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Qu’arrive-t-il à un rhum de mélasse traditionnel, rond et gourmand, placé plusieurs mois dans un fût ayant contenu du scotch ? L’expérience n’est pas unique, ni même originale mais lorsque la plus importante des distilleries du Venezuela s’y colle, cela prend une autre tournure. A l’occasion de la sortie du Santa Teresa 1796 Speyside Whisky Cask Finish, Whiskymag.fr s’est arrêté sur le destin de cette distillerie familiale, impliquée dans un vaste plan de réinsertion sociale au coeur d’un pays sans cesse en proie à la guerre des gangs. Une vision du rhum à la fois convivial et social capable dans certains cas de sauver des vies.

Alberto a tout vu ! En tout cas, quand on croise ce quinquagénaire, quatrième génération de la dynastie Vollmer Herrera, fondatrice de la distillerie Santa Teresa, on a le sentiment que plus grand chose ne l’impressionne. Sa carrure de rugbyman a fait le déplacement, il est à Paris pour présenter la nouvelle série limitée Santa Teresa 1796 Whisky Cask Finish.

Cette version de Santa Teresa est vieillie pendant 13 mois dans des fûts sélectionnés, ayant auparavant contenu des whiskies du Speyside. 

Rappelons que la référence classique 1796 est composée de rhums âgés de 4 et 35 ans vieillis dans des fûts de chêne blanc américain, d’un passage en Soléra (vieillissement à travers quatre rangées de fûts de Hogshead en cascade) suivi d’un passage en cuve Soléra en fûts de 19 000 litres de chêne français du Limousin. L’ultime étape de cette nouvelle version comprend donc une période de treize mois supplémentaires de maturation en fûts du Speyside.

“…les rhums Santa Teresa sont « Single Estate », ce qui signifie que tout le processus de fabrication a lieu sur place”

Nancy Duarte, première femme Maître de Rhum de la hacienda Santa Teresa, a créé cette première édition limitée : elle rappelle que “la combinaison recherchée était de lier la douceur aux notes fumées.”

En dégustation, le nez évoque le sucre brun et les fruits confits, l’épice douce et boisée et une légère fumée. Une pointe maltée tournicote tout autour du verre. En bouche, le caramel et le miel de canne à sucre, l’abricot, les fruits secs et le chocolat noir s’enrobent gentiment autour du palais. Un délice gourmand et pâtissier, une douce chaleur réconfortante en hiver.

Pour Alberto, “la hacienda (la compagnie) Santa Teresa a résisté aux guerres, aux révolutions, aux invasions et même aux dictateurs. Depuis sa création, on y a toujours produit du rhum dont la production commerciale a débuté en 1885. Aujourd’hui, les rhums Santa Teresa sont Single Estate, ce qui signifie que tout le processus de fabrication a lieu sur place”.

Dans un pays qui a souffert de l’instabilité politique et économique, la famille Vollmer a toujours eu à cœur de se préoccuper de la population locale, avec des initiatives sociales telles que le projet Alcatraz.

Sous ce nom de code se cache un programme d’insertion d’envergure, initié il y a 20 ans. L’objectif est de recruter et réhabiliter des membres de gangs vénézuéliens, leur permettant de se réinsérer. 

Tout commence en 2003 :  Alberto décide d’offrir une seconde chance aux membres du gang qui s’est introduit dans la hacienda pour attaquer un agent de sécurité. Retrouvés et attrapés, les criminels ont eu le choix entre travailler pour l’entreprise ou être livrés à la police. Ils optent pour la première option, donnant ainsi naissance au projet Alcatraz.

Le sport et notamment les valeurs du rugby pratiqué par les anciens gangsters deviennent des mantras. Respect, discipline, travail d’équipe, esprit sportif et humilité sont enseignés comme les clés de la réussite. 

“ Les membres des gangs sont habitués à prendre des risques. Alors, quand on leur donne une chance, ils deviennent une force extraordinaire. » Roberto Vollmer

L’Alcatraz Rugby Club qui a développé un programme scolaire suivi par 2 000 enfants dans 11 écoles, leur permet de bénéficier d’une formation aux valeurs sportives et de prévenir la violence et la délinquance.

Finalement, le projet Alcatraz a recruté 11 gangs parmi les plus dangereux du pays. Le taux d’homicides a baissé de 96.5% depuis 2003 (passant de 174 pour 100 000 habitants en 2003 à 6 en 2023).

Dans la municipalité de Revenga, où se situe la hacienda Santa Teresa, les conflits se règlent maintenant sans violence et… autour du rhum.

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