Skip to main content

Janvier, le mois des vœux, des bonnes résolutions et de la galette saucée à Dry January. Le mois où l’on sort la boule de cristal pour tenter de voir dans le fond de la bouteille les nouvelles tendances de notre spiritueux favori.

 

Même si je cœur y est (et il y est), je propose qu’on se dispense d’échanger nos bons vœux pour 2022, les deux années passées ayant éventé l’arnaque de cette tradition. Mais ne jetons pas le whisky avec les glaçons dans l’eau du bain, et sacrifions à l’un des deux marronnier de janvier (l’autre, Dry January, se fait éreinter ici), à savoir : quelles tendances se profilent cette année ?

 

Fast Whisky

A force de multiplier les éditions limitées de nature à étancher l’inextinguible soif de nouveauté des amateurs, nous sommes désormais entrés de plain pied dans l’ère du Fast Whisky. Sur le modèle de la fast fashion qui multiplie les collections jetables, une nouvelle quille chasse l’autre, à peine lancée, déjà oubliée. Nombre de jeunes distilleries ne se donnent même plus l’ambition de bâtir patiemment un cœur de gamme, la version .12 et le finish tequila remplaçant la .11 et la finition chêne du Pérou à peine trois mois plus tard. Les grands classiques de demain ? Oh lala, on sera passés à autre chose ! Le boomerang ne devrait plus tarder à nous ricocher dans le nez, et les dinosaures comme Springbank ou Glenfarclas marqueront des points.

 

Cher whisky

Le trend de la premiumisation, loin de céder du terrain, s’ajoute à un renchérissement délirant du coût des matières premières et du transport depuis la crise du covid, alors que la demande dépasse toujours l’offre. En résumé : les prix du whisky vont encore prendre une claque. Paraît qu’on peut trouver les plans de Fort Knox sur le dark web…

 

Ethique whisky

La crise sanitaire a renforcé cette demande, et aujourd’hui plus que jamais, l’amateur veut que ses distilleries préférées partagent un certain nombre de valeurs : traçabilité des matières premières, transparence, développement durable, bio, production décarbonée… Certaines maisons en font – sur tout ou partie – une marque de fabrique (les Hautes-Glaces, Nc’nean, Arbikie, Waterford…), et l’industrie dans son ensemble esquisse un entrechat dans cette direction souhaitable. Mais gare aux mesures d’affichage, que les plus jeunes et les plus geeks sont prompts à débunker.

 

Retour sur investissement liquide

Avec le fabuleux boom des collectors (il n’est qu’à observer la tendance haussière des ventes sur le site français finespirits.auction) et des programmes d’investissement dans les fûts, le whisky participe désormais activement, en tant que placement alternatif, à la diversification des portefeuilles d’investissement. Non sans risques. Wannabe collectionneur ? Allez lire ceci.

 

Crypto whisky

Corollaire du point précédent, le whisky veut sa part du lucratif gâteau des NFT (les “jetons non fongibles”, en french que personne ne comprend), en plein essor. Dalmore (ici), Glenfiddich (ici) ou Buffalo Trace () ont franchi le Rubicon. Authentifiées par blockchain, les bouteilles ultra-rares sont tokenisées et stockées par une plateforme, le propriétaire se voyant disposer d’un avatar qu’il pourra exhiber sur Tik Tok dans sa cave numérique. Sans jamais mettre la main (et encore moins la langue) dessus, à moins que la vente de départ s’accompagne d’une expérience de dégustation.

Les implications sont abyssales, et le sujet vaut un papier à lui seul. Les boomers whiskyphiles grincent sur les réseaux sociaux because “gna, un single malt c’est fait pour être dégusté et ouin on ne siffle pas une ligne de code” (les gna ouin m’appartiennent). Mais sérieusement, les bouteilles concernées, qui les boit ? Affûtez vos arguments, on revient bientôt sur le sujet.

 

Qu’est-ce que le whisky français ?

Alléluia, il se pourrait qu’on obtienne un jour la réponse à cette question sous forme d’une IG (indication géographique). La Fédération du whisky de France planche avec les hautes puissances… On attendu 300 ans pour fabriquer la gnôle chère aux Ecossais (lire ici) , on peut bien lanterner encore un peu pour décider de ce qu’on met dedans, non ?

 

Qu’est-ce qu’un whisky américain ?

Alléluia (bis), il se pourrait qu’on se souvienne incessamment sous peu du goût du bourbon. Hormis les big guns du secteur, les taxes Trump avaient fait fuir tous les whiskies de niche fabriqués outre-Atlantique. La levée de ces barrières douanières nous laisse espérer le retour de ces productions originales, et plus encore. Réjouissons-nous !

 

Qu’est-ce qu’un whisky nolo ?

Le no/low alcohol (les boissons non ou faiblement alcooliques) demeure une tendance forte, même si les deux années écoulées gagnaient à se faire noyer dans des mojitos piscine. Tendance que le whisky aborde sous un angle inédit : la distillerie américaine Whistle Pig a récemment présenté une édition limitée PiggyBack Devil’s Slide, un rye produit selon les règles de l’art et vieilli 6 ans en fûts… puis désalcoolisé par redistillation. Finalement, j’ai presque envie de tenter Dry January – naaaan, je galèje. Allez, restons positifs (euh, en fait, non) et courage pour 2022 !

 

Par Christine Lambert

 

Laisser un commentaire

Inscrivez-vous à notre newsletter