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On avait un peu perdu l’habitude, mais cette fin de printemps se montre riche en sorties liquides – juste avant la fête des pères, tiens donc. Alors, faisons le tri avec la langue et le nez.

Talisker x Parley Wilder Seas

La distillerie de Skye collabore avec l’association de préservation des fonds marins Parley le temps d’une édition limitée à la bouteille plus légère, dénuée d’étiquette et d’étui – le minimum syndical pour parler écologie. Le single malt ? Magnifique ! Livré à 48,6%, affiné en fûts de cognac. Les arômes de foin, de miel, d’agrumes, d’huîtres goudronnées (Wilder Seas sent la marée noire, je vous laisse méditer sur l’ironie de la chose) s’enfoncent moelleusement dans un matelas de tourbe douillet, vous laissant face au large sur une finale huileuse, saline et fumée. Tiens, une mouette… • 75€

Glen Scotia 11 ans Campbeltown Malts festival 2023

L’édition limitée spéciale Campeltown Festival est disponible en France ! Ce Festival, c’est un peu le Fèis Ile de la pointe du Kintyre, avec moins de distilleries, et nombre d’amateurs enchaînent en général les deux pour pouvoir toper les « distillery exclusive » vendus uniquement sur place pour l’occasion. Enfin, en principe, puisque celui-ci vous épargne le voyage.

Après plus de 10 ans en fûts de bourbon, ce malt tourbé s’est frotté au porto blanc le temps d’un finish de 8 mois. On retrouve la fumée un peu crassouille de Glen Scotia, signal qu’il va falloir ramoner bientôt la cheminée, soufflant à 54,7% et enveloppant un panier de fruits sur une pointe saline. Rareté futur collector. • 110 €.

Ardnamurchan AD/Single Malt

Oh qu’elle est chouette cette petite cuvée du far west des Highlands ! Légèrement tourbé, AD (raccourci d’Ardnamurchan – à vos souhaits ! – et non après JC) assemble des single malts vieillis en fûts de bourbon et de xérès, sur un profil où l’orge tendre se roule grassouillettement sur le fruit, la pâte d’amande effleurés d’une note saline. Droit à l’essentiel. • 53%

Glenmorangie The Cadboll Estate 15 ans

La 3e édition limitée signée Cadboll Estate nous offre un Highlander tout en finesse, et cela nous manquait. Pour le cuisiner aux petits oignons, Bill Lumsden a lâché les expérimentations moléculaires pour se mettre aux fourneaux à l’ancienne, en travaillant une orge cultivée près de la distillerie. Le single malt a vieilli en fûts de bourbon, mais en cours de maturation, une partie du lot s’est échappée en barriques de xérès amontillado.

On craque pour l’envolée florale percutée d’épices (clou de girofle) amortie subtilement sur les notes de caramel mou, de fruits à coque, de chêne encaustiqué, de copeaux de noix de coco séchés sur un malt tendre. Inattendu… et bienvenu ! •  85 €.

Kornog 5 ans single cask finish Oloroso

Cap sur la Bretagne avec un fût sélectionné par LMDW dans les chais de la Celtic Whisky Distillerie. Après 4 ans en baril de bourbon, cet uppercut qui fuse à 58,7 % sur le velours a vieilli 19 mois supplémentaires en barrique de xérès. Laissez-le s’aérer dans le verre (attention les moucherons l’adorent), le temps qu’il se dérouille les muscles. Intensément tourbé, salin, riche, puissant, gras, sur les noix, les pruneaux séchés, le camphre… Un beau bestiau qui colle durablement au palais. Pas plus mal, vu le prix qui pique un peu les rétines et le portefeuille. • 148 €.

Hautefeuille Single Farm

La petite ferme-distillerie picarde clôt le chapitre de ses Esquisses pour laisser place à sa première référence permanente, ce Single Farm (43,3%) céréalier, gras en bouche, qui fait rouler les noisettes et les noix sur le miel. Elaboré avec l’orge (Laureate) cultivée sur le domaine, distillé en alambic Stupfler et vieilli en fûts de chêne français neuf, en fûts roux de cognac et en barils de chêne américain chauffés jusqu’à la peau de crocodile, il exprime un charme simple et naturel bien agréable. • 49 €

White Heather 15 ans

Billy Walker, l’homme de GlenAllachie – et non de la pampa –, ressuscite une vieille marque de blend des années 50. Attention, nous sommes dans l’assemblage haut de gamme, celui qui vous coûte un single malt, particulièrement réussi. Le nez vous cueille avec vivacité, sur les zestes d’orange et le menthol, tandis qu’en bouche un attelage de fruits secs, chocolat, poivre gris et gingembre s’échappe sur une cacahuète de tourbe, de fumée fine persistante. Votez bruyère blanche ! • Environ 75 €.

