Skip to main content

Il y a encore peu, Lisbonne se visitait pour ses églises, le castelo São Jorge et le mosteiro dos Jerónimos. Aujourd’hui, c’est grâce à sa créativité et sa joie de vivre que la capitale portugaise attire les visiteurs, toujours plus nombreux.

 

Par Cécile Fortis

 

Difficile de ne pas succomber au charme de Lisbonne. À ses rues en pentes, ses façades défraîchies, ses belles mosaïques, ses collines perchées, ses tramways fatigués… Et puis il y a le Tage qui donne le sentiment que la ville vit les pieds dans l’eau avec une vue mer propice à la rêverie. En même temps, l’Atlantique est tout près… À Lisbonne, il est aussi question d’atmosphère, d’un rythme de vie qui invite à prendre son temps. Mais n’allez pas vous imaginer que la belle est endormie : les travaux en cours à tous les coins de rue, les adresses branchées et les créateurs pointus vous prouveront très vite le contraire. Si elle est restée fidèle à son passé, Lisbonne n’oublie pas de se réinventer et, comme toutes les grandes villes, elle n’échappe pas aux tendances du moment comme celle du renouveau du cocktail. Au printemps, elle a d’ailleurs accueilli sa première Cocktail Week. L’occasion de faire connaissance avec ses bars à cocktails les plus intéressants. Mais pas seulement car, ici, les drinks s’affichent également sans complexe sur les cartes de nombreux restaurants avec une prédilection pour les Gin Tonics.

 

Lisbonne by night

Un week-end, ça passe vite. Alors autant rentrer directement dans le vif du sujet. Pour se familiariser avec l’état d’esprit de Lisbonne, rien de tel qu’une petite virée au Cinco Lounge ouvert par le Londonien Dave Palethorpe. Il ne s’agit pas uniquement de l’un des bars à cocktails les plus anciens de la ville : c’est toujours l’un des plus sympas. Un incontournable. On vous l’accorde, le nom est un peu has been mais c’est bien le seul reproche qu’on ait trouvé. Car, ici, en plus d’une longue carte bien balancée, il y a de l’espace, un grand bar, des canapés confortables, l’accueil est très souriant et les horaires assez souples… C’est-à-dire qu’il n’y a pas vraiment d’heure de fermeture. C’est selon la soirée… Et puis, les amateurs de blondes – ceux de brunes se font plus rares de nos jours – pourront s’en griller une, voire deux. Parmi nos coups de cœur : le Tanzilla (Campari vieilli, gin Tanqueray, Punt e Mes) servi dans sa petite fiole et le Smokey and The Marigolds (rhum Zacapa, porto, brandy) fumé avec du thym et des écorces de noix.

L’autre bar à cocktails qu’il faut prévoir dans son programme, c’est le Red Frog. Nouveau venu sur la scène cocktail lisboète, cette petite grenouille rouge a adopté tous les codes du speakeasy. Enseigne très discrète, sonnette à l’entrée où il est indiqué “Press for cocktails”, lumière tamisée, atmosphère vintage. On commençait un peu à s’en lasser mais on ne va pas faire la fine bouche car les cocktails comme le The White Rabbit Clock (gin Tanqueray Ten, tequila Don Julio blanco, Chartreuse Verte infusée au piment, carotte, The Bitter Truth lemon and celery bitters) ou le Red Potion (Plantation 3* infusé à l’ananas, Plantation Grand Reserve 5 rum, Plantation Original Dark, Zombie Potion #13, baies rouges) tiennent vraiment la route. En revanche, on vous conseille plutôt d’y aller en deuxième partie de soirée. À l’heure de l’apéro, le soir de notre visite, c’était un peu triste.

