C’est un rendez-vous ! Chaque année, le bourbon Woodford Reserve nous présente sa Master’s Collection. Un embouteillage pointu et forcément limité, reflet de l’attention particulière que porte la distillerie du Kentucky à l’innovation. Cette année, elle se penche sur un affinage particulièrement original, en connexion directe avec la vallée californienne viticole de Sonoma. Une nouveauté qui reflète aussi l’actualité d’une distillerie bien dans son époque. Repérage.
C’est l’un des fleurons de la catégorie bourbon. Woodford Reserve continue au fil du temps à attiser notre curiosité tout en explorant régulièrement de nouvelles pistes en matière de fermentation, de distillation ou encore de vieillissement.
La preuve avec ce nouvel opus de la Master’s Collection, affiné dans des fûts de Pinot Noir, de Brandy et d’anciens fûts de bourbon utilisés pour vieillir du vin rouge du comté de Sonoma.
Tout un programme qu’Elizabeth McCall, la nouvelle Master Distiller maison, décrypte comme “un whiskey inédit, qui réunit le monde du bourbon et du vin, du grain et du raisin, ne ressemblant en rien à ce que nous avons sorti auparavant ».
Du vin au bourbon, et vice versa
En 2014 déja, Woodford Reserve avait lancé le tout premier bourbon affiné en fûts de Pinot Noir, le Sonoma-Cutrer Pinot Finish. Puis en 2016, un whiskey affiné en fûts de brandy américain. Les fûts utilisés provenaient déjà tous du comté de Sonoma. A la dégustation, tout ce beau monde conjuguait des fruits rouges, des notes de chocolat noir et un joli panel d’épices.
Quelques domaines vinicoles californiens font d’ailleurs vieillir leurs vins rouges dans des fûts de bourbon usagés, créant ainsi un nouveau style appelé « Bourbon Barrel Aged ». Parmi eux on peut citer Château Diana, 1000 Stories Wines ou encore Sebastiani.
Une partition à quatre mains
Pour Elizabeth McCall cette sortie (prévue dans les prochains mois dans l’hexagone) est une suite logique à sa nomination en 2023, après Chris Morris.
Morris a commencé à former McCall au poste de Master Distiller dès 2015. Derrière ses moustaches, Chris souligne que “la nature curieuse d’Elizabeth est prometteuse, elle devrait ravir tous ceux qui s’attendent à des saveurs innovantes”.
L’homme qui débuta sa carrière chez Brown-Forman (groupe propriétaire de la distillerie) en 1976, gardera au sein de l’équipe Woodford un poste émérite. C’est pour lui la reconnaissance d’une carrière exemplaire déjà saluée en 2016, année où il fut intronisé au Hall Of Fame des World Drinks Awards.
En rejoignant Brown-Forman en 2009, Elizabeth McCall a d’abord opéré dans les panels de dégustation avant de se pencher plus récemment sur l’approvisionnement en céréales, matière première essentielle dont la provenance impacte considérablement l’empreinte carbone d’une distillerie.
Programme et recherche céréalière
En juin dernier, on apprenait en effet que les équipes de Woodford Reserve et de l’université du Kentucky avaient conclu un partenariat pour mettre en place une série de tests visant à découvrir une variété de seigle capable de pousser localement. La culture du seigle est difficile au Kentucky, en raison de son climat chaud et humide, aujourd’hui il est principalement sourcé au Canada ou en Europe.
« Si nous parvenons à ramener le seigle dans le Kentucky, cela aurait du sens pour soutenir non seulement les agriculteurs (une problématique décidément actuelle), mais également les producteurs de whisky un peu partout dans l’Etat”, pointe Elizabeth McCall.
Près d’un million de dollars seront investis collectivement par les partenaires du projet, dans le développement d’une variété de seigle du Kentucky. L’objectif est aussi de placer la démarche en open source, permettant au plus grand nombre de bénéficier du fruit de ces recherches.
Notons également qu’Elizabeth McCall est directrice du conseil d’administration de Dendrifund, un fonds de semences à but non lucratif, créé en partenariat avec le groupe Brown-Forman, dont la mission est d’améliorer l’environnement naturel, social et économique pour les générations futures.
Une démarche qui fait écho aux récentes annonces du GIEC en matière de réchauffement climatique et qui prouve qu’aux Etats-Unis aussi, l’industrie du bourbon bouge.