Dans le portefeuille de Whyte & Mackay depuis des décennies, Fettercairn se faisait aussi rare que les licornes qui ornent ses flacons. Longtemps second couteau du groupe, la voici propulsée sur le devant de la scène avec une nouvelle gamme. Whisky Magazine & Fine Spirits a rencontré Stewart Walker pour en savoir un peu plus. On a trouvé le responsable de la distillerie, on cherche toujours les licornes !
Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
Je suis responsable de la distillerie de Fettercairn dont je suis originaire. J’y ai commencé en janvier 1990 comme manutentionnaire. Au départ, je préparais les fûts, les remplissais et m’en occupais au quotidien. Je peux vous dire que c’est formateur ! J’ai alors beaucoup appris sur l’importance du bois et son impact sur les arômes. Je suis passé ensuite dans l’équipe processus pendant 12 ans. J’ai fait du brassage, de la distillation… J’ai tout appris sur le malt et comment trouver le bon grain pour l’exploiter au maximum. Travailler sur les alambics m’a appris aussi la patience. Et il en faut croyez-moi. Je suis maintenant responsable de la distillerie. C’est un poste que j’occupe depuis 2015. C’est un job de rêve !
Qu’est-ce qui vous distingue des autres distilleries ?
Le processus de distillation de Fettercairn est unique. Grâce à l’anneau de refroidissement placé sur le haut des alambics, un flux d’eau froide s’écoule le long des parois. Résultat, seules les vapeurs les plus pures et les plus subtiles sont extraites du col. Il a été installé sur notre premier alambic au début des années cinquante.
La gamme vient d’être complètement renouvelée en 2018, qu’est-ce qui vous a motivé ?
On a une très forte demande venant de consommateurs à l’affût de whiskies de qualité, avec une histoire. Aujourd’hui, c’est le bon moment pour valoriser Fettercairn et en faire profiter les fans de whisky du monde entier. Autre point, les collectionneurs sont aussi de plus en plus nombreux un peu partout dans le monde. Avec nos comptes d’âges élevés (28, 40 et 50 ans), les regards vont se porter un peu plus sur la marque. On a travaillé sans relâche pour conserver le meilleur de notre style. Les retours sont excellents !
Parlez-nous un peu cette nouvelle gamme.
Il y a quelque temps avec mes équipes, nous nous sommes rendu compte que nos chais cachaient des fûts extraordinaires. Principalement en chêne blanc américain ex-bourbon. On a d’abord travaillé sur une première référence facile d’accès, le 12 ans mêlant fruit et crème brûlée, c’est un délice.
Le 28 ans est puissant, davantage sur le fruité au nez, frais en bouche, la finale est plus exotique. Pour le 40 ans d’âge, il est intégralement vieilli en fût de chêne blanc américain et fini en fûts de xérès Matusalem et Apostoles. Les notes de chocolat se marient aux épices sur le nez avec une finale ultra-gourmande. Et enfin, un vénérable 50 ans d’âge. Vieilli en fût de chêne américain avant d’être fini en fûts Tawny Port pendant les six dernières années, le résultat est absolument incroyable !
Avec votre expérience, quel regard portez-vous sur le monde du whisky aujourd’hui ?
L’intérêt pour le single malt continue à croître chez les consommateurs en quête d’histoires riches. Il y a également une tendance grandissante à investir dans les malts générant une énergie folle et très créative de la part des marques. Mais c’est grâce à la clairvoyance de maîtres distillateurs comme Richard Paterson, qui a mis le spiritueux dans de somptueux fûts il y a des années, que nous sommes capables aujourd’hui, de mettre des whiskies si incroyables sur le marché. Je suis sans cesse en admiration devant toutes les variétés de saveurs et de styles qu’on peut créer à travers les procédés de production et de maturation. Pour moi, le scotch est le roi des spiritueux et cela laisse présager un très bel avenir pour l’industrie.
Par Yves Poupon