Whisky, rhum, etc : que nous réserve la rentrée ?

On l’attend depuis plus d’un an, la voici enfin : la nouvelle gamme de Scapa. La distillerie des îles Orcades, campée face aux flots, s’offre au passage un relooking particulièrement réussi appelant à mettre les voiles vers d’azur horizons. Saluons le retour des comptes d’âge : 10, 16 et 21 ans, l’embouteillage haut voltage (48% pour les deux premiers) et l’absence de filtration à froid. A goûter au Whisky Live Paris (WLP).

En cette rentrée, deux des leaders du whisky français changent de garde-robe. Le triple malt – un blended malt – Bellevoye, d’abord. Personne (ou quasi) en France n’imprime ce qu’est un triple malt et encore moins un blended malt, mais à l’avenir tout le monde reconnaîtra ces 7 références qui s’avancent désormais dans une belle carafe qu’on n’aurait pas reniée dans Dallas. Le sourcing des whiskies est désormais stabilisé autour de Bercloux, Hepp et la Distillerie du Vercors (triple malt, CQFD). Et la qualité des jus a été retravaillée. Le tout sans augmentation des prix. Si, après dégustation au WLP, vous vous sentez pousser un chapeau de cow-boy JR ou un brushing Pamela, pas d’inquiétude, les effets s’atténuent dans les 24 heures.

Pour accompagner la fin des grands travaux d’agrandissement de sa distillerie (à lire dans le prochain Whisky Magazine (abonnement ici), Rozelieures aussi change de look en cette rentrée. Et rhabille élégamment sa gamme avec une nouvelle bouteille plus légère de 15%, soufflée en France sur un moule propriétaire. La silhouette reprend les lignes du volcan d’Essey-la-Côte, qui remonte en piqûre au fond de la quille, tandis que les ondulations sur l’étiquette symbolisent les sillons des champs cultivés depuis 6 générations. Le nom de la distillerie, engravé sur le bouchon et sur le flanc du verre, clame avec force l’identité du whisky lorrain. Cette montée en gamme aboutie se fait, là encore, sans augmentation du prix de vente – paraît que nous autres consommateurs sommes devenus susceptibles sur ce point. Ah bon ?

Approchez, on va se parler à voix basse pour ne pas trop ébruiter la nouvelle avant l’heure : Fontagard dévoilera au WLP son premier single malt tourbé, TORB – oui, gros potentiel de vannes. Légèrement phénolique, élaboré à base de malt allemand, avec un apport de fût de chêne américain neuf char 3 (made in Charente), il sera embouteillé à plus haut degré que le reste de la gamme permanente, qui passe donc à 5 références – déjà. Sous vos applaudissements.

A Houlle, près de Saint-Omer, la distillerie Persyn, la plus ancienne distillerie de grain en activité en France, célèbre pour son genièvre, livre ses 2 premiers whiskies. En suivant une partition originale, puisqu’il s’agit de single grains élaborés sur un mélange malt, seigle et avoine, et passés par une quadruple distillation à flamme nue en alambics à repasse de cuivre, selon sa tradition. Particularité maison supplémentaire : zéro filtration, tout le porridge de céréale part dans la cucurbite, accentuant la présence de la matière première. Élevage en fûts de cognac, embouteillage à 54,1% (500 exemplaires) et 44% (2.200 quilles) : bienvenue au Whisky de Houlle – et on s’en reparle dès que je tope un échantillon.

Ce pilier emblématique de Laphroaig avait créé la surprise en 2021, en quittant Islay après plus de 25 ans de loyaux services sur la côte de Kildalton pour rejoindre Lochlea, dont il a accouché les premiers whiskies. Il vient d’annoncer son départ cette semaine. Mauvaise nouvelle pour la petite distillerie des Lowlands.

Le blender agitateur annonçait ces derniers mois que 3 références iconiques – Hedonism, Spice Tree et The Story of the Spaniard – quittaient la gamme permanente. On sait désormais qu’elles laissent place à un blend, Nectarosity, et à un blended malt, Crimson Casks. A découvrir au WLP.

