Après deux mois de confinement, la France se réveille douloureusement de sa longue torpeur. Avec Whisky Mag, retrouvez le témoignage d’acteurs de l’industrie, distillateurs, cavistes, bartenders.. qui témoignent de leurs questionnement sur l’après ! Aujourd’hui, Grégory Germain, caviste à L’Apérothèque à Montargis.
Comment as-tu vécu ce confinement ?
Comme beaucoup j’imagine, dans une vague ambiance de fin du monde et d’attente, puis de lassitude. Cependant j’ai l’immense chance de l’avoir vécu en pleine campagne avec un tas de chose à faire donc au final sans trop de stress.
Comment as-tu fait pour maintenir une activité ?
Ça a été le flou artistique pendant le premier week-end, les cavistes sont-ils essentiels ? Rapidement le citoyen que je suis a dit non et j’ai fermé ma boutique. Puis j’ai observé ce qui ce faisait autour de moi et j’ai mis en place un système de permanences d’ouvertures 1 jour par semaine avec pré-commandes en ligne et livraisons en local.
Comment imagines-tu la suite ?
Difficile à dire et à prévoir, j’ai l’impression de revenir à ma première année d’ouverture où je ne savais rien du chiffre d’affaires à venir et où chaque commande était un pari… avec une contrainte en plus, une trésorerie au ras des pâquerettes…
En as-tu profité pour réfléchir à l’avenir ou à des projets ?
J’ai toujours suivi deux lignes « éditoriales », les rhums du monde d’un côté et les spiritueux français de l’autre. Mais pourquoi pas un 100% français ? Après tout, je trouve que les embouteilleurs indépendants français de rhum font du très bon travail.
A quels besoins te retrouves-tu confronté aujourd’hui ?
La tréso va être plus que jamais le nerf de la guerre mais hors de question de se rajouter du crédit, même s’il est garanti par le sacro-saint État. Nous allons avoir besoin de souplesse dans les délais de paiement mais ça, les principaux partenaires l’ont déjà compris, merci à eux.
Si tu avais une boîte à idée contre la crise dans l’industrie, tu y mettrais quoi ?
Je serais au gouvernement si j’avais ça ! Et honnêtement je préfère ma place à la leur en ce moment.
Comment vas-tu reprendre ton activité et à quel rythme ?
Je ne vais pas changer grand chose quand à la communication, le rythme pour mai c’est la prudence, ouverture 3 jours par semaine. En juin, c’est encore un peu le flou mais j’aimerais un retour à la normal, c’est un mois important pour les cavistes. Côté soirée dégustation, c’est l’annulation générale mais je pense mettre un produit en avant chaque week-end à partir de juin.
Pessimiste ou optimiste ?
Optimiste toujours ! Et j’ai une clientèle d’habitués solide qui me pousse à l’être ! Tout le monde a répondu présent durant ces quelques permanences et ça fait un bien fou. Le français est ronchon, indiscipliné mais toujours solidaire.
Côté consommateur, quelles ont été ses demandes pendant le confinement et quelles sont ses attentes aujourd’hui ?
On sent bien que l’apero a été un moment clé dans ce confinement. Étrangement il n’y a pas eu de demande « exotique », chacun est resté dans ses habitudes, comme si c’était rassurant quelque part. Quand aux attentes, c’est là le prochain défi où il ne va pas falloir se tromper car la fenêtre va être mince. Le « consommer local » était déjà bien présent avant le fameux covid, va t-il être boosté ou les consommateurs vont-ils vouloir s’évader d’une façon ou d’une autre? Il va falloir trouver l’équilibre.
L’Apérothèque
48 Place de la République, 45200 Montargis
Site web
Par François de Guillebon
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