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Une hirondelle ne fait pas le printemps, c’est entendu. Mais en revanche, la vague de spiritueux qui déferle annonce à coup sûr les beaux jours et la fête des mères. Pardon ? Oui, celle des pères un peu aussi. Liste non exhaustive des bonnes raisons pour passer faire coucou à vos cavistes dans les semaines qui viennent.

Whisky français

Ninkasi change de nom ! Oui, l’attaque tapine un peu, mais on me jure que le SEO consiste à écrire n’importe quoi pour affoler les algorithmes. Permettez-moi donc d’affiner illico subito presto : la distillerie-brasserie de la région lyonnaise change de nom… à l’export. Hors Union européenne, où la marque n’a pu être enregistrée en raison d’attributions préalables sur divers marchés, le whisky Ninkasi se rebaptise Ninalys. Première bouteilles en juin pour ceux qui veulent lancer la chasse aux Pokémon liquides hors frontières.

En attendant, on foncera sur la Cuvée de Printemps 2023 qui inaugure la gamme Saisons. Un finish en vin de bourgogne blanc gourmand, très frais, juteux, sur le raisin et les fruits blancs. A l’automne, nous découvrirons la gamme Vendanges, promesse d’élevages intégraux en fûts d’un unique vin. Beaucoup, beaucoup d’actualité sur Ninkasi, qui inaugure bientôt sa nouvelle distillerie, équipée de pots stills. On s’en reparle au plus vite

Chez Eddu, Yes We Cam ! Le whisky breton de blé noir se fend d’une carafe hommage au navigateur Jean Le Cam, emplie d’un joli jus bien tendre, onctueux, exotique, noix de coco, chocolat blanc et pâte d’amande. On retrouve la tignasse bouclée du skipper sur l’étiquette… mais pas sa bobine sur les 1.400 quilles signées à la main sous la ligne de flottaison.

Le talentueux Aymeric Roborel de Climens livrera début mai un tourbé finish fût d’Islay. Le distillat légèrement phénolique de Hepp (Alsace) a passé trente mois en fûts roux de whisky et chêne français neuf, puis six mois en tonneaux de sauternes avant de se faire remonter les ppm comme un coucou dans les barriques imprégnées de scotch des Hébrides. A l’arrivée, un single malt gourmand gorgé de fruits mûrs roulant sous un nuage de fumée.

En Champagne, Soligny a sorti de son cube magique un 3e Chant du Coq céréalier – sous un surcroît d’échardes de chêne neuf. On les suit de près, ces gens-là. En Normandie, la maison de calvados Busnel annonce la commercialisation de son premier whisky, sous ce même nom (gare à la confusion des genres). Pas goûté, mais je vous file l’info.

Whisky d’ailleurs et même d’Ecosse

Lagg, la distillerie sœur d’Arran dédiée au whisky tourbé, révèlera dans les deux mois son premier embouteillage permanent, Kilmory Edition, un bébé élevé en ex-fûts de bourbon, bien gras, huileux, roulé dans le foin vanillé patassé de tourbe (50 ppm). Il sera suivi, à la rentrée, d’un Corriecravie vieilli sous sherry : RDV au Whisky Live.

Vous aurez capté le sous-texte : Machrie Moor, la référence tourbée d’Arran pré-Lagg, est appelé à disparaître à mesure que les stocks fondront, puisqu’il n’est plus distillé. Les collectionneurs vont guetter le prochain, annoncé pour mai. Pssttt, approchez : un 10 ans et un cask strength se pointeront en 2024. Ne l’ébruitez pas trop, je compte sur vous.

Rest & Be Thankful a topé un Strathenry 2016 (6 ans), un chouette small batch (le second) ex-bourbon, finish oloroso. Et là, vous me demandez – ceux qui n’ont pas décroché pour la sieste – koi t’est-ce, Strathenry ? Derrière ce nom se cache la nouvelle distillerie des Lowlands InchDairnie qui, en attendant de lancer son propre whisky sous son nom (j’ai goûté des essais déments !), vend son vrac non tourbé sous pseudo Strathenry et le tourbé sous Finglassie. Du tea spooning sans thé et sans cuillère

Holyrood, la nouvelle distillerie d’Edimbourg, nous fait découvrir 2 new makes en attendant la sortie de son premier whisky, en fin d’année. L’un jouant sur les levures et une fermentation longue, l’autre sur le malt chocolat. Miam.

Edradour et Ballechin, les frangines des Highlands – scotch toujours – lancent toutes deux un 14 ans brut de fonderie intégralement vieilli en fût de rhum grand arôme (un réunionnais de Savanna)… et l’un des deux emporte clairement la mise : la tourbe du Ballechin colle une baffe en revers (décrochée à 61%) au high ester, qui tente une manœuvre désespérée en fin de bouche, se cramponnant à la langue, avant de se dissoudre dans la fumée. RIP.

