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Après les whiskies la semaine dernière, il était temps de tendre au Petit Papa Noël, dès sa descente de cheminée, la liste des spiritueux à offrir. Ou à s’offrir. Voire les deux. Une sélection pour tous les goûts, tous les budgets, toutes les papilles.

4 rhums


Foursquare 2007
Vous verrez, ça ne fait pas mal : même si vous devez l’offrir à tonton Roger dans l’espoir de lui fermer le clapet avant le chapon farci, ses 59° (eh oui) s’avancent avec puissance et velours sans vous napalmer les cordes vocale (je sens votre déception). Vieilli 12 ans en fût de bourbon, cet assemblage de rhums distillés en alambic pot still et en colonne, selon la pure tradition de La Barbade, exsude avec élégance des notes chocolatées, réglissées, posées sur un vieux cuir auprès d’une boîte à tabac. Un futur collector • 70 cl, 59%, 70€.


Black Tot
Son nom rappelle le 31 juillet 1970, le Black Tot Day, qui marqua la fin de la distribution d’une ration de rhum quotidienne (la « tot ») à bord des navires de la Royal Navy. Ce jour-là, les marins de Sa Majesté arborèrent un brassard noir en signe de deuil – autres temps, autres mœurs. Gorgé de fruits tropicaux réveillés d’épices douces et de notes de café torréfié, Black Tot assemble des rhums du Guyana (à 60%), de La Barbade (à 35%) et de Jamaïque (5%), et n’a subi ni coloration, ni édulcoration, ni filtration à froid. Un « Navy rum » moderne et accessible, haut de gamme mais pas élitiste • 70 cl, 46,2%, 50€.


Neisson 2015 Brut de fût
Je ne vais pas vous mentir : pur concentré aromatique tendu sur une trame végétale, ce single cask édité à 392 bouteilles seulement est très compliqué à dénicher. Mais vous trouverez d’autres expressions de la petite distillerie martiniquaise. Et d’autres flacons ornés des scènes naïves peintes à la main par le collectif Tatanka. Rhums blancs ou rhums vieillis, ils feront tout aussi bien l’affaire. Vous savez pourquoi ? On n’est jamais déçu par Neisson • 70 cl, 54,7%, 131€.

 


Gaya
Une toute nouvelle cachaça, sortie à l’initiative du tandem franco-brésilien derrière les bars parisiens Boteco. Distillée dans le Minas Gerais, en alambics, elle repose d’abord 6 mois en cuves inox avant de passer autant de temps en foudre de jequitiba, une essence de bois brésilienne qui lui confère ses discrets reflets dorés et sa douceur fondante. Ses notes de canne citronnée apprécient les cocktails subtils et les chocolats délicats. En caïpirinha, tâchez de ne pas avoir la main lourde sur les limes • 70 cl, 39%, 35€.

1 tequila

Téquila
Casamigos Reposado
Mais enfin, bien sûr que vous connaissez : la tequila de George Clooney, voyons ! Celle qu’il a revendue à Diageo, n°1 mondial des spiritueux, pour l’équivalent du PIB mexicain. Un vrai bonbon au dulce de leche que cet alcool 100% agave vieilli sept mois en fûts de chêne américain, avec des notes de succulente confite, de chocolat au lait, de fève tonka, d’amande amère. Douce, gourmande, soyeuse, elle se déguste sur glace, en shot ou au goulot – selon les recommandations de l’acteur. Et pour le prix, vous (vous) offrez un autographe de George himself. What else ? • 70 cl, 40%, 69€.

3 armagnacs

 


Domaine de Charron, Millésime 2004
Gros, gros, gros coup de cœur pour ce drôle de zèbre vif et fringuant qui lâche en pleine course sans s’essouffler ses notes de fruits jaunes épicés ponctués de pruneau. Comme toutes les eaux-de-vie du domaine landais, à l’exception de la blanche, il est élaboré uniquement sur le cépage baco, vieilli en barriques de chêne gascon neuves, embouteillé brut de fût sans le moindre additif, ni sucre ni colorant. L’armagnac à l’état sauvage. Tenez, je vous remets des <3 pour la route • 70 cl, 50,8%, 79€.

