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Dites donc, il s’en est passé de belles au cours des douze derniers mois. On récapitule ?

1. 2023 : l’année où vous avez arrêté de m’envier

Une dégustation inédite, m’avait-on promis. En 2023, me suis donc retrouvée devant la verticale la plus raide de ma vie, descendue en rappel et sans filet : Marsh & Mallow Whiskey (aromatisé aux s’mores, autrement dit des marshmallows fondus et collés entre une paire de biscuits Graham et un carré de chocolat), Skrewball Whiskey (aromatisé au beurre de cacahuète) et enfin Glenlivet RTD Manhattan dont on dévisse la capsule pour libérer les “flaveurs naturelles” du célèbre cocktail. Alors, vous enviez toujours mon dream job ?

Plus sérieusement, la réflexion derrière ces lancements aux USA (aucun de ces liquides n’arrivera en Europe) ne manque pas d’intérêt : le scotch perd du terrain Outre-Atlantique, les jeunes générations y voyant un spiritueux peu inclusif, plutôt vieux, masculin et blanc. Ringard. Comment les ramener dans le giron sans bêtement taper sur les wokes ? Vous avez 2 heures.

2. 2023, l’année où j’ai agrandi le Speyside

On apprend tous les jours sur les sujets qu’on croit – fatale erreur – maîtriser. En 2023, un twittos (si je dis “un mec du X”, vous allez mal interpréter) m’a fait réaliser que Dalwhinnie, située pile poil au centre des Highlands et en tout état de cause plus près de Fort Williams (sur la côte ouest) que d’Elgin ou Dufftown, se trouvait… dans le Speyside. La cartographie établie par les Scotch Whisky Regulations de 2009 (article 10.6.c.ii) englobe en effet dans le Speyside le district de Badenoch and Strathspey, qui entoure la jolie distillerie de Diageo.

Pour rappel, le Speyside est une sous-division des Highlands, et les distilleries de la région peuvent indifféremment indiquer Highland (au singulier en anglais), à l’instar de Macallan, Glenfarclas, Dalwhinnie et quelques autres, ou Speyside telles Benromach, GlenAllachie, Benriach et consœurs sur leurs embouteillages – Aberlour variant l’étiquetage en fonction des marchés.

3. 2023, l’année des passions masculines

En 2023, le rédacteur en chef d’un magazine qui m’avait interviewée autour de la passion du whisky a coupé mon témoignage avant publication. Motif invoqué ? “On ne garde que les témoignages d’hommes : le whisky est une passion masculine”, m’a-t-on rapporté. Passion masculine. Et dire que vous pensiez que j’exagérais en écrivant ceci

4. 2023, l’année où le négoce a changé de modèle

Coup de tonnerre dans le scotch en juillet : Gordon & MacPhail annonçait cesser son activité de négoce (lire ici) pour mieux se recentrer sur ses distilleries. Actant la nécessité pour les embouteilleurs indépendants de changer de modèle. On y revient en détails dans le prochain numéro papier de Whisky Magazine (abonnements et vente au numéro ici)

5. 2023, l’année du mercato de la mort dans la distribution

Cela n’intéresse guère le grand public, mais l’activité de distribution, en général plutôt stable, a connu au cours des derniers mois des grandes manœuvres jamais vues – et ce n’est pas fini. Bushmills est passé chez Campari France Distribution, dont la maison mère vient de racheter le cognac Courvoisier, Marie Brizard a récupéré Buffalo Trace et LMDW Willett, Spirit France a accroché Loch Lomond et Glen Scotia… Plus gros, le groupe Stocks Spirits a racheté Dugas et son riche portefeuille.

Surtout, surtout, deux géants – Beam-Suntory et Diageo – ont annoncé lancer leur propre structure pour s’autodistribuer en France, faisant bouger à eux seuls une trentaine de marques de whisky (et pas que). Citons les américains Jim Beam, Maker’s Mark, Booker’s, Knob Creek…, les japonais Hibiki, Toki, Hakushu, Yamazaki…, les écossais Bowmore, Laphroaig, Ardmore, Auchentaushan…, les irlandais Kilbeggan, Connemara, Tyrconnell pour Beam-Suntory, et Caol Ila, Talisker, Lagavulin, The Singleton, Dalwhinnie, Cardhu, Knockando, Bulleit, etc chez Diageo. Enorme ! Pensez aux pauvres journalistes qui vont devoir retenir ces mouvements par cœur et remettre à jour tous leurs contacts.

6. 2023, l’année où une quille a coûté le prix d’une distillerie

En novembre, nous avons vu une bouteille de Macallan 1926 (60 ans) se vendre aux enchères pas loin de 2,5 millions. Une bouteille. Pas une distillerie.

7. 2023, l’année où les NFT ont fait pschittt

En moins de deux ans, les cryptowhiskies sont passés de la hype totale au flop majuscule. Les NFT (les “non fungible tokens” ou “jetons non fongibles” en français tout aussi incompréhensible) ont vu leur valeur crasher en beauté et le buzz s’accrocher à la mode suivante – vous avez dit IA ?

Que s’est-il passé ? Doit-on s’attendre à leur retour sous une nouvelle forme ? Toutes les réponses dans le nouveau Whisky Magazine spécial Old & Rare (quitte à me répéter, abonnez-vous !), où je vous ai gratté un article susceptible de déclencher de légers massages de tempes.

8. 2023, l’année où l’IA a pris le pouvoir

IA, ou Intelligence artificielle, élu mot de l’année 2023 fin octobre par l’éditeur des dictionnaires Collins. Et les grands groupes de spiritueux planchent déjà dans tous les sens sur ses développements concrets. Plus intéressant : pour Merriam-Webster, c’est le mot “authentique” qui agrège le plus d’intérêt, une demande accrue en réaction aux réseaux sociaux, aux deepfakes, ChatGPT et IA diverses.

En 2024, cette opposition/attraction n’a pas fini de traverser le monde des spiritueux, je suis prête à prendre les paris. On en reparle bientôt. D’ici là, passez d’excellentes fêtes et rendez-vous l’année prochaine.

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