par mon amour pour le Mexique, explique-t-il dans une interview au magazine The Drinks Report. Pour moi, la tequila est le Mexique et le Mexique est la tequila – ils sont si inextricablement liés dans leurs identités et leurs images. J’aime le Mexique depuis aussi longtemps que je me souvienne et j’aime la tequila depuis 1960, lorsque, clandestinement, à l’âge de 15 ans, j’ai eu ma première expérience illicite de la tequila. »

Enfant, il suit son père par-delà la frontière, et s’enthousiasme pour l’authenticité de ce pays voisin, à la culture si chaleureuse. Etudiant en sciences sociales, il arpentera les rues de Tijuana, poussera la porte des bars, notamment le Hussong’s Cantina, créé en 1892, par un immigré allemand, attiré par la ruée vers l’or. C’est là qu’en 1941 Don Carlos Orozco aurait selon la légende, inventé la Margarita, en l’honneur de la fille de l’ambassadeur allemand au Mexique, Margarita Henkel. « Un endroit où l’on boit sérieusement », racontera-t-il, plaisantant sur quelques ennuis qui lui arriveront pendant ces années de virées mexicaines.
Jeune diplômé, il devient prof d’anglais et entraîneur de lutte jusqu’à un voyage à Amsterdam en 1970. Il tombe amoureux de la ville et décide d’y ouvrir quelques années plus tard un restaurant mexicain, le Café Pacifico, dans le quartier rouge d’Amsterdam. L’ouverture rencontre un grand succès. Personne alors ne connaît la culture food mexicaine et encore moins la tequila.

L’aventure commence
« C’est à ce moment-là que j’ai compris à quel point la tequila était centrale dans mon activité ». Tom Estes commence alors à étudier sérieusement la question, arpente le Mexique, rencontre producteurs de téquila et instances locales, visite librairies, bars et cavistes locaux… Au fil du temps, son restaurant fait des petits, en France, Allemagne, Angleterre, Italie, Australie… En 1982, Londres accueille à Covent Garden son premier Café Pacifico, où l’on pourra croiser des célébrités comme le groupe Queen ou l’écrivain Hunter S. Thompson. Le monde entier prend les couleurs mexicaines et prend le statut d’ambassade des spiritueux à base d’agave. En 2003, la CNIT (la chambre nationale mexicaine de l’industrie de la tequila) lui accorde le statut d’ambassadeur officiel auprès de l’Union européenne.

Naturellement, quand, en 2008, le tequilero plusieurs fois primé, Carlos Camarena, lui propose de lancer une tequila, il ne peut que dire oui. Ocho tequila devient ainsi la première marque à proposer une indication de millésime : l’étiquette indique l’année exacte de la récolte et l’emplacement des plants d’agave dont le spiritueux est issu. LMDW dans la foulée suit, et lance la marque en France et en Europe.
Pourquoi Ocho, le nombre 8 en espagnol ? Pour représenter la huitième et dernière tentative de la recette ultime, mais aussi parce que les producteurs, en était, en 2008, à leur huitième décennie de production de tequila. Huit aussi, comme l’âge moyen auquel l’agave d’Ocho est récolté. Enfin, alors que le Blanco n’est pas vieilli, d’où sa saveur mûre et citronnée, le Reposado d’Ocho est laissé au repos pendant 8 semaines et 8 jours pour plus de douceur et de complexité.
Depuis sa mort, les hommages se succèdent dans le monde entier. Interrogé par Whisky Mag, Alexandre Gabriel, propriétaire de la Maison Ferrand qui avait procédé il y a trois ans à un échange de fûts entre Plantation et Ocho, salue Tom Estes. « Il m’a été présenté il y a quelques années par Carlos Macarena. Pour moi, c’est un producteur de spiritueux, un homme tel que je les aime, voulant toujours partager le plaisir. Quand on travaillait avec Tom, on avait toujours envie de créer, d’aller plus loin. C’était un challenge permanent. La bonne nouvelle, dans cette terrible nouvelle, c’est que son fils Jesse est du même calibre ».
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Pour saluer sa mémoire, la marque encourage ceux qui l’ont connu, apprécié, à partager leurs histoires d’Estes en postant une photo, un souvenir, une anecdote avec le hashtag #RememberingTomas.

 

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