20 questions pour tester votre érudition en matière de french malt (en VO non ST). Ces quelques minutes de détente en plein confinement acte 2 s’accompagnent dans l’idéal d’une dose modérée de whisky breton, ou alsacien, ou lorrain, aquitain, alpin, normand, occitan… – on distille désormais de l’eau-de-vie de malt dans tous les recoins de l’Hexagone.
1 – En l’an 2000, seules 2 distilleries françaises commercialisaient déjà leur whisky. Lesquelles ?
2 – Le whisky français doit vieillir :
a) Au minimum trois ans en fûts de chêne français
b) Au minimum trois ans et un jour en fûts de chêne
c) Au minimum trois ans en fûts de bois
d) Au minimum trois ans au contact du bois, mais pas forcément en fût
3 – Armorik partage un point commun avec Kilchoman, Kavalan et Milk & Honey. Lequel ? (Et non, ce n’est pas le k dans leur nom.)
4 – Que signifie l’initiale “G” devant Rozelieures ?
a) Grallet, du nom des fondateurs de la distillerie
b) “G bien bu”, la devise qui figurait autrefois sur les bouteilles de mirabelle lorraine
c) Gessey, du nom d’un volcan proche
d) Glen, à l’écossaise
5 – Quel producteur s’est amusé à faire vieillir son whisky pendant un an sous la mer au large d’Ouessant ?
6 – LMDW vient de lancer une gamme de négoce dédiée aux spiritueux français, avec 5 whiskies pour commencer (Glann Ar Mor, Ninkasi, Armorik, Domaine des Hautes-Glaces, la Roche aux Fées). Sous quel nom ?
7 – Si le single rye brut de fût du Domaine des Hautes-Glaces s’appelle Obscurus, c’est parce que :
a) Sa robe est noire comme l’encre
b) On a zéro info sur le type de fût utilisé
c) Il a vieilli dans un fût aux parois intérieures méchamment brûlées
d) On a oublié en quelle année il a été distillé
8 – Quel est le plus vieux whisky français jamais embouteillé ?
9 – Quelle est la particularité unique de Nautilus, l’alambic de première distillation de la Distillerie du Vercors ?
10 – Le nom du “premier whisky français” servi à la garden party de l’Elysée le 14 juillet 1983 ?
a) Le Coq hardi
b) Le Biniou
c) Le Birlou
d) Le Filou
11 – Monsieur Balthazar, qui a donné son nom à la distillerie de Hérisson, est :
a) Un comédien
b) Le curé du village
c) L’ancien bouilleur de cru de la région
d) Un maître verrier
12 – A plusieurs reprises, la distillerie corse Mavela (qui fabrique le whisky P&M) a dû répondre aux courtoises et néanmoins fermes demandes d’échantillons émanant de la Scotch Whisky Association. Pour quel motif ?
13 – La brasserie Météor, vous le savez peut-être, fournit en bière de nombreuses petites distilleries de whisky qui ne brassent pas elles-mêmes. Mais savez-vous qui distille le single malt Météor ?
a) Meyer
b) Hepp
c) Bertrand
d) Bercloux
14 – Le nouveau whisky de l’affineur Roborel de Climens a connu pendant dix mois un affinage pour le moins inhabituel. Une idée ?
a) En amphores
b) En dames-jeannes
c) En fûts du domaine de la Romanée Conti
d) En fûts de cabernet sauvignon californien Screaming Eagle
15 – Le whisky européen compte 4 Indications géographiques dûment enregistrées, dont deux françaises. Lesquelles ?
16 – Quelle est la particularité de l’alambic de la distillerie Dreum, qui fabrique dans le Nord le whisky JSD ?
a) Il date du XVIe siècle, c’est le plus ancien alambic connu en France
b) Il est troué dans sa partie haute et siffle comme un harmonica pendant la distillation
c) Son condenseur en serpentin s’enroule en forme carrée, les angles ralentissant le débit du distillat
d) Il a été fabriqué par le fondateur de la distillerie
17 – Twelve, la distillerie de l’Aubrac dont le premier whisky sort dans quelques jours, est en partie logée dans :
a) Un ancien pensionnat
b) Une ancienne église
c) Un ancien presbytère
d) Un ancien bordel
18 – La distillerie Straw Ball, près de Toulouse, doit son nom à un détail original :
a) Ses murs en paille
b) Son alambic chauffé aux bottes de paille
c) Son chai où les fûts sont posés sur des ballots de foin
d) Son système de filtration sur paille
19 – Une distillerie malte au sol, sur une aire de maltage à l’ancienne, 100% de sa céréale. Laquelle ?
a) Le Domaine des Hautes-Glaces dans les Alpes
b) La Piautre en Anjou
c) Bows à Montauban
d) Rozelieures en Lorraine
20 – Légalement, le whisky français :
a) Doit être brassé, fermenté, distillé, vieilli, embouteillé en France
b) Doit être brassé, fermenté, distillé, vieilli en France
c) Doit être fermenté, distillé, vieilli en France
d) Attend depuis la saint Glinglin un semblant de cadre le définissant
RÉPONSES
L’heure des comptes a sonné ! Tarif unique : 1 point par bonne réponse (sans l’aide de Google ou du cousin Bébert qui lit par-dessus votre épaule).
1 – Warenghem (WB et Armorik) et la Distillerie des Menhirs (Eddu). Au 13 novembre 2020, elles sont une trentaine à avoir déjà mis sur le marché un whisky – un chiffre qui augmente chaque semaine, puisque 49 distilleries de whisky sont en production.
