Lancée en 2007 par l’Américain Rob Cooper, la liqueur St-Germain a fait basculer la fleur de sureau, trésor discret des haies européennes, dans l’univers glamour de la mixologie. Du ramassage minutieux de mille ombelles par bouteille jusqu’au flacon Art déco devenu incontournable derrière les comptoirs, retour sur une success story qui conjugue artisanat, design et culture cocktail.
La scène se passe à Saint-Germain-des-Prés, berceau historique des avant-gardes parisiennes. Séduit par l’art de vivre local et poussé par la tradition familiale des liqueurs (son père avait signé Chambord), Rob Cooper imagine en 2007 une liqueur florale capable d’exprimer la subtilité du sureau tout en parlant au monde entier. D’emblée, St-Germain affiche deux promesses : produire en France et bannir aromes artificiels et conservateurs.
Pour tenir parole, la marque se livre chaque printemps à une véritable course contre la montre. Les inflorescences, cueillies à la main au pic de floraison, doivent être mises à macérer le jour même pour préserver leurs arômes. Elles infusent plusieurs heures dans de l’eau tiède avant d’être filtrées puis acheminées à Fécamp, en Normandie, où l’extrait naturel est assemblé à une eau-de-vie de vin légèrement sucrée. Il faut environ 1 000 fleurs pour remplir une bouteille de 70 cl, d’où la teinte dorée due au pollen.
Le résultat se glisse dans un flacon à pans coupés inspiré des Années 1920 et du style Art Déco : dorures, étiquette bleu nuit, numéro de lot et petite bicyclette gravée – clin d’œil aux premières récoltes. Disponible en 20 cl, 50 cl ou 70 cl, ce design soigné signe l’identité premium de la marque autant qu’il garantit la traçabilité de chaque cuvée.
Si St-Germain s’est imposée si vite, c’est qu’elle offre aux bartenders un exhausteur de goût polyvalent. Ses notes florales et fruitées s’accordent aussi bien au gin qu’au rhum, au whisky ou à la tequila, ouvrant un terrain de jeu infini, du Frenchie Negroni au Daiquiri parisien. Cocktail signature, le St-Germain Spritz – 4 cl de liqueur, 6 cl de Prosecco, 6 cl d’eau pétillante, zeste de citron – a conquis les terrasses pour sa fraîcheur et sa faible teneur : 1,2 unité d’alcool par verre.
« St-Germain apporte une touche de printemps à n’importe quel classique », résume Franck Dedieu, ambassadeur monde de la marque et champion de France de cocktails. Il découvre St-Germain, alors qu’il officie chez l’Antiquaire à Lyon. Son conseil ? « Préparez verres, glace et Prosecco bien frais ; en carafe, le Spritz se partage sans stress. »
Derrière le vernis chic, la maison revendique une démarche durable : partenariats avec des coopératives, récoltes respectueuses des biotopes et process limitant les intrants. Un positionnement qui répond à la quête d’authenticité des consommateurs sans céder sur l’élégance, signature du « made in France ».
En moins de vingt ans, la liqueur de Rob Cooper est ainsi passée des haies de sureau aux back-bars du monde entier, portant haut la grammaire de la fleur sauvage et l’esthétique parisienne. Un double héritage qui continue d’inspirer les barmen comme les amateurs, verre de Spritz à la main.