La nouvelle est tombée au début de l’été, alors pour ceux qui avaient déjà la tête aux JO : Dallas Dhu reprend du service. La distillerie du Speyside, construite en 1899, avait cessé la production en 1983, avant d’être transformée en musée du whisky. C’est Aceo, un broker propriétaire également de l’embouteilleur indépendant Murray McDavid et de la distillerie Coleburn, qui se charge de réveiller la belle endormie, tandis que l’établissement public Historic Environment Scotland reste chargé de la protection du site et des bâtiments victoriens.

Un Small Batch 17 ans arrive chez Aberlour. Assemblage de malts vieillis en fûts de chêne yankee first fill (57,4%) et en ex-fûts de xérès (42,6% – je vous évite la soustraction. De rien). 432 exemplaires seulement, embouteillés brut de coffrage à 58,8%. Ô joie.

Cela reste entre nous, promis ? Pour célébrer son 90^e anniversaire, Nikka dévoile au WLP une cuvée Nine Decades composée par son maître assembleur Hiromi Ozaki. Cette édition très spéciale et confidentielle intègre notamment un single malt du plus vieux fût de Yoichi (1945), et plusieurs millésimes de la distillerie d’Hokkaido entonnés dans les années 1950 à 2020, auxquels s’ajoutent des Miyagikyo datant des années 1960 à 2020 ainsi que des whiskies provenant de Nishinomiya, Moji, Satsumatsukasa et bien sûr Ben Nevis (vintages 1960 à 2020).

La distillerie irlandaise révèle en septembre 2 nouvelles références bien alléchantes : un embouteillage Goldthorpe dans sa gamme Heritage, qui ressuscite les anciennes variétés d’orge – la goldthorpe était cultivée sur l’île Verte dans les années 1920. Et la première Cuvée Luna, bâtie sur une orge cultivée en biodynamie, et assemblant différents millésimes de cette expression. Luna 1.1 et Hunter (Heritage) restant parmi les Waterford que j’ai préférés à ce jour, autant vous dire que j’ai hâte de french kisser la suite.

Bye, bye, Rum-Bar ! La première marque lancée par Worthy Park disparaît : ses références Overproof et Silver voguent désormais sous pavillon Worthy Park – le Gold passe par pertes et profits. La distillerie-sucrerie jamaïcaine en profite pour introduire dans sa gamme permanente un 12 ans (embouteillé à 50%) mûri en fûts de bourbon de premier remplissage. Un Rum Cream apparaît également au catalogue.

On attendait le relooking de Maison La Mauny, mais c’est finalement celui des rhums vieux de Trois Rivières qui se verront repackagés sous peu, dans une bouteille « plus premium et plus trapue ».

Séance de rattrapage pour qui aurait raté l’info à la plage. A l’occasion du World Rum Day le 13 juillet, Ewan Henderson a lancé la plateforme Rum Geography. Un site internet qui référence, présente et actualise en temps réel tous les producteurs de rhum à travers la planète, en plus d’offrir des conseils de voyage en mode spiritourisme pour chaque destination. Y compris les plus inattendues : saviez-vous qu’on compte 51 producteurs de rhum dans le seul Etat de Floride ?

Envie d’une expérience authentique et originale dans le Cavados, à l’écart du circuit touristique ? La maison Roger Groult, nichée à Saint-Cyr-du-Ronceray, près de Lisieux, organise deux visites nocturnes du domaine et de la distillerie, qui s’achèveront à la lanterne au pied des alambics alimentés au feu de bois, à l’ancienne. Rendez-vous les 13 et 20 septembre ! Réservations par téléphone (02 31 63 71 53) ou par mail (commercial@calvados-groult.com).

Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous aurez eu l’info avant l’été, mais j’ose la répétition pour ceux qui ont une vie. En marge de l’élaboration de ses single malts, Maison Lineti poursuit un important travail de recherche et de diffusion des savoirs relatifs au whisky – et bien au-delà en réalité. Sous l’égide de Magali Picard et d’Alex Cosculluela, ses cofondateurs, la distillerie de Saint-Emilion publie tous les deux mois un « Livre de chai » thématique numérique : impact de l’eau de brassage, de la dilution, détection des arômes, importance du grain du chêne dans le vieillissement… Une mine d’infos pour les geeks et les curieux. Mieux ? Vous pouvez tous les télécharger gratuitement ici. Saluons ce partage… en attendant de pouvoir déguster les premiers whiskies.