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Whisky, rhum, cognac, gin, armagnac, calvados, vodka – et parfum : une sélection de liquides bien nés à offrir et à partager le 16 juin, puisqu’on s’y prend toujours à la dernière minute.

Un single malt tiré à quatre épingles
L’expression “s’en jeter un derrière la cravate” n’aura jamais aussi bien pris son sens. Signatory Vintage a embouteillé pour whisky.fr un Strathmill 2009 (9 ans) édition limitée My Tie, dont l’étiquette au dessin de cravate se décline en 9 coloris et motifs, de l’uni au pied de poule en passant par le tartan. Un jus vibrant et aérien (Strathmill est plutôt réputé pour sa légèreté), au fruité délicat et vanillé réveillé de notes végétales. Nettoyage à sec fortement déconseillé.
• Strathmill 2009 My Tie, Signatory Vintage/whisky.fr, 46%, 59€.

Des whiskies logés à la bonne adresse
La gamme Rue d’Anjou de La Maison du Whisky a siphonné un Ben Nevis 2010 qui se serait fourré les doigts dans la prise (59,9%, oomph !). Exotique, fruité, roulé dans la purée de châtaignes et les fleurs blanches, il s’attendrit dans une belle complexité. 139 bouteilles seulement.

Logé à la même adresse, un Ardmore 2010 plus policé (46%) pose une tourbe finement iodée sur les agrumes et les fruits du verger à peine chocolatés (246 bouteilles). On n’est pas bien, là ?
• Ben Nevis 2010 8 ans (83€) et Ardmore 2010 9 ans (63€), élevés tous deux en first fill bourbon barrel, Rue d’Anjou.

Un single malt tourbé qui part en fumée
J’ai déjà abondamment dit le bien que j’en pense sur les réseaux sociaux, mais j’insiste et persiste et même signe : ce Port Askaig 10 ans se classe au sommet des meilleurs rapports qualité-prix de ces derniers mois. Une tourbe badass, gourmande et animale, enveloppant du bacon rissolé pincé d’huîtres : franchement, on dit banco pour ce single malt d’Islay qui ne veut pas dire son nom, élevé majoritairement sous chêne américain et embouteillé à 55,85%, soit la latitude du village de Port Askaig.
• Port Askaig 10 ans, environ 80€.

Un Irish Whiskey aristo-rock
Slane Castle, bien connu des amateurs de riffs pour ses concerts en plein air, a ouvert récemment sa distillerie de whiskey, le liquide qui s’accorde le mieux aux basses en marteau-piqueur. Slane Triple Casked est un pur irlandais, rond et généreux, doux comme la laine d’agneau, avec un supplément de caractère hérité de sa triple maturation en 3 types de fûts. Les jus de l’assemblage proviennent pour l’heure d’un autre coin de l’île verte, en attendant que le whiskey distillé au château arrive à maturité. Une bouteille rock et aristo à prix en sourdine.
• Slane Triple Casked, 40%, 30€ environ.

 


Un rhum statutaire et spéculatif

Ah, les fameuses bouteilles noires de Velier, qui déclenchent la ruée des geeks et des collectionneurs malgré (à cause de ?) leurs prix au poids d’enclume – et qu’on retrouve plus souvent sur les sites d’enchères que chez les cavistes. Foursquare Patrimonio est un assemblage, typique de La Barbade, de rhums de colonne et de pot still, vieilli 14 ans, pour l’essentiel en fûts de bourbon et pour une partie affinée 4 ans en fûts de xérès. Un poids lourd riche, onctueux et très largement commenté sur les réseaux sociaux, mais de toute façon, votre père ne l’ouvrira pas : il la revendra un jour pour payer les études de vos loupiots.
• Foursquare Patrimonio de LM&V, 58%, 179€.


Un rhum volcanique et mystérieux
Ils restent encore un peu compliqués à dénicher sous nos latitudes, les rhums de Madère (Portugal) – votre daron n’en appréciera que plus vos efforts d’originalité. Celui-ci nous vient de la distillerie familiale O Reizinho, petite douceur artisanale, gorgée de canne bien mûre pressée sur des citrons, généreusement poivrée et tendue de bagasse brûlée. Un rhum blanc très réussi, qui se savourera sec ou réveillera les Caïpi. • Latitudes O Reizinho, 50%, environ 36€.


