En prévision de la reprise d’activité très attendue de la célèbre distillerie Port Ellen, Diageo, son propriétaire, persiste à nous allécher avec des éditions toujours plus limitées ‒ et toujours plus onéreuses ‒ des derniers fûts issus de stocks de plus en plus clairsemés.
À l’occasion du Fèis Ìle, le festival de whisky d’Islay qui a eu lieu cette année uniquement sous une forme virtuelle, Georgie Crawford, la future maître distillatrice de Port Ellen, a dévoilé en ligne une nouvelle expression : la seconde édition de la gamme Port Ellen Untold Stories Series qui, « très recherchée par les collectionneurs », explore le passé de la distillerieavant sa réouverture programmée.
Neuf fûts rogue [« isolés »] ont été mis à contribution pour produire les 1 380 flacons de ce single malt exceptionnel âgé de 40 ans. C’est l’une des éditions les plus âgées et les plus rares jamais commercialisées directement par la distillerie.Présentée comme exprimant une « dimension entièrement inédite des arômes et saveurs de Port Ellen », c’est aussi l’une des toutes dernières occasions d’acquérir un bout d’histoire de Port Ellen.
La distillerie précise qu’en 1979 on avait repéré dans les stocks un petit lot de fûts qui présentaient un profil gustatif et olfactif singulier, très éloigné du caractère typique de la distilleriePort Ellen.À l’époque inadaptés aux besoins des assembleurs, ces fûts avaient été mis de côté en vue d’un vieillissement prolongé et d’un assemblage ultérieur.
Les approvisionnement étant désormais précieux et avec la réputation internationale des plus flatteuses qui accompagne Port Ellen, le stock d’origine a été réévalué par Craig Wilson, l’actuel maître assembleur. Celui-ci en a sélectionné neuf fûts, tous typiques de Port Ellen, mais chacun marqué par un caractère qui lui était propre.
Ce lot composé de quatre hogsheadsen chêne d’Amérique et cinq buttsen chêne d’Europe est à l’origine d’un Port Ellen différent de tout ce qu’a pu produire auparavant la distillerie : plus léger, aux inhabituelles notes de fruits tropicaux complétées par un soupçon d’épices aromatiques et de cannelle.La note douce de fumée de tourbe et les riches arômes suaves, emblématiques de Port Ellen, sont bien présents, mais tempérés par une personnalité plus raffinée et une élégance se déployant en strates distinctes.
Voici donc l’occasion de découvrir un nouveau chapitre de l’histoire méconnue (ainsi qu’on pourrait traduire Untold Story) de Port Ellen.Mais cela a un coût : les 1 380 bouteilles sont commercialisées en Grande-Bretagne au prix de détail de 6 500 livres sterling, mais elles titrent 50,9 % vol., ce qui est remarquable pour cet âge. Seront-elles dégustées, ou bien languiront-elles dans les caves de collectionneurs avant de ressurgir de nombreuses années plus tard en salle des ventes ? Il ne fait pas l’ombre d’un doute que la demande internationale sera telle que chaque flacon devrait pouvoir se vendre plusieurs fois.Pour ce qui est de leur destin, seul l’avenir nous le dira.