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Dans le bouillonnement créatif général qui caractérise le whisky français, difficile d’isoler à peine plus d’une dizaine de distilleries, tant elles sont nombreuses à mériter qu’on suive leur travail – Bows, Twelve, Hautefeuille, Saint-Palais, Merlet… Mais celles-ci vont particulièrement occuper la scène cette année. Parce que…

Article extrait du WHISKY MAGAZINE N°79

1 Château du Breuil

Parce que ce nom célébrissime du calvados ambitionne de devenir un acteur majeur du whisky français (et du négoce de rhum, mais c’est un autre sujet). Parce qu’on distille discrètement de l’orge depuis 2017 dans le Pays d’Auge, et que le nouveau propriétaire, Frédéric Dussart, dégaine en ce début février ses trois premiers single malts d’un coup : Le Breuil Origine, Le Breuil Finition Sherry Oloroso et Le Breuil Finition Tourbée (affiné en fûts de scotch tourbé). Parce que même si pour l’heure le brassage est sous-traité et la distillation du whisky cantonnée à six mois par an, le château du Breuil construit un nouveau chai, intégrera une brasserie sur site dès 2022 et s’équipera bientôt d’un gros alambic charentais supplémentaire afin de produire 150 000 bouteilles à horizon 2024. Parce que l’orge Golden Promise jadis si chère à Macallan fournit toute la matière première. Toute l’expertise de la distillation et de l’élevage du calvados au service du whisky : avouez que vous aussi vous trépignez d’impatience.

 

2 Armorik/Warenghem

Parce que en 2021 tous les single malts de la gamme caviste de la distillerie bretonne passent en bio. La gamme vendue en grande distribution suivra dès l’an prochain, et seuls le vrac et les tourbés continueront pour le moment à être produits en conventionnel. Parce que dès la rentrée prochaine, le 3e batch du 10 ans arrivera sur les étagères et dans vos verres, en compagnie d’un nouveau tourbé Yeun Elez servi cette fois en édition limitée. Parce que la distillerie ambitionne d’intégrer sous peu une tonnellerie (une première en France), en reprenant l’outillage et le savoir-faire du dernier tonnelier breton, Jean-Baptiste Le Floch, qui raccroche pour prendre une retraite bien méritée. La pionnière des distilleries de whisky françaises a bien l’intention de garder sa longueur d’avance.

3 Castan/Vilanova

Parce qu’avec l’agrandissement des installations, intervenu en 2020, la (plus si) petite distillerie occitane a triplé sa production et peut désormais remplir quelque 300 fûts par an. Grâce notamment au nouvel alambic à trois vases qui a rejoint l’incroyable machine ambulante à quatre vases, dans la famille depuis trois générations et désormais sédentarisée. Parce qu’à partir de cette année sa gamme (Berbie, Terrocita, Roja et Gost) sera désormais embouteillée en assemblages small batches, et non plus fût par fût. Ce qui n’empêchera pas la sortie d’un nouveau single cask – ni d’un embouteillage tourbé dans la collection de négoce Version Française créée par La Maison du Whisky. Tellement hâte !

4 Distillerie de Paris

Parce qu’après plus de six ans de foisonnement expérimental la distillerie du Faubourg Saint-Denis remet tout à plat pour se recentrer sur trois whiskies : un single malt en premier lieu, un rye (seigle) et un rice (base de saké distillé). Parce que le riz va devenir une céréale importante dans l’alambic parisien, avec ses qualités proches du maïs (rondeur, onctuosité), mais plus riche en nuances. Parce que le 2e batch de Single Malt Whisky (3 ans sous bois et une année en jarre) arrive en ce début d’année. En continuant à peaufiner son style unique, en surjouant la céréale et les boisés atypiques, la petite Parisienne atteint l’âge de raison.

5 Rozelieures

Parce que la distillerie lorraine, par ailleurs important producteur de céréales, va commencer à capitaliser sur la création de sa malterie high tech. Parce qu’après vingt mois de fins réglages le four à tourbe de ladite malterie va enfin pouvoir traiter différentes origines de tourbe, et apporter leurs variations aromatiques au whisky. Parce qu’en tenant tous les bouts de la chaîne Rozelieures va livrer en 2021 ses premiers whiskies parcellaires, élevés qui plus est dans des barriques en chênes taillés dans la forêt voisine. Un voyage sensoriel total du grain au verre en passant par les bois.

