Face à l’effervescence du segment premium, la marque mauricienne Arcane opère une refonte complète de son image et revalorise ses cuvées phares. Objectif : asseoir sa légitimité dans un univers où le storytelling ne suffit plus.
Le monde du rhum évolue à grande vitesse, et les marques qui ne s’adaptent pas risquent de rester sur le quai. Arcane Rum, née à l’île Maurice en 2010, semble l’avoir compris. Sa nouvelle identité visuelle va bien au-delà du cosmétique. Elle renforce ses ancrages narratifs et repositionne ses cuvées dans une optique de montée en gamme.
Pour Arcane, la canne à sucre mauricienne devient donc une colonne vertébrale identitaire. La nouvelle signature de marque — The art of the sugarcane — sonne comme une volonté de recentrage après plusieurs années à jouer une partition plus floue entre rhums arrangés et expressions premiums.
La refonte de la cuvée Extraroma incarne ainsi cette volonté de clarification. Derrière une nouvelle bouteille aux lignes plus affirmées, le rhum affiche désormais un vieillissement de trois ans. Une manière de s’aligner sur les standards de plus en plus exigeants d’un public averti, en quête de structure et de complexité. À la dégustation, le profil reste accessible : sucre brun, vanille, épices douces et une finale boisée. Le prix (39 €) confirme cette posture hybride : premium, mais pas élitiste.
Avec Flamboyance, Arcane monte d’un cran. Vieillissement en fûts de chêne français et américain, finish en fûts de single malt, édition limitée à 4098 bouteilles — tous les codes du segment « collector » sont activés. La palette aromatique, plus ambitieuse, lorgne vers la complexité d’un rhum de dégustation, sans pour autant renier une certaine rondeur exotique. Affiché à 86 €, ce rhum vise clairement une cible de connaisseurs curieux.
Si l’île Maurice est bel et bien un territoire de production historique de la canne à sucre, elle reste encore peu identifiée sur la scène internationale du rhum. En ce sens, Arcane fait le pari risqué mais potentiellement payant d’en faire un levier de différenciation. À condition d’incarner véritablement ce terroir — dans les méthodes de distillation, le sourcing des matières premières, et non seulement dans l’imaginaire tropical véhiculé par la marque.
Car la tendance actuelle ne pardonne plus les discours déconnectés de la réalité du produit. Les amateurs de rhum — à l’instar des consommateurs de whisky il y a dix ans — s’informent, comparent, dissèquent. Face à cette montée en compétence du public, les marques doivent plus que jamais allier transparence, cohérence et sincérité.
Depuis son rachat par Spiribam en 2017, Arcane évolue au sein d’un portefeuille où les marques ont toutes un ancrage fort : la Martinique pour Clément, Sainte-Lucie pour Chairman’s Reserve, Marie-Galante pour Bielle. Dans ce paysage, Arcane a parfois peiné à exister. Cette refonte apparaît donc comme une tentative de redonner du sens à la marque, en misant sur une origine encore peu exploitée, mais riche en potentiel.
Le défi ? Réussir à faire exister cette identité au-delà du marketing, dans le verre comme sur l’étiquette. Car le marché du rhum premium n’a jamais été aussi concurrentiel — et exigeant.
Extraroma 70cl | 40 % – 39 €
Flamboyance 70cl | 40 % – 86 €