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Son apparition date de 2008. A l’époque, il lance sa marque de gin, distillée en Allemagne au cœur de la Forêt-Noire, inspirée d’un officier britannique et de son singe. Ils sont peu à y croire et pourtant, à peine une décennie plus tard, la marque est rachetée par le groupe Pernod Ricard, faisant de Monkey 47 l’une des plus belles success story du début du 21è siècle. On apprend par la suite que l’homme reprend les rênes d’une distillerie d’Armagnac qui végète depuis des années : Marquis de Montesquiou. Aujourd’hui c’est pour Scaramanga, un rhum blanc agricole guadeloupéen, qu’Alexander Stein revient sur le devant de la scène. L’occasion de se pencher sur le destin de cette personnalité désormais incontournable dans le monde des spiritueux.

Comment reconnaître un beau spiritueux ? Qu’est-ce qui les différencie ? Tous les amateurs se souviennent de la première fois qu’ils ont tenu entre leurs mains une bouteille de Monkey 47. Un flacon devenu iconique avec le temps, s’inspirant des anciennes fioles pharmaceutiques du 19ème siècle. La relique d’un temps passé remise au goût du jour pour la bonne cause. L’amateur se souvient aussi qu’une fois la première gorgée dégustée, la perception du gin basculait dans l’orfèvrerie, tant le soin apporté pour respecter l’équilibre entre les aromates, les épices, le genièvre et les agrumes était subtil.

Une inspiration créative tout droit sortie du cerveau d’Alexander Stein, inconnu au bataillon à l’époque, et pourtant.

Conte familial

 

Né près de Stuttgart,  les origines d’Alexander Stein dans les spiritueux ne datent pas des années 2000 et de Monkey. Les fils du destin de la famille se nouent avec celle de l’une des grandes distilleries du sud-ouest de l’Allemagne : Jacobi. Une marque populaire outre-Rhin qui, durant des décennies, s’est chargé de distiller Jacobi 1880, un brandy composé d’un assemblage de 11 distillats différents issus de trois cépages de raisin blanc : Airén, Baco et Ugni Blanc, vieillis principalement en fût de chêne français. 

Appréciée, réputée, le destin de la distillerie et de la marque éponyme s’accélère, se ralentit, connaît des hauts et des bas et finit par être finalement rachetée en 1953, par Heinz Böhmers et un certain Carl Stein, le grand-père d’Alexander. Au passage, la distillerie se hisse au rang des distilleries les plus réputées d’Allemagne. Mais en 1957, Carl trouve la mort et c’est son fils Jürgen, père d’Alexander, qui reprend les rênes.

Et puis le temps passe, Jacobi est vendu dans les années 1990 à Allied Domecq, qui passe dans le giron de Pernod Ricard en 2005, puis dans celui de Fortune Brands et termine dans les profondeurs du portefeuille de Constellation Brands, une holding américaine propriétaire par ailleurs de la célèbre bière mexicaine Corona et tombe finalement dans les nymphes de l’oubli.

“Ma famille est dans le brandy depuis deux générations, donc créer des marques de spiritueux, j’imagine que c’est un mélange de destin, de curiosité et d’amour pour cette industrie unique.”  Alexander Stein. 

Destins croisés

 

Alexander, de son côté, mène son singe jusqu’au sommet, puisqu’en 2020 il vend la Black Forest Distillery à Pernod Ricard. A l’époque, on ignore quels seront les projets qui animent Alexander. Quelques mois plus tard a lieu la signature du rachat des droits de la marque Jacobi 1880. Il détient par ailleurs des parts avec une partie de sa famille dans la distillerie.

Alexander se remémore cette époque : ”C’était un souhait de longue date que de ramener cette marque dans le giron familial. Mon père était à l’hôpital lorsque je lui ai annoncé le rachat de Jacobi. Il est décédé trois jours plus tard, mais ces trois journées furent très belles pour lui.” 

Une passionnante créativité

 

En plus du Jacobi, il lance en 2020 un bourbon, Horse With No Name, et acquiert une participation majoritaire dans la marque d’Armagnac Marquis de Montesquiou, avec laquelle il a remporté plusieurs distinctions en très peu de temps.

Cette distillerie, longtemps propriété du groupe Pernod Ricard, renaît alors de ses cendres. En l’espace de quelques mois, le design des bouteilles est complètement modifié, les jus sont mis au minimum 3 ans en maturation avant d’être lancés en VS. Stein souhaite mettre en avant le caractère unique des arômes de sa gamme. Écrire un nouveau destin pour le Marquis de Montesquiou en imprimant un style.

En 2023, il élargit son portefeuille avec Le Freak, une vodka élaborée à partir de pommes de terre 100 % allemandes.

 

Scaramanga, faux méchant mais vrai rhum guadeloupéen

 

Récemment, Stein s’est penché sur le rhum agricole gamme avec Scaramanga. “C’est un Rhum Agricole, un hommage à l’art de la distillation dans les Antilles françaises. Il s’agit d’un assemblage de distillats de la Guadeloupe”. 

La production commence avec la récolte manuelle de la canne à sucre, entre février et juin. Le vesou est ensuite extrait puis fermenté pendant environ 60 heures.

Distillé dans une colonne en cuivre, il produit un rhum titrant à 70 % avant d’être réduit à 45 %, pour offrir un bon équilibre entre intensité et rondeur. 

La particularité de Scaramanga réside dans son affinage en amphores de terre cuite pendant 100 jours, une technique qui permet d’harmoniser les arômes, tout en respectant la pureté du distillat.

Les connaisseurs seront séduits par l’intensité aromatique de Scaramanga, qui oscille entre fraîcheur végétale, épices et notes fruitées. Son profil se prête aussi bien à la dégustation pure qu’en cocktails.

L’héritage en bandoulière, Alexander Stein esquisse référence après référence, parcours les paysages de l’industrie des spiritueux. Comme un voyage, des rives du lac de Constance, aux collines du Gers, des paysages désertiques de l’Ouest américain aux plages de la Guadeloupe, une aventure immobile et sensorielle unique, digne d’un James Bond.

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