Le 14 février 2004 naissait la première revue en français consacrée au whisky, votre lecture favorite et accessoirement l’espace qui me laisse aujourd’hui distraire votre attention : j’ai nommé Whisky Magazine. 20 ans, ça se fête, non ? Soufflons ensemble les bougies, une par une s’il vous plaît.
Première fois de ma vie que j’ai bien envie de nous souhaiter une Saint-Valentin qui déchire – rien à voir avec Serge, ce que vous pouvez avoir l’esprit d’escalier. De grâce, gardez les fleurs et les cartes mièvres, mais faites péter sans modération les feux d’artifice maltés ! Car Whisky Mag a 20 ans aujourd’hui. Et Nizan se collait le goulot dans l’œil jusqu’au fond de la bouteille : je ne laisserai personne dire que ce n’est pas le plus bel âge de la vie. Surtout en vie de papier.
Le 14 février 2004 naît la première revue en français consacrée au whisky, à l’initiative de Thierry Bénitah. Le patron de La Maison du Whisky tourne autour de l’idée depuis un moment, mais c’est finalement à la faveur d’un échange avec Damian Riley-Smith et Marcin Miller, respectivement fondateur et rédacteur en chef de Whisky Magazine UK (la version originelle), qu’il reprend la licence en même temps que celle du Whisky Live – lequel fête donc également ses 20 ans cette année, vous avez bien compté. Mais gardons cela pour plus tard, je vous promets de l’énorme.
Il s’agit de la 3e déclinaison de Whisky Magazine, la version japonaise ayant rapidement succédé à son inspiratrice du Royaume uni, dont le premier numéro paraît en janvier 1999. Que faisiez-vous il y a vingt ans ?
En 2004, Kilchoman n’existe pas. Chichibu non plus. Ardbeg et Glenmorangie tombent dans le giron de Moët-Hennessy. L’Irlande compte 4 distilleries actives en arrondissant. Un petit blog à moustache s’amuse depuis à peine plus d’un an à distiller les notes de dégustation sur fond jaune, et personne n’imagine alors que Whiskyfun.com deviendra la cotation du malt (lire 20 questions idiotes pour fêter les 20 ans de whiskyfun).
En 2004, toutes les bouteilles de scotch affichent encore des comptes d’âge, nul n’a entendu parler de NAS. On peut encore s’offrir du 18 ans sans finir en Commission de surendettement, et personne ne songerait à poser le mot « luxe » sur un single malt. Cette bonne blague.
En 2004, on sent approcher la vague des « whiskies du monde » qui ne demande qu’à déferler, mais pour l’heure Penderyn sort tout juste son premier whisky, Mackmyra attendra deux ans de plus, des bruits nous arrivent d’Australie, les défricheurs français bégaient dans l’antichambre. Et le Japon commence à s’imposer sur la scène occidentale. On sent venir le point d’ébullition, le whisky s’apprête à changer de dimension.
Et Whisky Magazine France – Whisky Mag pour les intimes – va faire plus qu’accompagner ces mouvements : il va les ausculter, les raconter, les devancer parfois. Les femmes dans le whisky ? C’est Martine Nouet qui pilote la rédaction, l’une de ces pionnières qui ont creusé la brèche dans un univers encore profondément masculin.
Les collectors ? Les food pairings ? La vague du cocktail ? Le terroir ? Le boom des micro-distilleries ? Il suffit de feuilleter le premier numéro pour réaliser à quel point les obsessions de notre époque germaient déjà vingt ans plus tôt. Tenez, on y parle même de whisky français, avec un article sur Glann Ar Mor, et un autre sur P&M avec une conclusion où l’espoir sourd d’un point d’interrogation : « Alors, le whisky français, bien plus qu’une douce utopie ? »
Les grandes plumes de ce début du XXIe siècle (le regretté Michael Jackson, le très glabre Dave Broom, le fringant Charlie MacLean, le technophile Ian Wisnieski…) tracent à l’encre les contours de la culture whisky, à grands traits parfois à l’aune de 2024. Mais il y a vingt ans, rappelez-vous, les blogs se développent encore sur internet, les réseaux sociaux généralistes émergent à peine (Facebook devient public en 2006). Les amateurs deviennent plus pointus, certes, et en grand nombre, mais la culture geek n’impose pas encore ses exigences dans le whisky. Cela ne tardera plus !
En 2010, votre magazine préféré allonge la foulée et s’ouvre à toutes les eaux-de-vie fines. « Le monde des spiritueux bougeait, il fallait évoluer avec lui sous peine de voir le magazine se marginaliser, se souvient Thierry Bénitah. Le mouvement correspondait aussi à des rencontres importantes : Luca Gargano, Alexandre Gabriel, l’équipe de l’XP [l’Experimental Cocktail Club, nda]… Cela s’est fait naturellement, même si on s’est un peu cherchés : pendant un moment, il y a même eu 2 magazines, Whisky Magazine et Fine Spirits [séparés mais réunis sous blister, nda]. »
Vingt ans plus tard, comment se lit cette histoire, notre histoire ? Comme un premier rendez-vous chaque année renouvelé, comme un tête à tête qui se prolonge, comme un échange passionné et ininterrompu entre notre mag et nous, autour d’un amour no limit et partagé pour le whisky. Alors, perso, si on me demande, la Saint-Valentin, c’est la fête des amoureux du whisky. On dégoupille quelle quille pour célébrer ?
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Les collectors ? Les food pairings ? La vague du cocktail ? Le terroir ? Le boom des micro-distilleries ? Il suffit de feuilleter le premier numéro pour réaliser à quel point les obsessions de notre époque germaient déjà vingt ans plus tôt.