2c – Contrairement au whisky écossais, qui n’autorise que le chêne – ce qui est un peu gland quand on y songe. En matière de maturation du whisky, la réglementation européenne ne demande d’ailleurs pas l’usage exclusif du chêne : la France (comme l’Irlande par exemple) en profite pour faire feu de tout bois.
3 – Jim Swan, la légende du whisky écossais décédée en 2017, est intervenu comme consultant.
4d – Eh oui ! En 2007, quand le premier whisky de la distillerie lorraine sort, n’oublions pas que c’est le scotch qui sert de maître-étalon absolu. Evidemment, la Scotch Whisky Association s’est immédiatement fendue d’un petit courrier recommandé – fort légitime ma foi. Le G a survécu, mais le Glen est tombé, restant la propriété exclusive de l’Écosse. Allez un jour visiter Rozelieures, cette région au pied des Vosges a des airs de Speyside.
5 – Maison Benjamin Kuentz. Et je vous ai raconté cette incroyable histoire ici pas plus tard que la semaine dernière.
6 – Version Française (en VO non ST). A voir ici.
7b – Obscurus, en latin “mystérieux”, reste muet sur son vieillissement. Si vous avez des infos, DM.
8 – Au choix : le Lac’Holl 15 ans (2017) de la distillerie Gilbert Holl (dont la marque et les stocks ont été repris par Nusbaumer en début d’année) ; le Eddu millésime 2004 sorti en 2019 (15 ans également) ; et le BM Signature 15 ans de Rouget de Lisle, embouteillé en 2019.
9 – Il distille sous vide, à basse température (50°), très en dessous de la température d’ébullition de l’alcool et a fortiori de l’eau.
10b – Difficile d’affirmer avec certitude que c’était le “premier”, et selon les critères en vigueur aujourd’hui ce n’était ni un whisky ni un produit totalement français ! L’étiquette affichait généreusement 98% d’alcool neutre (produit à Antrain par la Société des Alcools du Vexin) et 2% de malt (sans doute écossais). Mais c’est en lisant cette info dans la presse que la distillerie bretonne Warenghem eut l’idée de tenter une reconversion qui s’avérera couronnée de succès.
11a – Il s’agit d’Olivier Perrier, un drôle de balthazar, comme on appelle dans ce coin de l’Allier ceux qui font le bien sans bruit. Je vous ai déroulé longuement l’histoire ici.
12 – Sous prétexte que leur brassin était fourni par la brasserie Pietra, derrière la fameuse bière corse à la châtaigne, la SWA voulait s’assurer qu’on ne retrouvait pas de traces de ce fruit à bogue dans le whisky. Conclusion ? Y en a pas.
13b – On reste en Alsace.
14a – Après trois ans sous bois (20% de barriques neuves en chêne français et 80% de fûts de deuxième remplissage), il a été logé dans des petites amphores de 150 l, bénéficiant d’une micro-oxygénation accrue (et d’une part des anges importante).
15– Whisky de Bretagne et whisky d’Alsace. Vous grattez quelques paillettes en plus si vous trouvez les deux autres. Alors ? Scotch whisky et Irish whiskey, bravo !
16d – C’est Jérôme Dreumont en personne qui a conçu le bestiau. Mais si vous avez répondu b), approchez discrètement que je vous embrasse.
17c – Il y a même des fûts dans l’ancienne chambre du curé, et pour l’heure les séraphins semblent se tenir à carreau, il ne semble pas que la part des anges ait augmenté. Les voies du Seigneur sont impénétrables. Si vous avez répondu d), prenez un demi-point, vous n’êtes pas tombé loin.
18a – Oui, oui, les cloisons de cette distillerie bio éco-construite sont formées de balles de paille. Et si le loup souffle dessus, comme dans les Trois Petits Cochons ?
19b – Vincent Lelièvre tourbe même son orge dans un fumoir fabriqué sur mesures avec de la tourbe irlandaise achetée en jardinerie ! Trois whiskies sortent chaque année depuis 2017 chez La Piautre : un single malt, un single malt tourbé et un whisky de seigle (60% seigle, 20% épeautre, 20% orge).
20d – Mais c’est pour bientôt, me dit-on ! Très bientôt. Très beaucoup bientôt. Ou pas. Un nouveau texte législatif (décret ou arrêté) devrait remplacer – possiblement avant la fin de l’année – les différents décrets régissant les spiritueux français, et le whisky de France “pourrait” y trouver sa place. “Pourrait”, au conditionnel et avec des guillemets.
Votre niveau en whisky français :
17/20 ou plus : Tableau d’honneur. Wow, impressionnant ! Le whisky français n’a aucun secret pour vous ou presque : servez-vous un scotch pour vous détendre.
14-16/20 : Félicitations. Vous suivez les Frenchies de près, avec un réel intérêt. Reste à corriger quelques fautes de géographie.
10-13/20 : Prix d’excellence. Il suffirait de presque rien (peut-être dix années de plus) : demandez conseil à votre caviste.
5-9/20 : Encouragements. Avez-vous songé à élargir le spectre de vos dégustations ?
4 ou moins : Prix de camaraderie… si vous trouvez une excuse créative à ce score minable.
And now… Je vous attends sur la page Facebook La Soif du Malt ou sur Twitter pour commenter vos scores. En attendant, d’autres quiz ici et ici.
(Photos ouverture Guillaume Crochez, distillerie d’Hautefeuille)
Par Christine Lambert