6 Distillerie de la Mine d’Or

Parce que Stéphane Kerdodé a liquidé ses parts dans la Brasserie Lancelot et Breizh Cola pour tout investir dans une nouvelle distillerie de whisky, aménagée dans une ancienne ferme à Ploërmel. Parce que cette nouvelle version de la distillerie de la Mine d’or s’équipera d’une paire d’alambics charentais et d’un filtre-presse dans la salle de brassage. Parce que c’est Christian Vergier, consultant bien connu du monde du rhum et du cognac, conseillant par ailleurs Rozelieures, qui aura la main sur les chais. Du coup, le premier whisky, Galaad, dont la sortie était initialement prévue fin 2020, ne quittera les fûts qu’en 2022.

7 Michel Couvreur

Parce que l’éleveur bourguignon célèbre pour ses maturations en fûts de xérès (et – on le sait moins – détenteur d’un des plus importants stocks de whisky français dans ses chais) passe à la distillation, et que ses aficionados attendent cette nouvelle depuis des années. Avec une paire d’alambics charentais, l’un récupéré au Domaine des Hautes-Glaces, l’autre chez Rozelieures, la future distillerie de Bouze-lès-Beaune devrait entrer en production en fin d’année. Et on va suivre cela de très près !

8 Distillerie des Menhirs

Parce que cette année les Finistériens fêtent les 100 ans de la première distillation familiale, sous la main de la matriarche Francès Le Lay (une expo photo sur le site et un livre à paraître en mai ou juin vous raconteront cette saga dans tous ses détails). Parce que la distillerie sort bientôt son premier whisky tourbé (en réalité un finish de 2 ans en fût de scotch tourbé), une édition limitée d’environ 10 ans célébrant une personnalité bretonne (une femme, mais chut !). Parce que la montée en production dès 2017 va commencer à porter ses fruits l’an prochain avec une sensible augmentation des quantités disponibles. Parce que le relooking des packagings en septembre dernier et le passage de la gamme à 43% va désormais s’accompagner d’une poussée à l’export. Breizh Power !

 

9 Domaine des Hautes-Glaces

Parce que le plus éthique des producteurs de whisky français fête ses 10 ans, avec un compte du même âge. Parce que la nouvelle distillerie, entrée en production au printemps dernier, va permettre de faire décoller gentiment la production. Parce que Frédéric Revol nous promet un travail cousu main, notamment sur la céréale et les levures. Ici, le mot terroir a un sens.

10 Ninkasi

Parce que la distillerie de la région lyonnaise sort cette année son premier embouteillage permanent, Ninkasi French Chardonnay, vieillis en fûts de vins blancs (chardonnay majoritairement, le nom est un indice assez sûr) avec un apport de chêne neuf, et que c’est un sacré événement ! Parce qu’elle a presque doublé sa production en travaillant 7 jours sur 7, mais ne compte pas s’arrêter là : à horizon 2023, un nouveau site, toujours implanté dans la commune de Tarare, accueillera sur 2 hectares les équipements avec une capacité de distillation accrue, et un centre d’accueil des visiteurs. De grandes ambitions, et toujours cette même envie de s’amuser.

11 Glann Ar Mor

Parce qu’en passant sous pavillon Maison Villevert, qui l’a rachetée au mois de juin 2020, la distillerie créée à Pleubian par Martine et Jean Donnay va bénéficier de gros investissements. Parce que le site va s’agrandir, avec en outre la construction de nouveaux chais, l’amélioration de l’accueil des visiteurs et, surtout, le doublement de la production d’ici à deux ans. Un nouveau départ pour la petite distillerie culte.

12 T.O.S.

Parce que la distillerie du Pas-de-Calais vient de sortir le 2e batch de son premier single malt officiel, Artesia, initialement lancé en décembre 2020. Parce qu’il est distillé par une femme, Katy Gravina – créature qui, en France, se fait plus rare que les licornes à paillettes derrière les alambics de whisky. Parce que TOS (The Other Side : initialement la distillerie devait déménager de l’autre côté de la brasserie Saint-Germain sur laquelle elle s’adosse) a racheté en fin d’année la distillerie Claeyssens de Wambrechies, également productrice de whisky. Et que tout cela nous laisse espérer de fructueux projets.

Par Christine Lambert
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