 

Gin Tonic fever

Le quartier Principe Real, c’est un peu le repère des créateurs lisboètes. Le concept store Embaixada en est un bel exemple (lire encadré). Mais dans cet ancien palais, il n’est pas question que de shopping. On peut également se restaurer mais surtout s’offrir un Gin Tonic digne de ce nom au Gin Lovers. Avec une cinquantaine de créations servies dans les verres piscine de rigueur avec gins premium et tonics de qualité, la carte est on ne peut plus sérieuse. Au programme également : Negroni, Dry Martini, Gin Mule ou encore Basil Smash. Bref, si vous êtes amateur de gin, c’est un passage obligatoire. Dans le même coin, il y a une autre adresse qui devrait vous plaire : la Cevicheria. Ce restaurant dans le vent avec poulpe géant au plafond, qui donne la part belle au poisson, est souvent pris d’assaut. En clair, pour avoir une table, il faut patienter un peu, voire beaucoup. Cela dit, l’assiette vaut le coup et puis, un Gin Tonic entre les mains, le temps passe toujours plus vite. D’autant qu’ils sont servis ici dans de grands verres à vin Riedel, qu’on peut choisir son gin et que le tonic Nordic fait bien son job. En sortant, n’hésitez pas à aller faire un tour au Pavilhão Chinese voisin. Peut-être pas pour les cocktails, quoique… mais surtout pour le lieu totalement dingue.

Autre quartier, autre ambiance : Tabik avenida da Liberdade fait également partie des adresses qui méritent une petite visite. C’est grand, très grand même : ce restaurant-bar à cocktails au look contemporain a trouvé ses marques au rez-de-chaussée de l’hôtel Bessa. Mais entre la cuisine du chef Manel Lino, les cocktails des deux bartenders, André Reis et Nuno Figueiredo, et le service tout aussi efficace qu’agréable nous avons été convaincus.

 

Les pépites de Campo de Ourique

À Lisbonne, dans les “attractions” touristiques incontournables, il y a le fameux tramway 28. On ne va pas vous raconter d’histoire : c’est très touristique. On y croise bien des locaux, quelque peu agacés par l’affluence et le manque de place d’ailleurs, mais ce tram est en grande partie squatté par les visiteurs de passage. Et si vous avez l’intention de vous offrir le grand tour de la ville en grimpant Praça do Martim Moniz, il faut vous attendre à faire la queue… Vu sous cet angle, ça ne fait pas forcément rêver. Mais ça vaut quand même le coup de patienter un peu. D’abord parce que vu la topographie de la ville, vous allez rapidement avoir les mollets en feu et vous serez bien content de poser votre postérieur sur les vieilles banquettes. Ensuite parce que la virée offre tout de même un bel aperçu de Lisbonne avec quelques vues imprenables. Il y a aussi une ou deux descentes très très pentues et un ou deux virages très très serrés histoire de pimenter la balade…

Et puis, si vous descendez à l’arrêt rua Saraiva de Carvalho, non loin du terminus, dans le quartier Campo de Ourique, il y a deux adresses qui vous feront vite oublier les touristes. À commencer par Black Pepper & Basil, un espace dédié à la mixologie. Si la boutique est accessible à tous, particuliers comme professionnels, il s’agit avant tout d’un lieu qui accueille des formations. Mais n’hésitez pas à pousser la porte : vous serez bien accueilli et qu’il s’agisse de matériel ou de produits, c’est une véritable caverne d’Ali Baba. L’autre pépite du coin, la Peixaria da Esquina, est à cinq minutes de là. Pas de cocktails mais une très belle carte de vins. Et si vous aimez le poisson et les fruits de mer, le restaurant de Vitor Sobral va vous rendre totalement dingue. Ici, le poisson se déguste cru façon ceviche, fumé, grillé ou encore cuit au four et quelque soit l’option choisie, vous serez certainement bluffé. Le thon cru escorté de mangue et légèrement pimenté, les coques et leur jus addictif, les calamars frits et leur aïoli ou encore le poulpe façon carpaccio sont tous absolument terribles. Mais notre plus grand coup de cœur, c’est l’açorda de bacalhau, un plat typiquement portugais que l’on pourrait comparer à une polenta très crémeuse élaborée avec du pain dans lequel on retrouve de beaux morceaux de morue. À goûter absolument avant de quitter Lisbonne.

 

 

 

Par Cécile Fortis

Laisser un commentaire

Inscrivez-vous à notre newsletter