Une figure incontournable du whisky breton et hexagonal s’est éteinte la nuit dernière ! Guy Le Lay, le fondateur des whiskies finistériens Eddu n’est plus. Au-delà du visionnaire, c’est certainement l’audace mais aussi l’intégrité que l’on retiendra de ce personnage haut en couleur. Il nous laisse en héritage l’un des whiskies français les plus atypiques de la catégorie, véritable icône de la culture bretonne dont lui-même se faisait le défenseur et le porte-étendard.
Il lui fallait peu de temps pour jauger son public. Guy Le Lay ne courait pas les mondanités. Déterminé, l’homme avait au mi-temps des années 80 quitté sa stabilité de professeur de lycée pour lancer la distillerie des Menhirs.
Il produira d’abord un Pommeau de Bretagne qui dépassera largement les murets de granit de la propriété familiale, nichée à Plomelin, à quelques kilomètres de Quimper (29).
Mais l’homme ne s’arrêtera pas là, il se lancera en parallèle un pari fou : créer un whisky 100% breton. Pour l’époque au delà du défi technique, le monde du whisky est encore ancré à la culture anglo-saxonne.
“Je suis fier d’avoir donné à la Bretagne, un whisky comme il n’y en a nulle part ailleurs.” Guy Le Lay
La mise au point de la recette durera des années, les obstacles techniques innombrables et pourtant, en 2002, Eddu est lancé. Première marque de whisky 100 % élaboré à partir de blé noir.
C’est à cette pseudo-céréale cultivée dans la péninsule armoricaine et véritable ambassadrice de la culture bretonne, que Guy Le Lay doit la réussite du Eddu.
Cette culture bretonne auquel l’homme était viscéralement attaché, défenseur de ses droits, de son histoire, de son héritage.
Au fil du temps, Guy passe la main à sa famille et particulièrement à ses trois fils Erwan, Kevin et Loïg qui, à leur tour, prennent le pouls et développent aujourd’hui la marque.
L’année dernière, le Graal, un Eddu de 21 ans sortait des chais de Plomelin. On se souvient avec émotion du vibrant hommage au paternel que représentait la sortie de ce whisky, pour les trois frères.
Ce soir, Anne-Marie sa femme et les Menhirs pleurent mais le monde du whisky, en Bretagne et un peu partout en France, gardera encore longtemps le souvenir poignant d’un homme d’exception.
“N’ouzoc’h netra eus un dra, ma n’ouzoc’h ket gant piv eo bet fardet. Vous ne savez rien d’un produit si vous ne connaissez pas les gens qui sont derrière ce produit.” Guy Le Lay