Skip to main content

Dans le monde des spiritueux artisanaux, les alliances sont rarement anodines. Celle qui réunit Bear Brothers et le trio de bartenders derrière les bars CopperBay, fait figure de manifeste. Ensemble, ils lancent BB/13, un gin inspiré par la Méditerranée, conçu comme un hommage à la Provence, à Marseille, à la garrigue et à l’anis. Une création à quatre mains, technique et sensible, qui traduit une volonté partagée : faire dialoguer le monde de la distillation et celui du cocktail.

Avec le lancement du gin BB/13, fruit d’une collaboration avec le CopperBay, Bear Brothers signe un nouveau jalon dans son ascension. Installée aux portes de Toulouse, Bear Brothers incarne une production artisanale, locale, durable et innovante, où gin, vodka et whisky s’envisagent comme des expressions saisonnières du vivant.

Pour preuve ce gin qui sent la garrigue et la lumière du Sud. BB/13, dévoilé en juin au CopperBay Lancaster à Paris, est la dernière création signée par la jeune distillerie, élaborée à quatre mains avec l’équipe du célèbre bar à cocktails. C’est à Marseille que l’histoire du BB/13 trouve sa source. L’équipe du CopperBay, qui a fait de la Méditerranée son fil rouge, découvre l’univers de Bear Brothers et propose une idée simple : créer un gin maison, solaire, aromatique, inspiré du Sud. L’alchimie opère. Treize ingrédients — dont zestes de pomelo et de bergamote, anis étoilé, sarriette, basilic, thym, romarin, réglisse, absinthe — sont sélectionnés pour évoquer la garrigue, les marchés provençaux et les embruns d’anis. Le résultat est à la hauteur : un gin intense au nez, vibrant sur les agrumes et les herbes, avec une bouche franche et herbacée, ample, dominée par l’anis et adoucie par la réglisse. La finale, longue et lumineuse, évoque les fins d’après-midi méditerranéens. Distillé en une seule passe dans les alambics Stupfler, pour préserver les arômes les plus fins, BB/13 conserve toute la finesse des huiles essentielles et une fraîcheur remarquable.

A l’arrivée, un gin thématique, vibrant, anisé et herbacé, imaginé comme un hommage à la Méditerranée. Derrière l’exercice de style se lit une volonté assumée : affirmer une identité aromatique forte, affranchie des tendances génériques du gin contemporain. Cette quête d’expression aromatique repose sur une chaîne de production intégrée : blé bio français pour l’alcool neutre, zestes d’agrumes frais travaillés et mis en macération dans les 48h, genièvre cueilli à la main en altitude, réduction à l’eau de source des Pyrénées… Ici, tout est pensé pour servir le goût, sans additifs ni compromis. Les matières premières sont locales, bios, souvent saisonnières.

« C’est une belle aventure humaine, née de valeurs partagées avec le CopperBay : exigence, créativité, ancrage territorial », explique Alexandre Caruana, l’un des trois fondateurs. Une démarche cohérente avec l’ADN de la distillerie, qui place l’origine des ingrédients, la précision technique et la sincérité des profils au cœur de son projet.

Un trio toulousain en quête de sens

Revenons à la source. En 2019, Julien et Alexandre Caruana, rejoins par leur ami d’enfance Frédéric Gommard, tous trois issus du monde du sport, passionnés de gastronomie et de nature, se donnent pour mission de « distiller la nature, révéler son goût ». Une devise qui ne relève pas du simple storytelling : leur projet repose sur une vision intégrée, où production, culture et transformation s’articulent autour du respect du vivant.

Ce choix fondateur, ils l’ont ancré à Auzeville-Tolosane, aux portes de Toulouse, au cœur de l’Agrobiopole. Sur un hectare de terrain, ils ont construit une distillerie modèle, aux abords duquel ils ont acquis 5 ha de terres cultivables. Bâtiment à énergie optimisée sur 1 300 m2, deux alambics Stupfler – la référence en distillation artisanale – microbrasserie maison pour produire leur propre wash, terres cultivées en conversion bio… Tout a été pensé pour conjuguer autonomie, qualité et durabilité. Les alambics, installés par Jean-Louis Stupfler himself, gardant scrupuleusement secret les secrets de ses superbes machines cuivrées. A suivre, une serre, 670 arbres fruitiers, 1 300 pieds de genévrier. Objectif : autonomie et maîtrise complète de la filière, du champ au verre. « Produire moins, mais mieux, dans le respect de la terre et du goût », résument-ils.

L’art de décliner les arômes

Derrière cette esthétique solaire se cache un projet d’envergure. Avec une capacité de production de 800 000 bouteilles par an, une levée de fonds récente et des ambitions à l’export déjà concrétisées, Bear Brothers entend bien s’imposer comme l’un des fers de lance du renouveau des spiritueux français. Le tout sans renoncer à ses valeurs d’origine : naturalité, transparence, circuit court.

D’abord connus pour leurs gins, dont le très expressif BB/09 ou le délicieux Microcitrus, élaboré avec du citron caviar et du yuzu, Bear Brothers ont aussi investi le champ de la vodka, avec deux références phares. La vodka Originale, distillée à partir de blé bio et d’eau de source des Pyrénées, séduit par sa pureté et sa fraîcheur. Quant à la vodka Clémentina (où la clémentine débarque délicatement en bouche), aromatisée à la distillation avec des agrumes corses et du poivre de Timut, elle s’affirme comme un spiritueux de dégustation à part entière.

Mais c’est sans doute du côté du whisky que la maison dévoile ses ambitions les plus structurantes. Grâce à l’acquisition d’une microbrasserie et la culture de leur propre orge, Bear Brothers produit désormais son propre wash, signe d’une maîtrise croissante de la chaîne de production. Le 2B Double Malt, vieilli en ex-fûts de Caillou Blanc du Château Talbot, a d’ailleurs décroché la médaille d’or au Concours général agricole 2025, preuve d’un savoir-faire déjà reconnu. Son profil ? Élégant, soyeux, marqué par des notes pâtissières et une belle maturité.

Les chais de Bear Brothers accueillent actuellement les vieillissements en ex-fûts de vin et de spiritueux français. Le choix des contenants n’est jamais anodin : Caillou Blanc, pineau des Charentes, armagnac… Autant de fûts choisis pour leur potentiel œnologique et leur capacité à apporter de la complexité sans masquer le distillat. À terme, la maison envisage des fermentations longues, des levures indigènes, des fûts expérimentaux – autant de pistes explorées avec rigueur et patience.

Leave a Reply