Château de Laubade, Le Plant de Graisse millésime 2006
Toujours se méfier de l’eau-de-vie qui dort. La très traditionnelle maison Laubade bouscule un peu ses habitudes en proposant dans sa collection Les Curiosités 3 petites séries novatrices : un finish en fûts de rhum martiniquais (L’Agricole), un autre en fût de whisky français du Tarn (Gascogna) et le dernier que je vous recommande chaudement en soufflant sur mes moufles, Le Plant de Graisse, du nom du rarissime et très ancien cépage dont il est intégralement issu et qui lui donne son nom. Gras, presque cireux, très herbacé, avec une belle acidité sous son fruité sec, ce bas-armagnac de 12 ans inédit et inattendu (dans le meilleur sens du terme) mérite toute votre attention • 50 cl, 46,3%, 55€.


Dartigalongue Un-Oaked
Une autre vieille maison d’Armagnac fait sauter les boutons du col et se desserre la cravate : Dartigalongue propose Un-Oaked, en good french une eau-de-vie non aged en fûts, tout droit out of the alambic après 3 months en cuve inox. Une blanche, quoi. Alors un conseil, amateurs de cocktails : lâchez vos inutiles vodkas de raisin qui collent désagréablement aux gencives et passez à la blanche d’armagnac. Fraîche, vive, florale, diablement aromatique, Un-Oaked assemble 3 cépages (baco, ugni blanc, folleblanche) pour exhaler un bouquet de fleurs blanches tombé dans les poires et frotté d’amande. Sous du tonic, en spritz ou en negroni (à la place du gin) : miaou. Armagnac power ! • 70 cl, 43,2%, 36€.

2 gins


Hendricks Midsummer Solstice
« Le » gin écossais qui a sauvé la catégorie de la noyade en fêtes estudiantines et amorcé le revival en mode premium lance une édition éphémère disponible pendant un an à compter de… là, tout de suite, maintenant. Le compte à rebours a commencé. Intensément floral, alangui sur les litchis et ensoleillé d’orange, Midsummer Solstice développe une séduisante amertume. Je l’ai notamment testé en spritz. Avant de fendre la nuit au galop à travers la forêt en chassant les papillons géants éméchés sur les fleurs écarlates. Et puis, malheureusement, le manège s’est arrêté, on m’a demandé de descendre du petit cheval • 70 cl, 43,4%, 45€.


Malouin’s Gin
Ce petit bijou iodé, salin et citronné qui fait souffler la tempête sous les glaçons nous arrive de Saint-Malo. Créé par un jeune couple de restaurateurs, Thomas et Charlotte Jourdan, cousu main par Lenaik Lemaitre à la distillerie Naguelann, il intègre, posée sur un lit d’agrumes, une brassée d’algues de marée basse – « quand même plus faciles à récolter qu’à marée haute », dixit le distillateur. C’pas faux, convenons-en. Divin en dirty martini • 70 cl, 43%, 54€.

3 nolo (no ou low alcohol)


Saké Ayam, La distillerie de Paris
La Distillerie de Paris, fabrique miraculeuse d’alcools sculptés par l’imaginaire no limit de Nicolas Julhès, prend de mystérieux parfums d’Asie avec ce saké revisité. Elaboré en micro-batch à base de riz rond, de riz complet et de riz rouge non polis – sacrilège au pays du Soleil-Levant – activé avec un hybride de kojis japonais et chinois (re-sacrilège !), fermenté puis muté à l’alcool de riz, Ayam est ensuite mûri en cuve inox puis en jarre de céramique. Résultat ? Un saké animal, aux notes de champignons, de sous-bois, soulignées d’une belle acidité. Disruptif, comme on dit dans le vocabulaire de la start-up nation • 50 cl, 15,5%, 19,90€.