Turntable Track 03 Purple Haze

Un autre blend haut du panier – ils se multiplient plus vite que les petits pains dans la Bible ces derniers temps, mais attendons un peu avant de parler de renouveau. Créé par les deux frangins Stevenson, qui ont longtemps traîné leur kilt dans l’industrie du scotch, Turntable (platine à disques) lie leur passion pour la musique et le whisky « qui nous entraînent dans les mêmes endroits, ceux que l’on peuple de souvenirs et d’émotions », disent-ils.

Parmi les 3 premiers morceaux, on retiendra le Track 03, hommage à Jimi Hendrix : un small batch de 3 fûts dont 2 butts, du sherry-sherry sec comme un riff, sans la moindre sucrosité, construit sur 86% de malt (Cragellachie et Balmenach) – le grain ne sert pas de « filler », c’est le moins qu’on puisse dire. Très marqué par les notes de cacao, de chocolat noir épicé, de Christmas cake, un dram qui vous donne envie de cramer le verre sur scène. • 90€.

The Gardener

On retiendra que c’est « le gin de Brad Pitt » et qu’il est super bien fichu (le gin. Brad Pitt aussi). Lancé en collaboration avec la famille Perrin bien connue dans le monde du vin, distillé par le légendaire Tom Nichols qui officiait chez Tanqueray, The Gardener jardine 13 botaniques dont l’orange douce, le pamplemousse, la bigarade. Elégant, classique London dry, marqué par les agrumes, soutenu par une amertume très fine : en un mot, parfait. • 44 €

Normindia Pamplemousse

Une autre petite merveille de fraîcheur claquée sur les agrumes : Normindia, le gin produit au domaine du Coquerel célèbre pour ses calvados, se décline en une édition Pamplemousse très réussie. On apprécie sa pointe d’acidité, son soupçon d’amertume en finale et sa franchise irrésistible sous le tonic. • 41 €.

Gin Boudier Bourgeon de cassis

On connaît la vieille maison bourguignonne pour ses liqueurs et crèmes exceptionnelles. Mais on sait moins qu’après la Seconde Guerre mondiale Boudier s’est imposé dans le gin en devenant le fournisseur de l’armée américaine en Europe. Bourgeon de cassis, la dernière création de distillerie, tranche dans le paysage de l’eau-de-vie aromatisée au genièvre. On traverse en douceur les bosquets de cassis, les Hespérides et l’ombre des forêts de pin, sur un chemin subtil qui appelle le tonic. Un gin singulier. 35 €.

J.M. Jardin Macouba

Sentez la canne jaillir des fleurs en dansant la gigue sur les zestes, asticotée par des banderilles anisées : vous voilà oscillant dans un hamac suspendu dans un jardin tropical, verre à la main. Vous y êtes ? Fermez les yeux.  Les cuvées de rhum blanc Macouba de la distillerie martiniquaise JM, on les guette toujours avec ravissement. D’autant que les bouteilles sont à chaque fois superbes. • 36€

Eminente Millésime 2012 Confrérie du Rhum x Excellence Rhum

Pour leur 10e anniversaire commun, Excellence Rhum, site slash boutique slash embouteilleur indépendant, et la Confrérie du Rhum, le groupe Facebook rassemblant pas loin de 50.000 amateurs de gnôles de canne prêts à vous tomber sur le râble dès que vous postez une photo de Bumbu – un dimanche soir quand y a rien à la télé, essayez, c’est distrayant –, mais je digresse.

Je disais donc, ces deux institutions de la geekitude du rhum lancent en collaboration avec Eminente une cuvée cubaine originale, composée exclusivement d’aguardiente, vieillie 10 ans et lâchée brute de fonderie à 55,5%. Une attaque fraîche et vive, sur les pêches de vigne juteuses, remise en ligne par de jolies notes torréfiées qui réveillent le fruit compoté avec un soupçon de rancio et de fumée de bois. Un Cubain qui se serait collé les doigts dans la prise, sans renier pour autant son profil léger. • 110€

Zacapa La Armonia

La solera la plus célèbre du Guatemala ajoute un volume à sa collection Heavenly Cask, avec ce finish en fûts de xérès qui ravira les amateurs et -trices de jus gourmands et onctueux. Fruits secs et compotés se fondent en douceur (40%) sur les touches de vanille et de chêne toasté sans s’éterniser en bouche, avec un soyeux sacchariné. Très bien ficelé dans ce style qui séduit un public nombreux. • 99€

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