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Avec sa vision esthétique du goût, Nicolas Julhès bouscule les codes du monde des spiritueux. Aujourd’hui, avec le lancement de ses parfums, le fondateur de la Distillerie de Paris va encore plus loin et prouve que sa créativité ne connaît pas de limites.

Il avait annoncé que la Distillerie de Paris, l’unique distillerie installée dans la capitale, serait un laboratoire de création. Et bien ce n’était pas des paroles en l’air ! Après avoir imaginé plus de deux cents spiritueux depuis qu’il a allumé son alambic Holstein en 2014 (whiskies, gins, rhums, vodkas, eaux-de-vie d’agave ou d’érable et même de riz…), Nicolas Julhès dévoile aujourd’hui son parfum. Ou plutôt ses parfums puisqu’il a imaginé pas moins de trois fragrances. Des créations mixtes qui, fidèles à ses habitudes, bousculent les codes et portent un regard nouveau sur la parfumerie. «J’ai toujours été fasciné par les parfums, reconnaît-il. Depuis que la distillerie existe, j’ai toujours eu envie de créer mes propres parfums. C’est aussi une histoire de rencontres, comme toujours, en particulier avec le parfumeur Benoist Lapouza. J’avais une idée de ce que je voulais mais je ne connais pas les ingrédients du monde de la parfumerie. J’avais besoin de travailler avec un professionnel, un nez qui puisse être mon traducteur. Ensemble, nous avons imaginé un concentré d’arômes : c’était un travail très fusionnel.»

Créateur de goûts, de senteurs et d’émotions

«L’alcool représente plus de 80 % de la composition d’un parfum, explique-t-il. Il s’agit d’alcool neutre. Je trouve qu’il a une vibration métallique et astringente qui me déplaît. Je distille donc moi-même les alcoolats dans mon alambic en cuivre ce : ils apportent de la texture et du relief. J’ai créé trois bases d’alcool chacune formulée pour interpréter le concentré aromatique et donner une nouvelle orientation à chaque mise en alcool.» On comprend mieux les noms un peu étonnants de ses parfums, les premiers qui ne sont pas élaborés sur une base d’alcool neutre : Concentré n°1 Mise en alcool C1, Concentré n°1 Mise en alcool A1 et Concentré n°1 Mise en alcool J1. Surtout, on se rend compte de l’influence considérable de ces distillats tant ces trois créations ont une personnalité différente alors qu’elles sont élaborées à partir du même concentré aromatique. Le Concentré n°1 Mise en alcool C1, C correspondant à canne à sucre, est intense et profond. Le Concentré n°1 Mise en alcool A1, A signifiant agrumes, est davantage sur la fraîcheur et les épices, dans le style Cologne. Quant au Concentré n°1 Mise en alcool J1, J faisant écho au juniper, c’est-à-dire le genièvre, il se distingue par sa tension et sa verticalité.

Côté packaging aussi, les eaux de parfum de la Distillerie de Paris cultivent un style très personnel avec leur flacon bleu inspiré de l’univers des apothicaires et leur bouchon en bois brûlé qui rappelle les fûts utilisés pour le vieillissement des spiritueux. Même chose avec la nouvelle boutique de la Distillerie de Paris designée par Shinichiro Ogata, véritable star au Japon, qui ne ressemble à aucune autre avec ses tuyaux de cuivre qui s’échappent du plafond, ses pièces de bois brut et ses étagères où trônent uniquement les spiritueux et eaux de parfum maison. «Qu’il s’agisse du monde des spiritueux ou de la parfumerie, j’ai beaucoup de respect pour les traditions mais j’aime mettre de la distance, penser avec un regard différent et trouver d’autres chemins», confie-t-il. Véritable créateur de goûts et de senteurs, autant dire d’émotions, Nicolas Julhès n’a pas fini de nous surprendre. D’autant qu’il travaille actuellement à l’élaboration d’un second concentré aromatique avec le nez Annick Menardo cette fois.

Par Cécile Fortis

Distillerie de Paris, la boutique : 60 rue du Faubourg Saint-Denis, Paris 10e

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