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En célébrant le 40e anniversaire de Nikka From the Barrel, c’est un pan de l’histoire du whisky qui est mis en scène. L’Orient et l’Occident ne se seraient-ils pas rencontrés quelque part dans 50 centilitres d’un blended malt au design parfait ?

Il faudrait avoir hiberné quarante années consécutives sans le moindre contact avec un caviste pour ne pas la reconnaître. Comme pour la culture, l’art ou la politique, chaque génération acclame ses icônes. Née pour briller, elle reste, aux yeux de ses admirateurs, unique et intemporelle, laissant à tout jamais l’empreinte profonde de son passage parmi les simples mortels. Le monde du whisky n’échappe pas à la règle.

Que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, de Marseille à Mulhouse, de Brest à Strasbourg, pas une cave en France n’y a échappé. Car ce qui devait n’être qu’anecdotique est devenu iconique et indispensable. Imaginez seulement le monde de la fin des années 90, celui-là même où flottent des collectors à la surface du lac de single malts produits en Écosse. Un monde bipolaire où le choix de la provenance s’opère entre l’Écosse des châteaux hantés et l’Irlande de la Saint Patrick pour le whisky et quelques bourbons pour l’exotisme yankees. Pour le reste des pays aujourd’hui présents sur le marché, c’est néant, trou noir !

La légende raconte que la connexion entre la France et le Japon producteur de whisky depuis le début du vingtième siècle s’est faite à la fin des années 90. Thierry Bénitah, aux manettes de La Maison du Whisky, reçoit dans ses traditionnels cadeaux de ses fournisseurs écossais un flacon du Nikka from the Barrel. C’est une révélation. Depuis des années pourtant, plusieurs maisons avaient tenté de conquérir la France. Sans grand succès. Le goût des Japonais pour les whiskies plus doux, moins corsés ne trouvait jusque-là aucun écho dans l’hexagone. « Ennuyeux et un peu insipides, il n’y avait aucune raison de succomber, » se souvient Didier Ghorbanzadeh, formateur qui a officié longtemps pour la marque Nikka en France. Il ajoute : « Il faut dire qu’au début des années 2000, une nouvelle génération de consommateurs arrive sur le marché. Bercée par les mangas, cette nouvelle vague d’amateurs prend la culture japonaise très au sérieux. Nikka from the Barrel est lancé en France en 2001 et toutes les planètes sont alignées pour l’accueillir sur le marché français. »

Notes de dégustation :

Pleine d’énergie et tout en finesse, cette édition anniversaire d’une grande richesse restitue avec harmonie les principaux traits de caractère de chacun des whiskies qui la compose.

Lancé en 1985 par Nikka, FTB a d’abord connu un succès au Japon, modeste mais pas de quoi faire parler de lui en dehors des côtes de l’archipel nippon. « La hype est retombée rapidement mais lorsque le flacon apparaît en France, c’est avant tout son design qui fait mouche. » Les amateurs se penchent sur ce curieux cube imaginé pour rappeler le caractère compact d’un objet comme une invitation à aller à l’essentiel. « Les Français le comparaient au début à un flacon de parfum », se souvient Didier.

Mais le succès vient aussi et surtout de la singularité de la recette qui se cache dans un assemblage complexe de plus de cent whiskies sélectionnés. Ce blend emblématique met principalement en lumière les deux distilleries du groupe Nikka : Yoichi et Miyagikyo. L’intensité des malts de Yoichi, légèrement tourbés et iodés, s’alliant à la douceur plus fruitée de Miyagikyo. Les whiskies de grain, distillés dans les alambics Coffey de Miyagikyo, apportent rondeur et équilibre. Majoritairement élevés en fûts de bourbon, les whiskies sont ensuite assemblés. Le degré d’embouteillage à 51,4 préserve la complexité des arômes tout en gardant un caractère affirmé. Ce caractère qui fera par la suite le succès de l’iconique cube chez les bartenders à la mi-temps des années 2000.

La cuvée anniversaire bénéficie d’une période de mariage deux fois plus longue que l’originale. Pleine d’énergie mais tout en finesse, cette édition anniversaire célèbre comme il se doit les quatre décennies d’existence de l’icône. Au nez, le blend dévoile tout d’abord des notes de cire d’abeille, d’ananas rôti et de noix de muscade. La bouche est vive, tranchante, fumée puis citronnée. Remarquable de profondeur et empreinte d’originalité c’est peut-être avant tout cela un whisky iconique.

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