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Chaque année à l’approche des fêtes, je vous trie sur le volet les plus belles nouveautés du millésime qui s’achève. Pas en 2022. Submergés par les nouveaux liquides, où une édition limitée chasse l’autre, où un finish enterre le précédent, on redécouvre que les classiques passent du baume sur cette frénésie. Et en période chahutée aux horizons incertains, on se réfugie par réflexe sur les valeurs sûres, les quilles rassurantes, celles qui ne déçoivent jamais. Celle qui seront toujours là pour vous. Elles méritent un hommage.

Les classiques indémodables

Si vous n’y voyez aucun inconvénient, permettez-moi d’attaquer sans sommation avec les totems du scotch : Lagavulin16 (qui, quoi qu’on en dise, va disparaître : alerte futur collector), Springbank 10-12, Ardbeg Ten ou Uigeadail, Caol Ila (chez les embouteilleurs indépendants, pour changer), Bowmore 15 (revenu à son meilleur niveau) ou 18, Talisker 10, Oban 14, Craigellachie 13 ou 17 (plus vieux si vous égorgez votre petit cochon-tirelire), Mortlach (le nouveau 20 ans, très seventies)…

En Irlande, Redbreast et Green Spot se placent en classiques parmi les classiques. Pour du old school, mais en raison de sa matière première cette fois, craquez pour le Hunter de Waterford, élaboré avec une orge des années 60.

Risquons-nous à présent sur les eaux-de-vie de fruits. Vous avez pensé à la poire ? La petite poire d’antan qui revient à la mode. Tapez chez Metté, Brana, Roulot, les Monts de la Côte d’or. Et la mirabelle ? L’ADN de Rozelieures. La vieille prune de Castan ? Dément.

Les chouettes rapports qualité/prix

Certaines quilles vous donnent le maximum (de plaisir) pour le minimum (de votre argent). Profitez-en, on ne sait pas combien de temps cela va encore durer. En matière de whisky, relire ici pour les bouteilles à moins de 35 €.

Côté rhum : tout Saint James, surtout le XO et les comptes d’âge (je radote ?), Appleton ou le Xaymaca de Plantation pour la Jamaïque, Doorly’s et The Real McCoy à la Barbade, Chairman’s Reserve à Sainte-Lucie, JM en Martinique… Et pour un super Navy Rum, misez sur Black Tot – oui, déjà un classique à mes yeux.

Les classiques with a twist

Changer sans vraiment changer ? Allez. Un Hibiki, OK, mais l’édition limitée Harmony Blossom, avec un élevage partiel en fûts de sakura (cerisier). Le Nikka From de Barrel, certes, mais en coffret – et là, les déclinaisons ne manquent pas : emballage silhouette, avec verres, avec seau à glace… Jack Daniel’s ? Partez sur le nouveau Bonded, tendu, nerveux, lâché à pleine patate (50%) et plus complexe qu’à l’accoutumée.

Un amaretto ? Mais pourquoi pas deux, puisqu’Adriatico se déploie en dans un simple et beau coffret carton avec ses versions blanche et torréfiée. Un gin ? Choisissez-le irlandais, et à base de petit lait à la distillerie Clonakilty, qui concocte un étonnant Minke. Optez pour les cognacs d’une petite maison (lire ici). Piochez l’armagnac chez Delord (le coffret éducatif cépages), chez Saint-Aubin, chez Dartigalongue (la 2e édition du Double Oaked est bluffante, très supérieure à la première). Un calvados ? Au lieu de foncer sur les millésimes, optez pour le très jeune, explosif, le Très Pomme de Drouin, miraculeux de fraîcheur et d’expressivité. Une vodka ? Euh, pour quoi faire ?

Les collectors en puissance

Certains classiques ont tôt fait de basculer parmi les collectors. En raison de votre attention. Votre attention jusqu’à la déraison. Et des quantités limitées de l’objet du désir. La mythique distillerie de rhum jamaïcaine Hampden (hâte de vous raconter l’expédition là-bas !) édite un vintage 2018 LROK de The Younger : 3 litres d’extase, le poids d’un bébé moins les couches à changer. Rhum toujours ? En attendant les nouveaux batches sublimes des 15, 18, 21 ans, craquez que les Profils Neisson

Côté bourbon et rye, Michter’s et Blanton’s sans hésiter. Je vous aurais bien dit Booker’s, mais vous avez plus de chances d’attraper une sauterelle sous speed au lasso. Comme une envie de whisky français ? Je rappelle l’Eddu Graal 21 ans à votre bon souvenir – le plus vieux compte d’âge produit en nos frontières (lire ici).

Du scotch ? Bien sûr. Ben Nevis 10, cultissime (la faute à Serge). Ecumez les fonds de stocks à la recherche des Tormore 14 et 16 ans : la distillerie, récemment rachetée à Pernod Ricard par Sukhinder Singh, arrête de les fabriquer. Si vos économies n’ont pas fondu dans les crypto, puis-je vous suggérer la batterie de Strathisla bruts de fûts embouteillés chez Artist ?

Cette sage distillerie est en réalité un monstre, et vous ne le saviez pas. Enfin, Rosebank, qui a fermé en 1993 mais ressuscitera en 2023, vient de sortir un 31 ans somptueux pris sur les vieux stocks du « king des Lowlands ». Un peu plus de 2.400 € la bouteille : le prix du culte.

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