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Lagavulin 25 ans

L’ode aux humains derrière le whisky

Pour célébrer son 200e anniversaire, la distillerie d’Islay a sorti une exceptionnelle série limitée vieillie en fûts de xérès. Un hommage aux hommes et aux femmes qui l’ont portée depuis deux siècles.

Par XXXXXXXXXXXXXX

Vingt et un noms suivis de dates engravent en lettres d’or le verre de la bouteille, scintillant dans la lumière sur la robe acajou sombre. Celui des fondateurs de la distillerie, John Johnston et Archibald Campbell, surplombant ceux des dix-neuf dirigeant.e.s qui prirent la relève, gardiens du temple, garants du lustre, vigies de la mémoire à travers les âges. Ce flacon, plus qu’un hommage, vient les soustraire à l’ombre pour dire mieux que les discours à quel point sans eux Lagavulin ne serait pas ce single malt chéri entre tous, cette distillerie respectée à travers le monde depuis…

Deux cents ans. La bienséance interdit qu’on chatouille une lady sur sa date de naissance, mais celle-ci a décidé de le crier sur les toits. Deux cents ans, et bien plus en vérité. Car si Lagavulin a inscrit sur le registre de naissance la date de 1816, cette année qu’on dit sans été où elle est sortie de l’illégalité, les alambics clandestins ronflaient de fait sur la baie depuis la fin du XVIIe. Deux cents ans. Et l’on se cramponne dans le vertige. Certes, le fait n’est pas exceptionnel sur Islay : Bowmore bien avant elle, puis les deux voisines de la côte de Kildalton, Ardbeg et Laphroaig en 2015, ont franchi le cap des vingt décennies. Mais combien de disparues sur l’île ? Lochindaal, Octomore, Port Ellen, Malt Mill, Ardenistiel… Odes fantomatiques à la fragilité du temps.

Une édition limitée à 8 000 flacons

Après le 8 ans plein d’audace, sorti au printemps, Lagavulin poursuit ainsi les célébrations de son bicentenaire avec une édition limitée à 8 000 flacons, un sublime 25 ans d’âge vieilli exclusivement en anciens fûts de xérès, combo inédit dans l’histoire de la distillerie. Embouteillé brut de fût, cette merveille de complexité et de profondeur exhale des arômes de cuir chaud, qui en s’ouvrant laissent filer les notes de prune, de fruits secs, pointe d’eucalyptus, caressés d’une fumée imperceptible qui s’affirme au fur et à mesure que l’animal s’ouvre. En bouche, une tourbe douce huile le palais, nimbé de cuir boisé, miellé, pincé d’un gingembre timide, mais au diable cette dissection car tous les éléments s’imbriquent à la perfection sous la patine du temps, ne demandant qu’à former un tout, un ensemble, un début, une destination.

«C’est là, dans les washbacks, que Lagavulin naît dans sa forme primitive, explique Georgie Crawford, le dernier nom sur le flacon, jeune femme pleine de talent, native de l’île “élevée dans un pub d’Islay”, en pointant les cuves de fermentation. Dans cette bière très tourbée. La distillation, ensuite, concentrera les arômes. Mon boulot est de produire le même whisky, encore et encore, avec la même exigence, la même qualité. Mais, une fois en fûts, cela devient le job des maîtres assembleurs.» La maturation, l’art du toucher du chêne sur le liquide, mené sans délicatesse vous lâche des whiskies de charpentiers. Mais “Laga” exige de la tendresse pour calmer ses ruades, pour enlever le feu en gardant la chaleur.

«On ne survit pas deux cents ans si on n’est pas bon, si on n’est pas spécial, résume Nick Morgan, qui veille sur le portefeuille des malts de Diageo, la maison mère. Lagavulin doit beaucoup à Peter Mackie, l’un de ses propriétaires, excentrique patenté mais surtout obsessionnel de la qualité du whisky, le premier à avoir créé, en 1920, un laboratoire de recherche consacré au malt.» Ne cherchez pas son règne sur la bouteille, car derrière chaque nom il y a d’autres noms, moins connus, plus discrets. «Depuis deux siècles, ce sont les mains d’ouvriers d’Islay durs à la tâche qui confectionnent Lagavulin, qu’ils coupent la tourbe ou travaillent dans les chais. Je suis fière de faire partie de ce groupe de gens animés d’une même passion», renchérit Georgie Crawford. Ce flacon le dit avec force : il est le cadeau que la distillerie devait aux siens, et à tous ses amoureux.

Lagavulin 25 ans 200e Anniversaire (70 cl, 51,7%) : env. 995 €

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