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Le plus génial festival de whisky fête cette année ses 20 ans avec une programmation riche et variée. Amateurs, connaisseurs, geeks et néophytes ont rendez-vous pendant 6 jours du 1er au 6 mai en Ecosse, dans le Speyside.

 

Admettons que vous n’ayez jamais mis les pieds au festival Spirit of Speyside . Admettons qu’en 20 ans vous n’ayez pas trouvé le temps de filer dans cette belle région des Highlands où la vaste et éclectique communauté des amoureux du whisky se donnent chaque année rendez-vous à l’heure où les lapins enfourchent les cloches et les poules (n’y voyez pas malice) pour fêter Pâques. Admettons. Il vous reste donc une petite douzaine de jours pour attraper un vol pour Aberdeen. Ou une dizaine de mois pour planifier votre trip l’an prochain, dès début février, quand s’ouvrent les réservations pour quelques centaines d’événements liés au malt (plus de 600 cette année). Car Spirit of Speyside vous offre une occasion unique de…

Tormore Visite distillerie

 

  1. Visiter des distilleries de l’ombre

Une fois l’an pour le festival, certaines distilleries qui habituellement ne se visitent pas s’ouvrent exceptionnellement au public. Pour le 20e anniversaire, elles sont nombreuses, et pas des moindres : Allt-a-Bhainne, Aultmore, Benrinnes, Braeval, Craigellachie (cœurs avec le clavier), Dailuaine, Dalmunach et Roseisle (les cathédrales modernes de Pernod Ricard et Diageo), GlenAllachie (qui prévoit d’accueillir bientôt les visiteurs au quotidien), Glenburgie, Glentauchers, Inchgower, Longmorn (cœurs encore), Miltonduff, Mortlach (la distillerie Shadok), Tamdhu, Tormore (l’une des plus jolies dans les environs). Chaque distillerie propose, cela va de soi, une dégustation – souvent de haute volée – pour valider la visite.

 

  1. Découvrir les arrière-cuisines du whisky

Comme Alice, passez de l’autre côté du miroir pour découvrir ces activités de l’ombre pourtant indispensables au whisky. Visitez le Technical Centre de Chivas Brothers et ses laboratoires d’analyses. Pénétrez dans les chais de négoce de Murray McDavid’s. Apprenez à fabriquer un washback chez le spécialiste de la cuverie en bois Joseph Brown Vats – on ne sait jamais à quel moment on peut avoir besoin d’un foudre pour élever les carpeaux au fond du jardin. Découvrez les dessous de l’orge à la malterie Boortmalt Maltings. Et sachez qu’en général, pour le festival, la tonnellerie Speyside Cooperage (ouverte au public à l’année) vous permet d’apprécier le talent des ouvriers au plus près des établis et des fûts, et non pas depuis la haute coursive.

 

  1. Technical Centre de Chivas BrothersApprocher les gens qui font le whisky

Les Distillery Manager’s Tours, les dîners avec les masters blenders, les visites orchestrées par les stillmen, etc., vous offrent l’occasion d’approcher tous ceux qui font le whisky. Echanger avec les producteurs, c’est bien. S’y risquer soi-même, c’est mieux. Participez à l’un des ateliers blending (à GlenAllachie, à Strathisla avec les blenders de Chivas, à Cardhu avec la team Johnnie Walker, chez Murray McDavid, à Benromach…) pour apprendre les ressorts de l’assemblage. Allez travailler quelques heures avec les distillateurs de la Speyside Distillery – oui, c’est vous qui payez pour cela : ils sont forts ces Ecossais. Assistez au maltage à BenRiach, qui n’utilise ses aires qu’à cette occasion pendant une petite semaine.

 

  1. Profiter de dégustations hors normes et d’embouteillages exclusifs

Les dégustations les plus phénoménales sont réservées à peine mises en ligne. Mais cette année s’avère tellement riche que vous trouverez dram à vos narines jusqu’au dernier moment. Certaines visites s’accompagnent du privilège de remplir une bouteille commémorative puisée dans un fût. Et nombreux sont les amateurs venus d’à peu près partout spécialement pour acquérir les “distillery exclusives” lancés spécialement pour Spirit of Speyside (Glenfarclas, SMWS …).