On reste dans la fumée. Mister Peat ajoute un brut de fût (53,7%) à son premier-né sorti l’an dernier. Un jeune InchDairnie herbacé, plein de fougue, excellent rapport qualité/prix.

Il revient ! Le Benriach 1994 27 ans sélectionné par LMDW. Et c’est une merveille. Autre salle, autre ambiance : dites, c’est quand même très bien ce que mitonne la bande de Woven. Leurs petites bouteilles brun sablé accueillent leur premier jus permanent, un Superblend qui fait super bien un super job.

Amrut fête les 11 ans de la sortie de Fusion avec une carafe céramique bleu layette capturant une version plus âgée. Le prix pique un peu : 335€. Collector en devenir. A Londres, Bimber nous offre un Ex-Bourbon extrêmement bien ficelé en small batch plus conséquent que d’ordinaire – comprendre : Vous aurez 2h au lieu d’une pour espérer mettre la main dessus. Au Japon, Mars Tsunuki envoie une édition 2022 grasse et tourbée.

Du gin haute couture

Devant le succès de son édition Cornichon, Citadelle réédite la recette en augmentant le volume, et là je dis : yessssss !!! Encore plus cornichonné, paraît-il. Jetez-vous dessus les yeux fermés, et lâchez-vous sur les martinis twistés d’un peu de saumure ou les gins-to dingos garnish cornichon – ça change du zeste, non ? Sortie imminente. Fin mai, un Citadelle Rouge (à la rhubarbe) rejoint les festivités, mais on a le temps de s’en parler.

Hendrick’s vient de lancer la nouvelle création de son cabinet de curiosités, Flora Adora. Un bouquet puissamment floral, géranium, lavande, roses fanées qui vous envoie dans le jardin de mamie. A ce jour, le Neptunia révélé l’an passé reste « la » référence à mes yeux dans la bouteille d’apothicaire noire. Cherchez bien, il en reste.

Vivant, la jeune marque de spiritueux bio et sans additifs, ajoute la gamme Envol à son catalogue. Elle s’adresse aux jeunes générations avec un message dont la franchise décoiffe (ou se tire une balle dans les orteils, à vous de juger) : « Si l’alcool peut nuire à la santé, au moins la production de celui-ci n’aura pas nui à la terre. » Bim. Trois gnôles plutôt bien fichues mais sans débordement (40%, 50 cl) : un gin agrumes dites-le avec des fleurs à la finale poivrée, un whisky charentais céréalier titillé de caramel dur, un rhum doux et gentil. Dans de mignonnes bouteilles sérigraphiées que vous aurez envie de garder.

Rhum et cognac pour finir

La fine équipe derrière l’amaretto Adriatico récidive avec un superbe limoncello Mamma Mia 100% nature. Des citrons femminello récoltés al dente dans les Pouilles, du sucre de canne non raffiné, de la menthe poivrée et hop : servi en spritz (5 cl de limoncello, 10-12 cl de prosecco, 1 trait d’eau gazeuse), en shot glacé au digestif, enarrosage d’un baba au rhum ou sur un sorbet. Mamma mia !

En ces temps de fast spirits, qu’il est réjouissant de voir la cuvée XO Château Fontpinot de Frapin fêter son centenaire ! En cette occasion, la maison de Cognac habille d’une étiquette rétro d’inspiration Années folles et d’une caisse bois sa bouteille à la silhouette élancée. Une gourmandise éternelle, une élégance intemporelle.

Rhum ? Foursquare se la raconte chez Velier avec un bajan de 17 ans (5 ans en fûts de bourbon, 12 sous oloroso) lâché à fond les ballons (61%). Rondouillard, vanillé, boisé sous les marqueurs fruités du xérès. Juteux et croustillant. Oui, il croustille ce Raconteur.

Velier toujours, direction l’Australie avec un Beenleigh 2013 (10 ans) bombardé à 59%,  élevé en fûts de bourbon, distillé en colonne puis repassé en pot still (uh ?). Hyper tropical, léché de fenouil et de vanille, et surtout… über anisé. Sérieux, j’avais envie de le tester en pastis, euh, en highball veux-je dire, noyé dans l’eau et les glaçons ! Le Velier que vous pourrez vous offrir : 87€. S’il en reste.

En Martinique, HSE fait péter deux merveilles de rhums blancs : un nouvel opus de La Belle Heure en collab avec Titouan Lamazou, sensuel, exotique, gorgé de fruits jaunes, de canne mûre à peine anisée. Et la seconde cuvée parcellaire Canne d’or, millésime 2019, brassé et réduit sur plus de deux ans, tropical tendance floral, plus sec, généreusement relevé de poivre en finale. HSE et c’est tout. Ce serait pas mal de se quitter là-dessus pour aller se préparer un ti-punch, non ?

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