Avec Hampden Fifteen, la distillerie de Trelawny dévoile son embouteillage le plus âgé à ce jour. Quinze années de vieillissement intégralement tropical ont façonné un rhum où concentration, esters et structure se répondent dans un registre résolument technique, fidèle à l’héritage d’Hampden Estate.
Pour les amateurs de rhums high esters, Hampden Fifteen n’est pas seulement une nouvelle référence : c’est un jalon dans l’histoire contemporaine de la distillerie. Ce vieillissement de quinze ans sous climat jamaïcain porte à son maximum les effets de la maturation tropicale, un phénomène bien connu des distillateurs mais rarement poussé à une telle durée. Ici, la part des anges dépasse 75 %, conséquence directe d’une évaporation accélérée par la chaleur et l’humidité. Cette concentration extrême resserre le spectre aromatique, densifie les acides gras et donne au rhum une profondeur équivalente, selon les données de la distillerie, « à près de 45 ans sous climat continental ».
Le Fifteen s’inscrit dans la catégorie LROK — Light Rum Owen Kelly — l’un des marks historiques de la maison, dont la plage d’esters se situe entre 200 et 400 g/hlap. Ce positionnement en dit long sur la volonté technique derrière l’embouteillage : travailler un style Hampden identifiable, mais dans une version plus étirée, où les esters ont eu quinze ans pour évoluer, s’arrondir ou se recomposer. L’élevage en ex-bourbon apporte par ailleurs un cadre connu pour stabiliser les notes plus volatiles du distillat tout en renforçant les marqueurs tertiaires révélés par l’oxydation tropicale.
Le nez décrit dans les notes de dégustation confirme cette lecture : une base confite (marmelade) qui s’enrichit progressivement de tonalités tertiaires marquées — figue, pâte d’amande, noix grillée, raisin de Corinthe — avant de basculer vers des composés empyreumatiques (canne brûlée, encens). L’évolution vers des notes miellées et florales plus capiteuses témoigne de la modification des esters au cours du vieillissement, certains se dégradant en composés plus ronds ou plus lourds, formant une signature aromatique dense et stratifiée.
En bouche, l’écart total entre le nez et l’attaque illustre un autre marqueur technique d’Hampden : la discontinuité aromatique, typique des rhums de mélasse distillés en pot still avec longues fermentations. Le fruit macéré (mangue, goyave), les notes d’hydrocarbures (gasoil) et l’empreinte du gingembre confit s’affirment avant de céder la place à une texture laiteuse et huileuse — signature probable de longues chaînes d’acides gras persistants, ici encore concentrés par l’évaporation massive. La finale, poudrée et tannique, mêle cacao, iris, réséda et réglisse, avant de laisser dominer un caractère médicinal et terpénique perceptible au verre vide, dernière empreinte des composés les plus résistants du vieillissement tropical.
Hampden Fifteen raconte aussi la continuité technique d’une distillerie qui n’a jamais renoncé à ses procédés traditionnels. Fondée en 1753, Hampden a conservé fermentations spontanées, distillations en pot still cuivre et eau de source pure. Depuis 2009, la famille Hussey a relancé le vieillissement tropical sur site, donnant aux marques historiques — dont LROK — un terrain d’expression plus radical et plus fidèle au terroir de Trelawny. Ce quinze ans en est l’illustration la plus aboutie.
Hampden Fifteen, 70 cl, 50 % – Édition limitée à 1 400 bouteilles
Exclusivité LMDW – Prix : 379 € TTC
