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Pour son 85e anniversaire, la distillerie revoit et étend sa gamme. Après un 12 ans, qui vient enrichir un peu plus son catalogue, ce début d’année voit aussi une refonte des vieux avec le Rhum Vieux par Neisson ainsi qu’un XO. Et comme un anniversaire réserve souvent des surprises, un rhum élevé sous bois (ESB) au nom énigmatique de Profil 105.

Grégory Vernant en est persuadé depuis des années, l’avenir passera aussi par une meilleure maîtrise des élevages de ses rhums vieux. C’est d’ailleurs une des raisons pour laquelle il constitue depuis quelques années maintenant une base de barriques “rhums” en lieu et place des classiques fûts de bourbon et de cognac. Une démarche de recherches entamée en 1997 sur l’influence des boisés avec différents types de chauffe, de grains, de chêne et de volumes. De manière plus pragmatique, c’est aussi une réponse à la raréfaction des fûts de bourbon, et une solution qui pourrait par ailleurs permettre l’émergence de nouvelles pratiques, pour au final avoir un rhum encore plus rhum, et plus proche de ses origines. «Il ne faut pas oublier que le rhum vieux n’a même pas un siècle d’existence, et nous avons bien peu d’expérience par rapport à nos amis du cognac et de l’armagnac. Il faut également être honnête et dire que cette raréfaction nous a amenés à nous creuser un peu plus les méninges.»

Élevé sous bois

Lancé à la distillerie à l’occasion du Carnaval, le Neisson Profil 105 est un rhum Élevé Sous Bois (ESB) unique en son genre et fruit d’une longue coopération avec la Tonnellerie du Monde (World Cooperage). Après de nombreux essais avec des chênes de différentes provenances et des profils de chauffe variés, la distillerie a finalement opté pour le profil portant la référence 105. Des fûts de 225 litres à grains fins séchés durant 36 mois, dont les douelles sont en parts égales constituées de chêne français et américain. Alors que le rhum ESB est plus classiquement élevé dans des fûts de bourbon usagé et passé dans des foudres de chêne du Limousin de 2 000 et 5 000 litres, en tout cas chez Neisson, ces fûts d’un nouveau genre subissent d’abord un premier passage d’un rhum blanc pendant 4 mois afin de diminuer les tanins et l’amertume des fûts neufs, avant d’être vidés et remplis à nouveau pour une deuxième mise en vieillissement. C’est au bout de 20 mois d’élevage que le rhum est finalement dépoté vers un foudre de 2 000 litres et embouteillé au degré naturel de 54,2%.

D’abord destiné à la production de rhum vieux, que Neisson aurait décidé d’un autre sort pour ce rhum : «Nous avons pris la décision de le sortir en l’état car à 14 mois, il était déjà bien plus proche d’un vieux que d’un élevé sous bois, et nous avons très clairement voulu nous différencier et créer un élevé sous bois “différent” qui a des caractéristiques très intéressantes», nous confie Grégory Vernant, directeur de la distillerie. Et comme derrière chaque sortie chez Neisson, il y a une idée lourde de sens et symbolique, il souhaite à moyen terme avoir ce profil 105 en majorité pour «Enfin parler de fût de rhum et non plus de bourbon ou de cognac. Nous continuons depuis à fabriquer nos propres barriques, avec nos chauffes, et d’ici dix ans, nous serons en 100 % barriques Neisson». Une manière de libérer le rhum de ses carcans pour plus d’indépendance ?

Et alors que le profil 105 continue tranquillement son vieillissement pour d’éventuelles autres surprises à venir, il se murmure déjà que les anges îliens préféreraient les fûts de rhum. Et dire que l’on pensait les vraies innovations terminées…

Par Cyril Weglarz

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