 

  1. Faire la fête, s’amuser

Je vais vous choquer : cavaler après les embouteillages exclusifs et les dégustations chichi pompon n’a aucun intérêt si vous ne profitez pas de Spirit of Speyside pour savourer à pleines goulées l’autre visage du whisky : celui du fun, du simple bonheur de partager, de se croiser autour d’une même passion. Même si vous voyagez seul, je peux vous promettre que vous ne le resterez pas, vous ferez une tripotée de belles rencontres sur le parcours.

Ne ratez pas les concerts organisés sous le chapiteau tendu devant le Craigellachie Hotel et dans les pubs – le Drouthy Cobbler à Elgin est un must, il organise en outre cette année le Big Fat Whisky Quiz (l’an passé, on entendait les rires jusqu’à Inverness). Votez dans la bonne humeur pour le meilleur accord whisky-bacon bagel. Ou whisky-haggis. Ou whisky-bbq. Whisky-musique (avec Gordon & MacPhail). Whisky-chocolat (Pâques). Whisky-thé (what ?). Whisky-pancakes. Whisky-bière-burger (le Three Haufs – les trois moitiés, oui, on se croirait sur la Canebière – de la SMWS). Bref, vous l’aurez compris, le whisky se marie avec tout, surtout passé les 3 ou 4 premiers.

Craigellachie pancarte 6. Descendre au Craigellachie Hotel

Si vous visitez le Speyside, c’est un peu grâce au fondateur du Craigellachie Hotel, Alexander Edward, qui le premier se mit en tête d’attirer les touristes dans les Highlands. “Jusqu’alors, l’Ecosse était considérée comme un pays de sauvages portant des fringues bizarres, résume Dave Broom. Il va en faire une destination romantique.” Edward érige la ville de Craigellachie, sa distillerie, puis celles d’Aultmore, de Benromach, de Dallas Dhu. Il confie la construction de l’hôtel à Charles Doig, l’architecte qui dessina des ombres chinoises un peu partout dans les Highlands en dotant les distilleries de toits en pagode. Pour la petite histoire, Alexander Edward fut la deuxième personne dans les Highlands à acquérir une voiture – après le major Grant de la distillerie Glen Grant –, et on a gardé la trace d’une prune dont il écopa pour excès de vitesse : 1 £ ! Tout cela pour dire : cette vieille bâtisse victorienne qui vient de fêter ses 125 ans est le point zéro vers toutes les routes du whisky, et le carrefour des festivités. Must go, must see.

 

  1. Prendre un grand bol d’air

Il serait bien dommage de rester enfermé les narines calées sur un Glencairn alors que quelques-unes des plus joyeuses dégustations se déroulent en plein air. Comme le running semble s’accorder à merveille au whiskiing, je vous suggère d’emblée le Ben Rinnes Evening Run, 7 km de cavale jusqu’au sommet du Ben Rinnes (“The Ben” pour les locaux), le plus haut sommet du Moray : 500 m de grimpette, la seule ivresse qu’on ne risque pas est celle des cimes – car, oui, on s’hydrate à l’arrivée. Et pas avec de l’eau – ou du moins pas que. On peut préférer le Dufftown Trail Run, avec tasting à Glenfiddich sur la ligne d’arrivée (pas de contrôle antidopage). Il existe un trail qui se court au thé, mais traitons-le par le mépris si vous le voulez bien.

Les plus téméraires oseront la virée en canoë sur la Spey, entre Knockando et Craigellachie, avec halte pique-nique et dégustations. La balade est sublime, je l’ai faite en chavirant 2 fois (mais sans les dégustations).

Plus reposants : la randonnée sur les chemins des contrebandiers dans les Braes de Glenlivet, la promenade historique autour de Mortlach, l’Aberlour Botanical Walk, la promenade dans les somptueux jardins victoriens de Glen Grant, l’entraînement golf & whisky (un pairing inédit). Et le grand rendez-vous qui signe la fin de partie : la dégustation (gratuite) sur la plage de Craigellachie, un moment de communion festif et joyeusement débridé au bord de la Spey pour se dire “à l’année prochaine”. Non, pas vous : on se retrouve jeudi voyons !

Par Christine Lambert

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