Qu’importe la destination, seul compte le voyage. La découverte, les expériences glanées sur la route. La Maison du Whisky livre donc un anti-guide qui, d’escale en traversée, de single cask en petite cuvée, dévoile ses créations exclusives 2026 comme autant d’itinéraires: quelques moments rares de félicité égoïste, et maints plaisirs à partager.
Ceci n’est pas un guide, prévient la couverture: c’est un Itinéraires, au singulier pluriel. Un voyage aux contours incertains, qui dessine les côtes d’Ecosse sculptées au burin des tempêtes, les tourbières ouatées de brume au petit matin, les monts du Japon fondus dans un halo des nuages, l’ondulation des champs de canne du Trewlany ou des vignobles cognaçais. C’est une invitation à bifurquer, à s’égarer en route, à faire escale sans contrainte de temps, à naviguer du whisky au rhum, sur les fleuves d’alcools fins irriguant cinq continents.
Ceci n’est pas un guide, c’est la somme des créations 2026 de La Maison du Whisky, un moment suspendu qui rythme le calendrier des amateurs de spiritueux et annonce le Whisky Live Paris dans un proche horizon. « Cette édition, nous l’avons voulue avec beaucoup de texte, affirme Thierry Bénitah, le PDG de LMDW. Avec des anecdotes, des choses vues, des coups de cœurs, des cartes. Avec des expériences partagées. »
Comme chaque année, les plus grands noms des spiritueux ont accepté de jouer le jeu, de proposer des cuvées uniques, single casks ou small batchs, embouteillées en exclusivité par LMDW. On largue les amarres sur Islay, où commence le voyage.
Bowmore 30 ans Artist : « le » whisky de l’année
La gamme Artist fête ses 15 ans en compagnie d’Elixir Distillers, fondé par Sukhinder (lire son interview en 2 parties ici et ici) et Rajbir Singh, sous la bannière Something in the Water, des black bottles illustrée par les imprimés indigo de l’artiste indienne Radhika Surana. Les deux frères ont ouvert leurs chais pour en extraire un Bunny 10 ans, un Laphy 20, un Ardbeg 25, un Bowmore 30 (« le whisky de l’année », dixit Thierry Bénitah), un Caol Ila 40. Auxquels s’ajoute un Symbiosis, blended malt qui esquisse le style de la future distillerie Portintruan, et assemble des malts de Bunnahabhain et Caol Ila.
Le versant sombre de Something in the Water se décline sur la collection Artist The Dark Side of the Moon – oui, vous aussi vous auriez dit « Smoke on » au lieu de « Something in »? Six single casks gros sherry dont un Dark Side of the M 20 ans brut de fonderie recaské par Signatory. M comme Macallan, of course, car l’autre M culte affiche la couleur: un Mortlach over 35 ans 1989.
Xérès encore. Gordon & MacPhail livre notamment 2 Speymalt From Macallan, sherry beasts à haut voltage (plus de 58%) millésimes 2001 et 2004. Xérès toujours: la gamme Plume de LMDW pioche dans les stocks de Signatory Vintage un Caol Ila 2013, un Aultmore 2011, et un Ben Nevis 10 ans dark de chez dark, l’un des embouteillages officiels du WLP 2025, à moins de 60€.
Place aux valeurs sûres, au bon rapport Q/P
« Cette année, nous nous sommes concentrés sur les valeurs sûres, les bons rapports qualité-prix, reconnaît Thierry Bénitah. Bon… on s’est quand même lâchés ici ou là, mais pour l’essentiel la sélection reste sous la barre des 150€, et même à moins de 100€. On observe très nettement un décrochage du panier moyen. Les 18 ans aux prix actuels, c’est impossible à vendre. Pas difficile: impossible. De même que les no-age chers. »
Au rayon lâchage, signalons un Imperial 30 ans célébrant « 30 years of friendship » entre Thierry Bénitah et Sukhinder Singh (mais l’amitié n’a pas de prix). Cap au nord. Compass Box livre un small batch de 10 fûts intitulé This is not a Blend – et pour cause, puisque c’est un single malt. Si je vous dis que les barriques étaient pleines de Clynelish? Now I get your attention.
Itinéraires vers l’est, escales en archipel. Nous voici au Japon, avec l’édition limitée The Nikka 2025, un blend nippon – incorporant du Ben Nevis, donc – très tourbé avec une forte dominante de Yoichi. Et célébrons en clapping le retour dans la gamme permanente du Miyagikyo 10 ans.
Pas de coming-out chez Chichibu
Arrêtons-nous sur les pages 74-75, le temps d’une initiation aux techniques du sumo joliment illustrée. La distillerie Mars Komagatake présente la collection Sumo: 18 embouteillages portant le nom d’une prise (kimarite) stylisée par des figurines sur l’étiquette. Seuls 4 single casks seront disponibles en France – il faudra aller dénicher les autres ailleurs en Europe. N’oubliez pas de poser le verre avant de risquer l’uwate nage (attrapez l’adversaire par la ceinture avant de le flanquer au sol d’une torsion du buste).
Chez Chichibu, la traditionnelle Paris Edition se pare, pour son vintage 2025, de 6 étiquettes: 3 timbres-poste à l’effigie de quartiers parisiens, avec leurs homologues tokyoïtes. Entre nous, symboliser le Marais sans arc-en-ciel, c’est très cancel culture – mais, bon, la bouteille ne fera pas son coming out: celle-là restera dans le placard, je vous connais, vous ne lui dégommerez pas le stopper. Notons également 4 single casks illustrés par l’artiste Yoshiya Hongo, dont les sculptures seront mises en vente lors de la vente caritative du WLP.
Les derniers Magnum, les derniers Caroni
Ceci n’est pas un guide, je n’en révélerait pas les moindres haltes. Prenez le temps d’errer de surprise en découverte, au détour d’un Amrut Triple Distilled, d’Ex Libris tasmaniens, de Blanton’s piochés dans le rick, de Willett aux expressions âgées, ou d’une cuvée Fumo de Waterford pensée à l’origine pour le marché US et qui nous arrive en carte postale griffonnée de larmes et de regrets.
D’une île à l’autre, escale en Jamaïque pour un Hampden <>H 2017 et un 15 ans, le plus vieux rhum mûri à la distillerie. J’en profite pour vous annoncer que le LROK intègre la gamme permanente, et que la dernière série Magnum (#3) se concentre elle aussi sur Hampden. Marie-Galante, après quatre ans de silence Rhum Rhum revient avec 2 nouveaux Liberation 2024 (45 et 56%). Trinidad, le dernier Paradise de Caroni. Japon, la suite des Nine Leaves de la collection Unsun Karuta.
J’aurais pu vous parler de saké. De calvados, de pommeau. De cognac. De whisky français. Permettez-moi d’en garder sous le coude pour le WLP. Et puis, faut-il le rappeler: ceci n’est pas un guide, nom d’une pipe!
••• Découvrez ici la version numérique de la collection créations 2026 de LMDW.