MmC3, Grosperrin
Rien ne sera plus comme avant une fois que vous aurez posé les lèvres sur ce rarissime breuvage. Je préfère vous prévenir. Il s’agit d’un « moût muté au cognac » (MmC), définition même d’un apéritif plus connu sous le nom de « pineau ». Sauf que l’appellation lui a refusé ce titre, en raison de sa sucrosité très insuffisante et de son acidité explosive. Sauf qu’il a passé 35 ans en fût de chêne, dans l’ombre d’un petit chai. Sauf que sa finesse, son élégance, ses notes de petits fruits d’été ranciotés ne se laisseront plus oublier. Une gnôle de prince, au prix d’une pince • 70 cl, 17,5%, 36€.


Cidre Famille Dupont, Cuvée Colette
Pour le prix d’un très mauvais champ’ de supermarché, vous pouvez vous offrir ce cidre élevé selon la « méthode traditionnelle » (la méthode champenoise mais sans risquer le procès). La finesse de ses bulles, la fraîcheur de son effervescence sont tout simplement bluffantes. Faites péter le bouchon pour célébrer la fin de l’année ou testez-le en spritz à la place du prosecco : encore meilleur, n’est-il point ? • 70 cl, 7,5%, 18,50€.

1 calvados


Christian Drouin Pays d’Auge 1986
Seules 48 bouteilles de cette beauté ont été mises sur le marché, et je ne m’explique pas qu’elles ne soient pas déjà épuisées. Vieilli plus de trois décennies en fût de rivesaltes, ce calvados a conservé – ô miracle – une fraîcheur étourdissante sous la complexité des ans. Une dentelle d’acidité se pose sur un fruité floral précieusement boisé qui évolue de minute en minute dans le verre. Un ravissement liquide hautement contemplatif • 70 cl, 42%, 185€.

2 coffrets


Hennessy XO & Ice
La plus grande maison de cognac peut tout se permettre : éditer un coffret de fin d’année qui se transforme en seau à glace ; et vous inciter à noyer son vénérable et emblématique XO sous les glaçons. Avec 3 suggestions de dégustation : la première, que je vous intime d’oublier, consiste à givrer le cognac dans un grand verre à vin empli de glaçons, à la chinoise. La seconde consiste à vous limiter à trois cubes posés sur l’eau-de-vie dans un beau tumbler. La dernière vous propose de déguster le cognac sur un unique très gros bloc de glace, façon iceball. En fondant très lentement, il révélera progressivement l’onctuosité du spiritueux. La soirée au coin du feu s’annonce douce et fraiche • 185€


Grand Marnier x Nico de Soto
La très ancienne liqueur à base de cognac et d’orange amère se fait la malle. En collaboration avec le bartender Nico de Soto, elle a imaginé une valisette à roulette renfermant un siphon à soda, un jigger et une bouteille de 35 cl de Grand-Marnier. Vous vous souvenez de l’époque où vous demandiez au Petit Papa Noël la panoplie d’infirmière ou de Zorro ? Offrez celle du parfait mixologue aux adultes qui savent rester de grands enfants • 59€.

1 livre


Les Silencieux, de Cyril Weglarz
Si vous vous intéressez au rhum, vous avez forcément croisé sa plume puisque Cyril anime le blog DuRhum.com et bat des ailes dans Whisky Magazine pour encourager les anges un poil trop portés sur l’alcool de canne. Ces derniers mois, le bougre a rangé ses fioles pour nourrir un livre. Un livre comme on n’en fait plus : un livre de portraits, le plus casse-gueule des exercices. Portraits des petites mains de l’ombre et des grands noms à la lumière, portraits de celles et ceux qui font le rhum. Avec son compère le photographe Fredi Marcarini il révèle les visages sous les étiquettes, les sourires dans les souvenirs, le ton grave face à l’époque bavarde, à ses bouleversements, à cette croisée des chemins où les silencieux veillent en vigies. Un album nostalgique, bien sûr, mais pouvait-il en être autrement ? • Editions Velier, 35€.

 

Par Christine Lambert

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