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On ne va pas se le cacher : mon job est devenu très compliqué depuis quelque temps. Gel ? Checked. Masque ? Checked. Distance d’1,50m ? Attends, je recule. Crachoir ? Ah non, c’est vrai, pas de postillons…

Après des mois d’interruption et de tastings à distance, les dégustations professionnelles ont repris. Mollement, certes. En comités réduits, en respectant toutes les mesures qui évitent de se mettre la préfecture sur le dos et le covid-19 dans les bronches, mais elles ont repris néanmoins. Gel ? Checked. Masque ? Checked. Distance d’1,50m ? Attends, je recule.

Avec plus de 400 nouveautés spiritueuses attendues en cette rentrée, on sentait que les marques, les distilleries et les distributeurs ne pouvaient plus se contenter d’envoyer des fioles et des communiqués (encore que ces derniers, tout bien réfléchi, suffisent à remplir les dossiers “spécial fêtes” de nombreuses publications…). Le distantiel, ça va trois mois, il est temps de revenir au présentiel, selon la novlangue corona-validée.

Et du coup, on ne va pas se le cacher, mon job est devenu très compliqué. Les « mesures barrières » de rigueur confèrent à une simple séance de dégustation des allures de prestation d’Houdini : tu le vois mon verre de whisky ? Hop, tu le vois plus ! Si tu as le malheur de poser son verre tulipe sur un coin de table le temps de replier ton masque, il se fait in petto déporter vers le lave-vaisselle par sécurité, pas le temps de laisser des empreintes. Passe-moi le gel, please – non, pas la vodka : le gel.

Sous le masque, le whisky (attention, ne crache pas)

Tout en m’avançant dans la tasting room, hésitant entre deux petits clusters de collègues et d’attaché·es de presse, je repensai récemment à cette phrase d’un de mes amis : « Il fut un temps où, quand on te disait de venir avec du gel et un masque, ça te promettait des soirées moins aseptisées… » Nostalgie d’une époque qui semble déjà loin, où l’on se lavait moins les mains – et où l’industrie des spiritueux se les frottait davantage.

Le deal, dans la tasting room, c’est que tu ne touches pas les bouteilles : tu tends ton verre – et, non, tu ne le fais pas humer à ton voisin. Si tu as le sot réflexe d’attraper une quille pour prendre une photo, on te l’astique à la lingette désinfectante à peine reposée, ça calme. Inutile de chercher le crachoir, la politique anti-postillons les a fait disparaître des espaces clos. Tu goûtes, tu avales : les termes du nouveau deal. Et en parlant de goûter… « Tu ne veux pas ôter ton masque avant ? » Bien sûr, où avais-je la tête. Bon. Et j’en fais quoi de ce bout de tissu saisi du pouce et de l’index par l’élastique, avec l’impression de tenir une souris bleue par la queue ?

La plupart des puissances invitantes, prudemment., essaient autant que possible d’organiser leurs dégustations à l’air libre tant que la météo joue le jeu. Terrasses, jardins d’hôtels, parcs, roof tops… Beaucoup, à l’instar des Ecossais qui se voient imposer des quatorzaines non négociables, préfèrent convoquer les journalistes sur Skype ou sur Zoom, et tu découvres alors sur les vignettes pixellisées de l’écran la déco intérieure chez tes confrères et sœurs.

Tu l’as goûté en présentiel ou en distantiel ?

Là, telle que tu me lis, je sors d’une vidéodégustation des nouveaux BenRiach en compagnie de Rachel Barrie, installée sur les anciennes aires de maltage de la distillerie (elle, pas moi). C’est moins glamour de goûter à Ménilmontant (moi, pas elle), mais la dernière fois, en présentiel, j’ai fini toute habillée dans la Spey (long story). Oui, à jeun, ne sois pas caustique – et puis recule un peu. Les nouveaux BenRiach ? On les attendait au printemps, et puis… Les pangolins. Deux 10 ans et deux 12 ans, avec à chaque fois un non tourbé et un smoky (smoky, aka tourbé, mais les Américains ne comprennent pas : les Ecossais ont dû se mettre à niveau et tout le scotch est en train de remplacer la tourbe par la fumée sur les étiquette). Bref. Les premiers sortiront en grande distribution, les seconds en réseau cavistes.

Tu en liras davantage dans le prochain Whisky Mag (#Teasing), mais sache que la gamme sera par la suite complétée par un 21, un 25 et un 30 ans d’âge, ainsi que par des éditions limitées et quelques single casks. Et pour que les choses soient claires : si dans quelques années ils sortent un millésime 2020, ce sera sans moi !

Par Christine Lambert

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