Bon, en réalité ce n’est pas meilleur. Mais c’est rigolo à fabriquer et cela vous changera de l’atelier tie and dye ou des châteaux de sables.
Dire que je m’étais jurée de ne pas écrire sur les hard seltzers… Les quoi ? Les hard seltzers, ces « eaux pétillantes faiblement alcoolisées » comme il devrait être interdit de les qualifier, qui cartonnent sur une proposition pourtant décourageante : peu de calories, peu de sucre, et arômes rarement naturels. Elaborées à base d’éthanol ou de moûts fermentés, ces boissons électrisent depuis trois ans le consommateur américain – mais après un mandat de trumpisme, même la Salvetat se classerait sur la liste des excitants.
La promesse de fraîcheur, de light (moins de 80 calories, moins de 6% d’alcool), de healthy (puisque light et mollasson en degrés) ainsi que la neutralité genrée (comprendre : plaît aux femmes sans que les mecs se sentent obligés de froncer le mufle) semble avoir emporté le marché : le secteur a engrangé 4,5 milliards de dollars de mai 2020 à mai 2021. Enorme.
Allez-vous succomber dès la prochaine canicule ?
Du coup, de notre côté de l’Atlantique, chacun affûte ses cannettes en se demandant si l’Hexagone, patrie autoproclamée du (bon) goût, va succomber à son tour. Allez-vous céder ?, telle est la question. Si vous lisez assidument ce blog, en principe la réponse est non. (Encore que je me méfie : il m’est arrivé de vous surprendre dans un instant de faiblesse suçotant traitreusement la paille plantée dans un Spritz.) Mais les autres ?
Quelques obstacles me font penser que la partie n’est pas gagnée. Les Français, contrairement aux Etats-Uniens, se ruent sur les bières sans alcool ou titrant bas (les fameuses « Session »), qui offrent une alternative autrement plus savoureuse pour peu qu’on ailler les piocher chez Brooklyn, Fauve, Mikkeller, voire BrewDog ou quelques autres. Des boissons un peu plus sucrées, certes, mais le coefficient plaisir est en général inversement proportionnel aux calories. Ensuite, le nom « hard seltzer », sous nos contrées, n’est pas très évocateur. Un frein très relatif, notez bien, puisque selon une étude menée par le site de vente d’alcool Drizly moins d’un tiers des adultes sondés aux USA peuvent réellement définir la chose. Enfin, le prix : autour de 2,50€ la topette en France, contre 1€ de moins en moyenne chez nos cousins.
Do it yourself !
Mais surtout, surtout, avec quelques confinements au compteur, un placard à gnôle judicieusement garni pour les affronter et un été incertain à tuer, nous avons eu le temps de multiplier les expériences et de peaufiner quelques recettes maison. Le hard seltzer ? Do it yourself si vous y tenez, pendant que les braises du barbecue whisky rougissent (lire ici) : cela n’a rien de sorcier, et vous tiendrez une occasion inespérée d’écluser les vodkas aromatisées dont vous ne saviez que faire.
Pour respecter un taux d’alcool léger, partez sur 2 cl de vodka aro et pas moins de 15 à 20 cl de soft, ce qui vous reviendra à 0,90€ le gobelet. Tablez sur les eaux gazeuses parfumées (Perrier, San Pellegrino pour toper le spiritueux), jouez sur un poil de jus de fruits pour améliorer l’ordinaire si l’audace vous saisit, et lâchez-vous sur le garnish histoire d’y croire (le zeste de citron, la tranche d’orange, la grappe de cassis…).
Restez sur un même parfum pour commencer (vodka mangue + Perrier Juice ananas-mangue + Perrier tout court, ou vodka pêche + San Pellegrino Momenti Peach). Puis osez les associations : la vodka raspberry se frotte bien à l’eau pétillante au citron, par exemple. Et servez dans des verres type can si vous vous sentez la fibre esthète.
Fini de jouer ? Revenez aux fondamentaux : le whisky Highball (lire ici), le Mojito, la fine à l’eau, le cognac-ginger ale, le calva ou la blanche d’armagnac-tonic, pour peu que vous gardiez la main légère sur le spiritueux, climatiseront l’été sans vous laisser les papilles en berne.
Par Christine Lambert