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Pour clore une année qui nous aura au moins fourni les boules, voici quelques présents maltés qui décoreront joliment les branches basses – je compte sur vous pour le sapin et les guirlandes.

 

TRÈFLE A 4 FEUILLES. Teeling Blackpitts

Le premier single malt tourbé des frangins Teeling tient son nom de l’ancien quartier des tanneurs, à Dublin. Mais c’est avec une douceur très pâtissière qu’il envoie la fumée. Vieilli en fûts de bourbon et de sauternes, passé par la triple distillation traditionnelle en Irlande, il asticote les narines d’une volute de tourbe fruitée, vanillée, des notes de pomme poêlée, de poire mûre, de bacon rissolé. En bouche, on retrouve le même registre, enrobé de crème brûlée cendrée, chatouillé d’une salinité malicieuse. Un whisky très fin, avec une approche gourmande et joyeuse de la tourbe.

Profil : Irish Brad Pitt (Peat ?) tourbé pâtissier
Budget Père Noël : 63€
Watts : 43% sous le capot
Pour qui ? Les amateurs de tourbe qui ne décoiffe pas la frange.

 

BOURBON RODÉO. Buffalo Trace 90 Proof

Inutile de me forcer à boire du pink gin, je suis prête à l’avouer sans torture : Buffalo Trace est l’une des distilleries qui m’intéressent le plus. L’une de celles qui grippe le paresseux raisonnement opposant la force d’innovation des micro-distilleries à la constance rassurante de la production des géants. L’une des rares à tenir d’une main ferme les deux bouts de la corde : la capacité à produire des whiskeys abordables et les collectors ultra premium sans transiger sur la qualité. Son emblématique straight bourbon arrive dans une version légèrement dopée, et cela lui fait grand bien. Il attaque sur une trame végétale et florale qui s’efface bientôt pour propulser les épices, la pomme cuite, les fruits séchés, le chêne ciré et le toffee fondant. En Old Fashioned : miaou !

Profil : Bourbon fruité épicé
Budget Père Noël : 36 € (cadeau)
Watts : 45% en version boostée
Pour qui ? Les mixologues apprentis sorciers

 

EN LONGEANT LA SPEY. Macallan Edition N°6

Un nez riche et plutôt vif, où la céréale d’approche laisse vite place au fruit généreux (pommes compotées, prunes, raisins et figues séchées), aux noix, aux épices (cannelle, muscade) percutés de zeste confits d’orange et d’une pointe de toffee. Très fluide en bouche, presque léger, il porte un fruit gras, avec les marqueurs de l’élevage en fûts de xérès, fruits secs en tête, arrondis de chocolat blanc, relevés de clous de girofle, muscade, chocolat noir. Dans son étui turquoise hommage à la rivière Spey, cette édition limité N°6 poursuit l’exploration de la maturation en fûts de xérès, ADN de Macallan. Un vrai sherry-sherry qui avance en finesse.

Profil : Scotch single malt fruité épicé
Budget Père Noël : 160 € environ (en économisant sur les cadeaux aux enfants…)
Watts : 48,6% dans les rapides
Pour qui ? Les artificiers amateurs de sherry bombs raffinées

TERROIR ET BIO : QUI DIT MIEUX ? Waterford Organic Gaia 1.1

A moins de sortir de trente ans de confinement sans même un séjour au ski en Suisse, vous avez entendu parler des single farms de Waterford, cette distillerie irlandaise qui cherche à distiller le terroir parcelle d’orge par parcelle d’orge. Pour cet embouteillage, inclus dans la Arcadian Series qui réunit les partis pris iconoclastes, Waterford a assemblé les minuscules récoltes de six fermiers travaillant en bio pour les fermenter et les distiller ensemble. Gaia 1.1 tisse une toile très végétale, où les fleurs sauvages enlacent l’orge tendre sur une pointe de cacao et de réglisse. Une cuvée qui se révèle avec subtilité et finesse, un travail magnifique, dont beaucoup malheureusement ne retiennent que le buzz orchestré à la grosse caisse. Laissez parler le jus, il le mérite.

Profil : Irish single malt champêtre
Budget Père Noël : 86 € environ
Watts : 50% tout ronds
Pour qui ? Les wokes

UN COFFRET BIEN EMBALLÉ. Glenrothes 12 ans +verre

J’étais passée à côté de la refonte de la gamme Glenrothes, et ce 12 ans très réussi me le fait regretter. Rappelez-vous il y a deux ans, la distillerie abandonnait sa politique de millésimes difficilement lisible pour revenir aux comptes d’âge. Je profite de l’édition coffret pour vous recommander ce single malt bien fichu dans un style classique speysider, intégralement vieilli en anciens fûts de xérès. Son nez de poire, de banane à peine mûre caressés de malt et de chêne trouve un bel écho en bouche, où l’on retrouve sur une texture onctueuse la poire vanillée, le malt torréfié, les raisins secs, avant une finale chocolatée et épicée. Après aération, les raisins secs et le miel s’invitent au festin. Je lui aurais bien vu quelques degrés de plus, mais on ne me demande jamais rien.

