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RhumNews

BD : Rhum héritage, aux origines du rhum

By 26 juin 2019février 15th, 2024No Comments

Co-auteur avec Mateo Guerrero de la bande-dessinée Rhum Héritage, retraçant la naissance du rhum en Martinique, et l’influence du Père Labat, Tristan Roulot nous parle des coulisses de cet ouvrage, premier d’une série. Interview.

 

Whisky Magazine : Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
Tristan Roulot : Au niveau étude, un bac scientifique, suivi d’un master en droit des Affaires à Paris II-Assas… je prépare le concours de la magistrature quand je lâche tout pour devenir scénariste de bande-dessinée. J’enchaîne les petits boulots, tout en écrivant des projets qui n’aboutissent pas. Par un heureux concours de circonstance, je rencontre Corentin Martinage avec qui on lance la série Goblin’s, dont le succès nous permet bientôt de vivre de notre art. Depuis, j’ai écrit plusieurs livres sur des thèmes variés, comme la crise des subprimes (Hedge fund, le lombard), des polars dans l’univers du génie civil (Irons, Lombard), ou plus récemment une uchronie russe (Arale, Dargaud). Et maintenant, Rhum Héritage, chez Robinson.

– Pouvez-vous faire un Pitch rapide de l’histoire ?
Rhum Héritage, c’est une saga familiale centrée sur une plantation sucrière en Martinique. Dans ce premier tome, on suit Jean Rouen, un engagé, un trente-six mois, fils de verrier en faillite. Il est venu partager la vie des esclaves de la canne, au service d’un planteur impitoyable, dans l’espoir d’obtenir un lopin de terre au bout de trois ans. Tandis que son maître le tue à la tâche, Il trouve un allié dans le père Labat, un personnage historique qui fait aujourd’hui encore figure « d’inventeur du rhum ».

– Comment s’est passée la rencontre entre les deux auteurs ?
Après avoir lu mon script, l’éditeur a cherché un dessinateur à même de mettre en image ce récit de la meilleure façon. Il m’a soumis plusieurs noms, et Mateo s’est imposé de lui-même, avec son style riche et moderne, et ses personnages pleins de vie et d’humanité.

– Vous parlez de collaboration avec des producteurs locaux, notamment Yves de Pompignan, de chez A1710. Sous quelle forme s’est passée cette collaboration ?
Il ne s’agit pas de collaboration, mais plutôt d’une leçon. Yves de Pompignan a pris le temps de m’expliquer le fonctionnement de sa magnifique rhumerie et de répondre à toutes mes interrogations avec passion et exhaustivité. Un très beau moment, c’est pourquoi je l’en remercie dans le livre. Un autre temps fort furent les jours passés dans la bibliothèque privée de la fondation Clément qui recèle de documents sur l’histoire du rhum, un véritable trésor.

 

– Comment vous êtes-vous intéressé au rhum ?
Avec Céleste Surugue, patron des éditions Robinson, on cherchait un projet pour travailler ensemble. Il a longtemps vécu en Guadeloupe et quand est sortie l’idée de suivre la vie d’une plantation sucrière sur plusieurs générations, j’ai sauté sur l’occasion. Difficile de résister à ce genre de défi, qui mêle autant l’histoire que la science, la culture que l’industrie, avec en transparence toute l’évolution de la société française jusqu’à nos jours.

– Et comment êtes-vous venu à cette histoire ?
J’ai commencé à creuser, à fouiller, à me documenter, pour identifier les moments forts et les tournants d’une histoire finalement peu traitée de façon romanesque : l’histoire du rhum. J’ai senti que la fin du XVIIè siècle était parfaite. J’avais déjà eu l’occasion de m’y plonger dans un diptyque mêlant crime et piraterie dans les caraïbes ( le testament du capitaine Crown, soleil prod), et quitte à démarrer une série sur le rhum, autant commencer par celui qui l’a sinon inventé, du moins rendu buvable : le père Labat, dont j’ai aussitôt dévoré les mémoires.

– Comment décririez-vous le Père Labat ?
Un personnage romanesque à souhait. Malin, brillant, curieux, le tout doublé d’une force de la nature : il est atteint de la maladie de Siam dès son arrivée sur l’île. Pourtant il survit, grâce – du moins le croit-il -, au gros sirop, l’ancêtre du rhum, produit à partir des résidus de la canne à sucre. Par la suite il reconstruira une forteresse qui résistera aux anglais, sera le seul survivant d’une attaque de pirate, et finira par quitter les iles dans l’espoir d’y revenir un jour. Mais, fort en gueule, il avait dérangé tellement de monde lors de son passage, que cela lui sera toujours refusé.

 

– Qu’avez-vous découvert, dans ce travail, sur le rhum, sur son histoire et sa production ?
Des millions de choses, au point que je ne savoure plus du tout cet alcool de la même façon. Il est riche d’une histoire que je n’ai de cesse de creuser.


– Il s’agit du premier tome. Comment envisagez-vous la suite ?
On va suivre l’histoire de cette plantation, de cette famille, de génération en génération. L’interdiction du rhum en France, l’abolition raté de l’esclavage, l’éruption du mont Pelé… Chaque album aura pour thème l’un des moments forts de l’histoire des îles. On va mettre en scène les grands courants qui ont traversés les époques, créant autant des vaguelettes que de véritables tsunamis.

– Après ce travail de recherche, votre goût s’et peut être affiné. Quel type de consommateur de rhum êtes-vous et quelles sont vos préférences ?
Je dois confesser que je suis plus porté vers le rhum blanc, en particulier en Ti’punch à l’apéritif, qui termine si bien une journée sous le soleil martiniquais. Avec un léger souffle de vent, c’est le paradis, tout simplement. Et je ne dirais jamais non à un rhum arrangé, mon pêché mignon.

Rhum Héritage (1690-1699) Tome 1 : L’eau de vie, eau de mort. Par Tristant Roulot et Mateo Guerrero, éditions Robinson

propos recueillis par François de Guillebon

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