Vous avez hérité de la cave de papy qui vous encombre plutôt qu’autre chose (la cave, pas papy, paix à son âme), vous souhaitez faire le ménage dans vos placards, vous espérez un peu de cash pour les cadeaux de Noël : pourquoi ne pas proposer vos spiritueux à un site d’enchères ? Juste avant la prochaine vente de Finespirits.auction, du 19 novembre au 10 décembre, Etienne de la Morsanglière, chef de projet sur ce site, vous donne quelques conseils. Et j’y ai ajouté les miens pour faire bonne mesure !
Videz vos placards !
Videz vos placards. Vos caves. Vos greniers. Vous n’imaginez pas les trésors qu’ils recèlent. Sur Finespirits.auction (FSA), site 100% français né d’une association entre La Maison du Whisky et iDealwine, l’estimation est gratuite : vous ne risquez rien à faire attribuer un chiffre à vos liquides. Bon, le Label 5 offert par tatie Lolotte à Noël il y a deux ans, gardez-le pour réchauffer les glaçons, mais ce n’est pas parce que la bouteille dont vous envisagez de vous séparer se vend en supermarché qu’elle n’a aucune valeur : les vieux jeunes whiskies, les Cardhu 12 ans des années 70, les Ballantine’s des sixties, les Chivas des eighties, les Lagavulin 12 ou 16 ans et autres Talisker 10 ans stockés dans la cave de pépé quelques décennies durant trouveront preneurs aux enchères, n’ayez crainte. Un tip ? Vérifiez la note attribuée sur whiskyfun : plus elle est élevée, moins votre quille a de chances de vous rester sur les bras.
Et ça, c’est collector ? (peut-être…)
N’imaginez pas que seules les bouteilles très anciennes, à haut compte d’âge ou rarissimes ont un public. Et ne vous limitez pas au whisky : les rhums (sur une pente très ascendante), les vieilles eaux-de-vie de fruits, les cognacs, les liqueurs, etc, qui vous encombrent feront la joie d’autres amateurs en vous rapportant quelques billets – un millier d’euros pour une Chartreuse années 70, de 30 à une cinquantaine d’euros pour un vieux blend de 12 ans, par exemple.
Les formats inhabituels suscitent également l’intérêt : une bouteille de vodka Absolut, tout le monde s’en fiche comme de sa première tequila paf, mais la même en version 3 litres trouveras bien un collectionneur pervers prêt à mettre la main dessus.
La prochaine ventre de FSA mettra en jeu quelque 650 lots, pour une estimation basse de 300.000€ (pssst ! et 25% de rhums). Vous imaginez bien qu’on n’y dénichera pas que des Carozawa et des Karuini, et tant mieux car un public nombreux y guette les petits trésors moins prestigieux mais tout aussi soigneusement sélectionnés.
Faites estimer vos bouteilles, c’est gratuit
La première estimation se fait sur photo : vous envoyez au site un cliché de vos bouteilles avec bref descriptif, et les spécialistes de FSA vous donnent en retour une fourchette : félicitations, votre Blanton’s single cask vaut entre 300 et 400 € (l’édition Golden Promise 2018 est partie à 1.400€ à la dernière enchère). So what ? Vous pouvez vous arrêter là, et siffler ce bourbon que rien ni personne ne vous oblige à vendre à présent que vous en connaissez la valeur.
Ou vous pouvez décider de le passer sous le marteau : et dans ce cas, vous expédiez la quille pour un second examen sur pièce. Les experts vérifient alors que la bouteille n’a pas été ouverte – ça arrive. Qu’il ne s’agit pas d’un faux – ça arrive aussi. Qu’elle ne fuit pas : un niveau basses épaules et des traces de coulures sur l’étiquette, c’est niet, retour à l’envoyeur.
La bouteille a une sale tête : c’est grave ? (Oui)
On lit souvent que les bouteilles proposées à la vente doivent être dans un parfait état de conservation. Vrai. Les quilles relativement récentes aux étiquettes enrhumées se verront appliquées une décote qui ne manquera pas de faire éternuer le vendeur. A vos souhaits. Et j’adresse une pensée émue à cet amateur qui a récemment soumis à estimation des bouteilles des années 40 : toutes originales, en bon état… mais pour les préserver au mieux ce perfectionniste en avait ciré les goulots. Une précaution qui, parce qu’elle altérait l’apparence des flacons, risquait d’entraîner une moins-value de 30% sauf à gratter la cire sans abimer les goulots (bon courage, monsieur, et toute ma sympathie).
La bouteille a une sale tête : c’est grave ? (Finalement, non)
On lit souvent que les bouteilles proposées à la vente doivent être dans un parfait état de conservation. Dans la vraie vie, cette perfection n’est pas toujours possible, et parfois même suspecte. Un Highland Park 1929 qui arrive nickel chrome ou une étiquette absolument parfaite gluée en façade d’un Macallan 1965, en langage technique cela s’appelle une carambouille sauce gribiche, une entourloupe sans imagination, un broquillage à la petite semaine, bref : une grosse arnaque.
Les très vieilles bouteilles s’altèrent nécessairement, surtout si elles ont été conservées en cave. Mais, même avec une étiquette rongée par l’humidité de la cave, tout le monde se rue sur les très anciens spiritueux.
Le juste prix, celui où tout le monde gagne
Le secret des enchères réussies ? Vendeur et acheteur doivent avoir le sentiment d’avoir gagné le gros lot. Partez plutôt d’une mise à prix sur la fourchette basse de l’estimation pour que les wannabe acquéreurs puissent s’amuser un peu à y croire derrière leur écran : au final, vous verrez les enchères monter plus haut, simple ressort psychologique.
Si personne ne se précipite sur les précieuses quilles dont vous vous délestez, un peu de patience. Sur FSA, les ventes durent en principe trois semaines, pendant les trois quarts desquelles tout le monde se jauge, professionnels et particuliers planqués derrière l’anonymat d’un pseudo. Jusqu’au rush où tout le monde déboîte dans la dernière ligne droite : il est très fréquent qu’une enchère double sur la seule dernière journée.
Vos bouteilles n’ont pas trouvé amateur ? Elles seront reproposées au même tarif de départ sur 3 sessions d’enchères successives. Au-delà, on vous proposera une décote de 5%. Vos flacons se sont envolés ? Le site prélève 15% TTC sur le prix de vente : si vous avez bien joué le coup, il devrait vous rester de quoi vous offrir… de nouvelles bouteilles !
Par Christine Lambert