Quelques infos, nouveautés et exclusivités à garder en tête ou sur la langue en cette rentrée où ça se bouscule au portillon.
Waterford face aux questions existentielles
La distillerie irlandaise, lancée dans une thétique quête du terroir en partant de l’épi d’orge, se heurte à deux points d’interrogation cardinaux : le terroir peut-il l’emporter sur la tourbe ? Et quid de l’effet variétal de la céréale dans l’équation à multiples inconnues ? Partant du principe qu’on n’a encore rien d’inventé de mieux qu’un single malt pour confronter les tourments existentiels à la métaphysique du whisky, le génial Mark Reynier et ses ouailles ont exhumé une tourbe irlandaise pour fumer l’orge de 2 parcelles (Ballybannon et Fenniscourt) : vous retrouverez ces 2 premiers malts tourbés 100% irish depuis une génération au moins sous le sigle Peated. Pas fini. Les joyeux drilles ont également récupéré auprès de la station céréalière de Cork 50 g de graines ensachées d’une variété d’orge disparue, Hunter, qui régna sur l’île dans les sixties. Aujourd’hui réincarnée en whisky – on connaît pire destin. A goûter au Whisky Live fin septembre.
William Grant bientôt sur Islay ?
La rumeur, qui est l’information du pauvre, enfle depuis des mois dans les sphères bien informées en Ecosse : le groupe William Grant (Glenfiddich, Balvenie…) serait en pourparlers pour reprendre la distillerie Ardnahoe, fondée sur Islay par Hunter (matez la transition…) Laing en 2017. Si cela se confirme, vous l’aurez d’abord lu ici. Dans le cas contraire : peut-on écrire n’importe quoi sous le hashtag #Rumeur ? Vous avez 2 h pour vous déchainer.
Midleton voit big
Irish Distillers (Pernod Ricard) va construire une nouvelle distillerie sur le site de Midleton – qui produit Jameson, Powers, Redbreast, les Spot… –, la plus grande usine à whisky de l’Union européenne. Début des travaux en 2023. Pssst ! Au Whisky Live, essayez de poser les lèvres sur le Redbreast 21 ans embouteillé pour le nouveau catalogue Antipodes de LMDW.
Le whisky made in Cognac arrive en force
La Charente est sans doute en train de devenir une place forte du whisky français (en vrai, vous pouvez rayer le « sans doute » de la phrase : j’enfile des mitaines de velours pour écrire, histoire de ne pas effaroucher le Landernau). Et vous aurez le plaisir de lire dans le prochain Whisky Magazine mon enquête sur le sujet. Plaît-il ? Vous n’êtes pas abonné·e ? Par ici !
Bref. En attendant, on voit fleurir moult embouteillages attrayants : après Merlet (Coperies), Fontagard, Alfred Giraud et Boinaud (Hériose), apprêtez-vous à découvrir une trilogie Arlett chez Tessendier et un Palisson polisson chez Vinet-Delpech.
Douce France…
On reste en France. Maison Benjamin Kuentz présentera au salon France Quintessence (ce dimanche et lundi) sa première création tourbé : Tohu-Bohu des terres. Fabrication Rozelieures, tourbe écossaise, vieillissement ex-bourbon puis moscatel. Nerveux et gourmand, cuir neuf, foins coupés, fruits jaunes, amandes et pointe saline galopent sur la fumée. Joli ! Sinon, sur Change.org la pétition « Arrêter de brainstormer sous substances illicites les noms des embouteillages Kuentz » a déjà recueilli quelques milliers de signatures.
La Distillerie du Vercors dévoile de son côté un Séquoia Cuvée Polo, un tourbé droit dans ses bottes, grassouillet, sans fioritures, très réussi. Roulements de tambours chez Eddu, pour le plus vieux whisky français jamais lancé sur le marché : Graal, 21 ans. On s’en reparle plus longuement très bientôt because exploit, quoi ! A part ça, la gamme Version Française de LMDW nous lâche en rafale 4 nouveaux Frenchies. Trois fûts uniques : un rye 2016 Domaine des Hautes-Glaces qui dépote à 57%, un Uberach 2004 et une rareté, un tourbé de La Roche aux Fées 2017. Ainsi qu’un petit lot (small batch, en VF sous-titrée), un Aikan de 5 ans vieilli en Martinique. Un dernier off pour se faire mousser ? Préparez-vous à voir arriver une bière Sainte-Cru vieillie en tonneaux d’Armorik.
Arran sort de la clandestinité
Ce n’est pas la première fois qu’Arran se frotte aux fûts de calvados, mais par le passé la très susceptible SWA décourageait fortement l’emploi de barriques imprégnées de spiritueux de cidre. Jusqu’en 2019, puisque la révision du « dossier technique » du scotch revient sur cette aberration. Arran peut donc exhumer sans crainte les tonneaux de calva qui roupillaient clandestinement dans ses chais. Et hop, un 17 ans apparaît par miracle en cette rentrée. Alléluia !
Laphroaig se dégoupille
Boooom ! Laphraoig 10 ans explose en version cask strength (batch 14), dans toute sa sauvagitude – what ? On n’a plus le droit d’inventer des mots ? C’est que, voyez-vous, Larousse et Robert manquent d’imagination lorsqu’il s’agit d’appréhender les whiskies les plus hors normes d’Islay. En goûtant ce classique dans sa version intacte, on se sent rase-motter avec les anges pour téter le liquide goutte à goutte au cul du fût. Une expérience unique. Un bonheur n’arrivant jamais seul, une édition limitée Sherry Oak affinée en fûts de xérès oloroso s’invite aux festivités de la rentrée : l’impression de pénétrer dans un hôpital en feu en croquant un carré de chocolat, les écouteurs sur les oreilles avec Stairway to heaven à fond les ballons.
Echauffement en douceur avant le Whisky Live Paris
Patience, les scoops WLP arrivent, je fais durer le plaisir. Sachez néanmoins que, cette année, l’une des 6 mezzanines de la Grande Halle de La Villette se dévoue pour accueillir le Carré Collectors, divisé en 3 espaces : le bar Golden Promise, comme à l’accoutumé, la section Velier – où Luca Gargano ouvrira à la dégustation la plus grande collection de rhums Demerara jamais présentée – et l’exposition Finespirits Auctions, où la maison d’enchères révélera les lots de sa prochaine vente caritative (les bénéfices seront versés à la Fondation Arthus-Bertrand), pour le plaisir des yeux. Le Carré Collectors est ouvert à tous, et pas seulement aux détenteurs de Pass VIP, et les drams sont payants.
Côté pédagogie, l’ami Whiskyfun, alias Serge Valentin, fête ses 20 ans avec une masterclass dantesque, en compagnie de son binôme Angus MacRaild, alias Whisksponge. Préparez-vous à camper devant la salle pour harponner un siège. Et surtout un verre.
Une devinette avant de se quitter ? A votre avis, quelles marques ou distilleries ont réservé les 2 plus grands stands du WLP, soit 36 m2 chacune ? Réponse sur les réseaux sociaux, on ne se perd pas de vue d’ici là.