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Pour sa 4e (et dernière) année sur les Docks en bord de Seine, le WLP dévoile quelque 250 nouveautés. Petit guide whisky et rhum pour transformer le marathon en parcours de santé.

 

Plus que quelques dizaines d’heures pour te préparer à l’épreuve reine des JO spiritueux, une discipline qui relève à la fois du marathon, du 10.000 m steeple et du 50 km marche un verre à la main (la casse est éliminatoire) : le Whisky Live Paris. Je sais, je te cueille à froid. Alors si tu le permets, on va économiser sur l’échauffement et sautiller à l’essentiel, les nouveautés et avant-premières marquantes, parmi les 250 présentées ce week-end. Et plus précisément les whiskies et les rhums.

Car l’événement dans le show du whisky cette année, c’est… le rhum. Le rhum qui, de guest, est en train de voler la scène. Le rhum dont les ventes s’envolent et qui poursuit avec méthode son inexorable montée en gamme. La surface qui lui est dédiée sur les Docks a donc triplé par rapport à l’année dernière, et il prend ses aises au premier étage, pendant que le whisky joue les voisins du dessus en chaussons (pour le tapage nocturne, voir en rez-de-Seine à la Cocktail Street).

 

Attaque au sommet

 

Je te propose d’attaquer par le sommet, la descente s’en trouvera doublement facilitée. Preuve que le scotch frétille encore, « Négoce not dead » (je le fais imprimer en T-shirt). A tout senior, tout honneur, on passera chez Gordon & MacPhail découvrir le relooking de la noble gamme Connoisseurs Choice, qui fêtait ses 50 ans, et la nouvelle ligne Discovery. S’il faut choisir, Mannochmore 1999, Inchgower 2005, Bunnahabhain 11 ans pour t’assouplir le palais. Après cette mise en bouche, allons souffler les 30 bougies de Signatory Vintage, qui sort pour l’occasion 30 cuvées. Les Bowmore 1972, Ladyburn 1974 et autre Bunnahabhain 1978 s’ébroueront sans doute à l’espace VIP (encore que, parfois, sous la table…), mais on me vante l’Aultmore 2006 (fût de sherry), bouteille officielle du WLP 2018. La dernière gamme de LMDW, 20 Rue d’Anjou, te tend alors les bras : Clynelish 1995 ? Ballechin 2011 ? Kavalan sherry cask noir comme l’encre dont on écrit les poèmes ? Les collections Artiste et Collective (oui, je sais, sans GPS, ça devient compliqué de retrouver sa niche dans les méandres de la « Maison », mais fais un effort) se renforcent : Aultmore 2006 sherry à tomber d’après ceux qui l’ont goûté.

Va faire ensuite un crochet chez Mossburn, la jeune gamme d’embouteillages de Marussia, également propriétaire de la nouvelle distillerie de Skye, Torabhaig (si tu demandes poliment, ils ont apporté le distillat – mais ce n’est pas moi qui te l’ai dit). Te voilà en principe échauffé, il est temps de jouer des coudes pour approcher Compass Box par la face nord. The Story of the Spaniard, un blended malt puissamment sherry, vient rejoindre les embouteillages permanents, le nouveau Juveniles, a priori moins juvénile cette fois, et le dernier Flaming Heart sont de la partie. On ne sait jamais…

Toutes les grandes marques ont planté leurs piquets : inutile de te faire l’article, tu connais le parcours, je te laisse enquiller les cols en danseuse. Signalons sur le bord du ravin la nouvelle expérience de Glenfiddich, Fire and Cane, un tourbé qui finit roulé dans les fûts de rhum. Juste à côté, Balvenie te sert son Tun 1509 batch 5. Un peu plus loin, Macallan vient avec sa trilogie de 12 ans (seul le Double Cask est nouveau) et son Edition N°4 (très réussie, je dois dire). Chez Highland Park, on déploie la voilure du drakkar : Valknut et Dragon Legend (tiens, le panthéon viking est épuisé ?) jettent l’encre à Paris.

 

Revival is back !

