Ils ont choisi la viticulture biologique par respect pour la terre et pour le goût des terroirs. Ces vignerons engagés, sont une exception au pays du cognac. Et si l’avenir leur donnait raison ?
En France, le marché des produits alimentaires bio ne connaît pas la crise ! Rassurant et tendance, il a doublé en cinq ans. Le vignoble français suit le mouvement. Depuis 10 ans, les surfaces bio ont quadruplé et représentent désormais 9 % du vignoble national. Pourtant, si les vins AB ont le vent en poupe, le cognac, premier spiritueux a avoir obtenu la certification, reste à la traîne dans l’ombre des grands leaders conventionnels. Sur les 75 000 hectares de vignes de l’appellation, à peine 1 % sont certifiés. Qui sont ces artisans du cognac anti-conformistes et visionnaires ? Comment gardent-t-ils le cap dans un contexte climatique difficile et face à la pression productiviste du négoce ? Bienvenu sur la route d’un des trésors cachés du cognac.
Posons le décor, les majors Hennessy, Martell, Rémy Martin et Courvoisier assurent à eux seuls 80 % des ventes de cognac dans le monde. Ils s’approvisionnent auprès des 4500 viticulteurs de l’appellation dont la vocation est de produire du vin ou de l’eau-de-vie. La production est une affaire de viticulteurs, la commercialisation, l’affaire des négociants ! Tout autre modèle n’est qu’une exception. A cognac être vigneron bio et vendre en direct sa production aux consommateurs est une double exception quand on sait que la moitié des volumes de cognac biologique termine anonyme et sans valorisation dans les assemblages des grandes maisons. Vous me suivez toujours? A Cognac plus qu’ailleurs, il faut être sacrément motivé pour sortir des sentiers battus et se lancer dans un scénario viticole différent.
«Ne plus utiliser de produits phytosanitaires à un impact sur le coût de production du vin de distillation » explique Pascal Rousteau viticulteur bio depuis 1998 et président de l’association des producteurs Vitibio en Charentes. « Nous passons plus de temps dans la vigne, nous investissons dans du matériel adapté et nous avons des coûts de main d’œuvre plus élevés ». Pour vivre mieux de cet engagement environnemental, un choix de vigneron s’impose, celui de commercialiser toute sa production de cognac bio en bouteilles. Levez vos deux mains, compter vos dix doigts, ceux qui ont fait ce choix ne sont guère plus nombreux!
Sources BNIC – la société Green Trésors – l’association Vitibio