Un parfum puisé à l’alambic
Ne laissez pas votre père boire la bouteille : voici les premiers parfums créés par La Distillerie de Paris, dans le même esprit que ses spiritueux qui partagent avec eux cette fascinante aptitude à capturer l’aromatique. Les concentrés d’arômes sont sculptés sur 3 coupes de distillation (au choix) – rhum, whisky ou gin – frapin puis mûris en dame-jeanne pour gagner en fondu, en relief, en amplitude. La base de whisky tire vers le floral et le végétal, la canne à sucre exacerbe le boisé, le gin claque les agrumes. Un travail magnifique à soutenir ici.
• Eau de parfum La Distillerie de Paris, à partir de 99€ via le crowdfunding, en vente à la boutique.


Un cognac qui a des lettres mais s’exprime en chiffres
La fine gueule déçue par les cognacs Frapin est une engeance qui n’a jamais été répertoriée parmi l’espèce humaine. Impossible donc de ne point tomber juste avec ce 15 ans Trésor du Château Fontpinot qui emprunte aux codes du whisky – compte d’âge, brut de fût, non filtré à froid. Cette eau-de-vie toute en finesse, émouvante et intellectuelle, s’est structurée par une maturation en chais humides et secs, les premiers lui insufflant sa rondeur charmeuse, les seconds sa nervosité élégante. Boisé, végétal, tendu comme une corde à guitare, il ondoie en bouche sans se presser, exactement au rythme où on le sirotera.
• Frapin 15 ans, 45,3%, environ 100€.


Une vodka bien urbaine
Our/Vodka est un concept compliqué pour faire un produit très simple (la vodka). Mais si dad est un esthète urbain ou avoue un coupable faible pour les Moscow Mules, c’est le cadeau qui touchera juste. Quatre micro-distilleries établies à Londres, Amsterdam, Los Angeles et Berlin ont réinterprété sur le bitume, chacune à sa façon, l’alcool le plus pur du répertoire spiritueux. Retrouvez sur le site les infos sur l’élaboration, je ne m’attarde pas : de toute façon cela finira sous la ginger beer (clin d’œil visionnaire ici). Un petit faible pour la douceur de blé tendre de Our/Berlin et l’astringence amère de Our/Amsterdam.
• Our/Berlin, Our/London, Our/Amsterdam, Our/Los Angeles, 37,5 ou 40%, 35cl, 19,90€.


Un gin à rougir de plaisir
Il y a des mystères qu’il faut renoncer à sonder. Le succès du pink gin en fait partie. C’est la catégorie de spiritueux qui progresse le plus rapidement sur la planète (Terre, oui, oui, pas Bellérophon) en ce moment. LE. PINK. GIN. L’artiste du calvados, Christian Drouin, s’est lancé parmi les premiers avec son Carmina, assemblage bâti sur la pomme garnie d’un bouquet fleurs et fruits (framboise et cassis notamment). A siroter sur du tonic et de la glace, en Pink Tonic – la même chose qu’un gin-to, en rose.
• Le Gin Carmina de Christian Drouin, 42%, 39€.


Un calvados qui montre son fût
Puis-je donner mon avis ? On va dire que oui, puisque c’est moi qui écris. Le calvados mériterait sans la moindre nano-once de doute de trôner en tête des spiritueux les plus appréciés en France. Quand on songe à la versatilité et à la richesse aromatique de ce spiritueux, et aux merveilles qui sommeillent dans les chais normands… Mffff. Celui-ci nous vient de chez Dupont et, ô joie, un tiers de l’assemblage s’est vautré en fûts de Caroni, la mythique distillerie disparue de Trinidad, pendant 4 à 5 mois au terme de 6 ans de maturation. Le calva se fond au rhum, mais jamais la brute de mélasse n’écrase la fraîcheur de la pomme. Dans un autre genre, la maison a produit un très effronté finish en fûts de whisky tourbé d’Islay. • Dupont N°1 Caroni Rhum, 45%, 50€.


Un armagnac de combat
S’il est un domaine qui milite bille en tête contre l’image désuète de l’armagnac, c’est bien celui de Laballe. Et la famille Laudet mène ce combat avec un supplément de talent en travaillant le plus identitaire des cépages, le baco, qui faillit pourtant disparaître de l’Armagnac il y a quelques années. Récolté avec sa rafle, tannique et amère, il confère aux gnôles des arômes de fruits secs, de café, des notes torréfiées. Ce bel assemblage de 3 millésimes – 2009 (à 65%), 2010 et 2012 – a vieilli sous chêne noir gascon. Son nez tout en puissance, gras, corsé (tabac, noix, cuir, chêne toasté) ne prépare pas à la sensualité de sa bouche, à sa finale saline orgasmique. Un must, à un prix cadeau.
• Résistance, de Laballe, 43%, 49€.

 

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