Profil : Scotch single malt fruité au carré livré avec le verre
Budget Père Noël : 60 € environ
Watts : 40% tout ronds
Pour qui ? Les classiques tweed

FRENCH TOUCH. Roborel de Climens Brut d’amphore finition cabernet franc

Aymeric Roborel de Climens élève et affine en tonneaux de vins des single malts distillés par Hepp en Alsace. Cette nouvelle référence présente une particularité : après un vieillissement en fûts de chêne français neuf (à 20%) et roux, il a passé dix mois dans de petites amphores de 150 litres du Domaine de Bellevue (Val de Loire) en guise de finition, avec une forte micro-oxygénation (et une importante évaporation corollaire – open bar pour les anges). Résultat ? Une concentration aromatique étonnante, une texture très veloutée. Le nez joue l’équilibre sur l’orge tendre, les fruits du verger, le raisin frais, les notes florales (chèvrefeuille) enrichis de touches chocolatées. En bouche, c’est un fruit onctueux qui jaillit sur le chocolat épicé avant une finale sèche, poivrée, cacaotée. Un exercice de gourmandise, où le vin apporte ce qu’il faut sans écraser le whisky.

Profil : Single malt français fruité épicé courant dans les vignes
Budget Père Noël : 75 € les 50 cl (eh oui…)
Watts : 50% (autant que de centilitres)
Pour qui ? Les défricheurs de tendances

MADE IN ASIA. Kavalan Distillery SelectN°2

Evidemment, cela va vous changer des single casks dont la distillerie taïwanaise s’est fait une spécialité, mais quand on apprécie les malts exotiques, qu’il est bon parfois de laisser refroidir la CB. Cette 2eédition du Kavalan Distillery Select a revu sa copie à la hausse, et louche dans son positionnement du côté des blends japonais emblématiques (sauf que ce n’est pas un blend, vous me suivez ?), un genre d’Hibiki like en single malt. Pêches, pommes, poires chatouillées de fruits tropicaux finement recadrés de chêne toasté se bousculent en bouche, très expressifs sous un nez plus discret, avec suffisamment de poids en bouche pour ne pas avoir l’impression de se servir un mizuwari sans ajouter l’eau.

Profil : Single malt taïwanais fruité abordable
Budget Père Noël : 50 € environ
Watts : 40% courant alternatif
Pour qui ? Les cocus du Japon

SHERRY D’AMOUR. Benromach 9 ans 2011

Benromach, l’une de mes distilleries fétiches, de celles dont la qualité ne déçoit jamais et dont les prix ne vous assomment pas. Par miracle, il reste encore quelques exemplaires de ce single cask, un hogshead de xérès de premier remplissage, millésimé 2011 (9 ans), alors jetez-vous dessus avant que – bref. Salin, exotique, enveloppé de traces de fumée et de baume au camphre, il laisse percer un fruité guilleret, pressé par les agrumes. Une merveilleuse palette à contempler des heures durant pour repeindre l’année en couleurs heureuses.

Profil : sherry bomb écossaise légèrement tourbée
Budget Père Noël : 89 €
Watts : 60,8% sans faire sauter les plombs
Pour qui ? La tribu kilt et plaid

IL ÉTAIT UNE FOIS L’AMÉRIQUE. Uncle Nearest 1856

Uncle Nearest est beaucoup plus qu’un énième whiskey américain : c’est une tranche d’histoire liquide, une histoire qui continue à s’écrire d’une plume trempée dans l’alcool de grain. Créée par une femme africaine-américaine, Fawn Weaver, la marque rend un hommage mérité à l’un des héros oublié du Tennessee whisky : Nathan Green, dit « Nearest », un esclave qui, au XIXe siècle, enseigna les ficelles de la distillation à un gamin appelé à faire par la suite une petite carrière sous le nom de Jack Daniel. Yep. Assemblant des jus âgés de 8 ans minimum sourcés auprès de 2 distilleries du Tennessee, Uncle Nearest vous incitera à prendre tout votre temps. Laissez-le s’aérer longtemps dans le verre pour apaiser la puissante tension végétale, et laisser calmement monter les notes de foin, de cabane abandonnée, de santal, adoucies de sirop d’érable boisé. Un whiskey très sec, astringent en bouche. La future distillerie d’Uncle Nearest se construit à Shelbyville, Tennessee, avec à la direction de la production une ancienne de Jack Daniel’s et comme master blender une autre femme, africaine-américaine également, Victoria Eady Butler, arrière-arrière petite-fille de monsieur Nearest Gren himself.

Profil : Tennessee whiskey militant
Budget Père Noël : 74 €
Watts : 50%
Pour qui ? Les vrais MAGA

LE MALT FAIT DES BULLES. “Whisky”, une BD de Carrié, Delalande et Douay

« Du Coca ? Des glaçons ? Dans un Macallan Valerio Adami 1926 ? Comment oses-tu ? Adieu connard ! » Ainsi commence un tour du monde en 80 jours autour de la planète Whisky. Le jeune trader largué s’acoquine avec un vieux dégustateur matois, aveugle qui plus est, pour mettre la main sur 5 flacons rarissimes ventilés aux quatre coins du globe (oui, si les bouteilles ont parfois des angles, le globe aussi quand on roule au nectar de malt). L’attelage du béotien et de l’expert déroule une double narration : un cours didactique sur la fabrication du whisky, et une aventure romanesque où l’on croise des têtes connues et quelques lieux emblématiques. Il était temps de mettre des bulles dans le whisky ; c’est désormais chose faite.

Profil : Bande dessinée
Budget Père Noël : 20 €
Watts : 132 pages aux éditions Arènes BD
Pour qui ? Les geeks

 

Par Christine Lambert

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