 

Bruichladdich réédite son speed dating chronométré avec dégustations à heures fixes. Profites-en pour embrasser le PC 10 ans et son frangin Islay Barley 2011, si ce n’est déjà fait, avant d’aspirer la fumée des Octomore 9.1 (156 ppm, 59,1%) et 9.3 (133 ppm, 62,9%). Psst ! Approche, je ne peux pas le dire trop fort. On me murmure que le dernier Black Art 6.1 sera planqué sous un pan de nappe… Wolfburn fera découvrir Langskip, vieilli en ex-fûts de bourbon et embouteillé à 58%. Respire, on va bientôt faire une pause. Mais pas avant de se précipiter chez Glendronach pour fêter le retour du 15 ans Revival. Trois ans qu’on l’attendait, celui-ci : savoure. Juste à côté, BenRiach présente son 12 ans Sherry Wood, jusqu’à présent réservé à l’Asie.

Année calme chez les Japonais. On annonce sans vraiment le dire un blend « pas cher » chez Nikka mais les nuances de ces termes entre guillemets se perdent parfois in translation… Blend toujours avec Toki chez Suntory, si tu ne l’as pas déjà testé. Va discuter avec les gens de Mars Shinshu et Tsunuki, et attrape au passage le Chichibu Paris Edition (en partie élevé en fûts de vin), un tantinet déboussolant.

Normalement, à ce stade tu n’as plus qu’une envie : foncer vers un food truck quitte à te faire emboutir les tympans. Reprends ensuite ton souffle avant d’aller tâter le pouls des whiskies du monde. Commence par le malt français qui prend cette année la parole avec force en occupant une plus large surface au lieu de se partager un coin de table. Va célébrer le premier single malt 10 ans d’âge (dans une gamme relookée) présenté en avant-première par les Bretons d’Armorik. Mais je t’encourage à caboter de stand en stand pour apprécier la qualité et la diversité du french whisky.

Chez Kavalan, un Sherry Cask (57,8%) sur-anabolisé qui se goûte en plantant les molaires dedans. Chez Amrut, un Bourbon Cask LMDW (60%) des plus voluptueux. Fais-moi plaisir, trotte jusqu’au stand des Suédois de Box, rebaptisé High Coast sous l’amicale pression des avocats de Compass Box. Ce qu’on a pu y goûter l’an dernier émoustillait la glotte, hâte de voir la suite.

 

Des petits nouveaux

 

Deux nouvelles distilleries à te signaler : Lindores Abbey (Ecosse) et Slane Castle (Irlande). Les US traînent un peu la patte cette année, mais tu peux aller voir de plus près le straight malt whiskey de Woodford Reserve : it’s not bourbon, it’s not single malt, it’s… non, it’s not du Jack non plus, mais tout simplement une recette 51% d’orge maltée, 2% seigle et maïs pour le reste.

Allez, viens, descendons la rampe, il est temps de traverser les champs de canne. A l’heure de mes repérage, le partage des bouteilles de rhum entre le bar VIP et les stands n’était pas toujours très clair, alors tu me pardonneras les raccourcis. La vedette du salon, c’est incontestablement la Jamaïque, que tu retrouves avec les premiers OB de Hampden, dans la nouvelle gamme Jamaican Stills (4 Long Pond pour commencer) de LM&V (LMDW et Velier), chez Plantation bien sûr, sans oublier le premier millésime officiel de Worthy Park (un 2006 brut de fût) et 3 nouveaux finishes.

L’autre événement, c’est la présentation du premier rhum de la toute nouvelle Distillerie de Port-au-Prince, ouverte en Haïti par LM&V : Providence, élaboré à base de sirop. Ne t’éloigne pas et goûte le nouveau clairin haïtien, Communal, un blend spécial mixo.

Parmi les curiosités, Neisson livre un parcellaire et un Profil 107 (52,8%) pour LMDW, Savanna se pointe avec une collection de grands arômes, et tu pourras poser les lèvres sur les Caroni Employees – je ne me trompe sans doute pas en t’indiquant le chemin de l’espace VIP. Si tu t’égares, repère les salles de masterclasses à chaque étage : on y attend du beau linge, et les séances s’égrènent en décalé de 30 mn. Autrement dit, si tu rates une conférence rhum, tu as le temps de grimper l’escalier vers le whisky pour attraper la suivante, et vice versa. Une sorte d’omnibus du savoir spiritueux, en somme.
On se retrouve ce week-end sur les Docks ? Et la semaine prochaine ici même, dans cette chronique qui devient hebdomadaire. Oh pardon, je te cueille de nouveau à froid.

 

Par Christine Lambert

 

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