Cognac continue son ascension sur la scène du whisky français. Voici Fontagard, nouvelle venue sur l’hexagone du malt et qui, d’office, imprime ses marques, en dévoilant trois expressions. Aux manettes, quatre personnalités passionnées et une distillerie plus que centenaire, qui distille à façon pour les grandes maisons cognaçaises. Une recette idéale qui confirme que la lune de miel entre whisky et cognac se prolonge. Phénomène paradoxal puisque longtemps, les deux catégories se sont fait face.
Richard Lambert, l’un des fondateurs de la marque, fait jouer les mots pour décrire Fontagard, « on a créé un whisky, couleurs locales, avec les valeurs d’antan mais la vision de demain ». Un projet qui, il est vrai sur le papier, est au croisement de trois époques. D’abord la distillerie, construite en 1878 à Neuillac, au sud de Cognac, au cœur de la Petite Champagne. Une distillerie qui opère pour de grandes marques comme Courvoisier (Beam Suntory) ou Remy Martin (Remy Cointreau) permettant de produire les jus nécessaires grâce à ses 10 alambics charentais à double distillation. Avec une capacité de stockage de 5000 hectolitres en fûts de chêne, et de 15 000 hectolitres en cuves inox, la vénérable distillerie se transforme également en grossiste en vrac à l’occasion.
Mais la distillerie s’inscrit également dans le présent en favorisant le local pour choisir le type d’orge, ici principalement en 6 rangs, utilisés dans la recette du moût. Un ensemble qui fera vivre un écosystème déjà éprouvé dans la distillation de cognac à façon.
Regard vers le futur enfin, avec le choix du packaging novateur, « qui reprend les quatre éléments, la Terre, l’Eau, l’Air et le Feu » souligne Richard Lambert.
Un futur qui se dessine sous la forme de 3 expressions tout en consonnes et en chiffres : CGNC 9918-5, PNDC 9918-9 et STRN 9918-8. Le premier, distillé en 2018, combine des notes de boisés, de fruits et de tabac, œuvre d’un vieillissement en fûts de Cognac et de Bourbon. Plus suave et délicat, le PNDC laisse flotter des arômes de fruits rouges et plus confis, résultat du passage en fût de Cognac et de Pineau des Charentes. Enfin le STRN décline des arômes de miel, de fruits jaunes qui oscille avec une douce fumée, combinaison d’un patient mariage des fûts de Cognac et de Sauternes utilisés pour l’assemblage.
Un travail de distillation et de maturation qui marie élégance et complexité, signature du Maître Distillateur des lieux et co-fondateur de la marque, Adrien Granchere. Conseillé par son père Dominique aux alambics, de Richard Lambert et d’Alfred Cointreau (6ème génération de la liqueur éponyme), le quatuor co-pilote le projet devenu réalité.
Le whisky doit son nom Fontagard au hameau d’origine, ancien relais de diligence désormais transformé en chais. Un hameau où les frises qui ornent les murs protègent et rappellent que le whisky Fontagard est tout sauf une chimère.
Par Nicolas LE BRUN