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La distillerie du Fife, au sud de l’Ecosse, enrichit sa gamme d’une 3e expression permanente : Doocot. Et se pose à la pointe du formidable revival de cette région longtemps désertée par le single malt.

Inaugurée en 2014, Kingsbarns participe activement au très réjouissant réveil du single malt des Lowlands, la ceinture sud de l’Ecosse, frontalière avec l’Angleterre, royaume des grosses usines de whisky de grain. A l’entame du XXIe siècle, pensez donc, seules 3 distilleries de malt avaient survécu à la débandade – Auchentoshan, Glenkinchie et Bladnoch. Mettons 4 avec Ailsa Bay/Girvan, qui jouit d’un statut un peu particulier en passant de l’orge maltée au blé avec une versatilité détonnante.

Elles se comptent aujourd’hui à la volée, près d’une vingtaine sorties de terre ou réhabilitées au cours de cette dernière décennie : Daftmill, Annandale, Clydeside, Glasgow Distillery, Lochlea, Lindores Abbey, Eden Mill, Holyrood… N’oublions pas la mythique Rosebank, wet dream des amateurs, qui doit rouvrir au printemps, ou The Port of Leith, la distillerie verticale du port d’Edimbourg, qui achève bientôt ses travaux. Ou encore Inchdairnie, qui a décidé de nous faire saliver encore un bail avant d’étancher notre curiosité.

Va-t-on pour autant assister à la résurrection du « style Lowlands » – léger, subtil, floral, presque herbacé, non tourbé, divin en vieillissement long – dans les verres à dégustation ? Nope. Ou en tout cas, pas partout. Et on voit mal d’ailleurs pourquoi les Basses Terres seraient la seule région à conserver une identité de production forte. La diversité des projets, l’abandon ici et là de la triple distillation, marqueur souvent important des Lowlands, ne le permettent pas.

Un single malt éclôt dans un colombier
Kingsbarns, avec son unique paire de petits pots stills crachant en 2 passes, s’en affranchit d’ailleurs. Installée dans une ferme 1800 retapée, flanquée d’un colombier (doocot, en écossais) gothique abritant quelque 600 nichoirs en terre cuite, la distillerie fondée par Isabella et William Wemyss – un patronyme familier des amateurs d’embouteillages indépendants – s’arrime à l’East Neuk of Fife, ce pittoresque coin de côte coincé entre Edimbourg et Aberdeen.

Le colombier, justement, donne son nom à la nouvelle expression qui rejoint demain la gamme permanente de Kingsbarns : Doocot, que vous pourrez découvrir au Lyon Whisky Festival, appelé à remplacer Dream to Dram, son aîné plus jeune lancé en 2019. Elaboré avec une orge de Fife, passé par des fermentations longues et une double distillation, ce jeune NAS a vieilli en suivant le protocole de futaille établi par le regretté Jim Swan. A savoir, un peu de STR et beaucoup de fûts de bourbon.

Il en garde les sucs séduisants de rhubarbe et les notes de sucre brun typiques de ces tonneaux de vin rouge retravaillés, enrichis de touches de miel, de fruits tropicaux où perce la céréale tendre et l’agrume citronnée. Un single malt agréable, de ceux qui aident à refaire le monde entre l’apéro et l’entrée, ou vous prolongent la soirée entre amis jusqu’à l’entame de l’aube.

 Kingsbarns Doocot, 70 cl, 46%, 54€.

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