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Le 14 décembre dernier, le marteau virtuel de Fine Spirits Auction s’abattait sur les meilleures enchères consacrées aux whiskies et spiritueux. Première plateforme française de ventes aux enchères en ligne, lancée le 20 novembre dernier, FSA est le fruit d’une association entre Idealwine, leader de la vente de vins en ligne, et La Maison du Whisky. A l’arrivée, une très belle vente qui confirme avant tout l’intérêt réel (et récent) du marché français pour le marché collectors.

 

367 lots proposés à la vente, dont 220 en provenance d’Ecosse, 55 whiskies japonais, 85 % des lots adjugés dès leur première présentation et une moyenne de 5 enchères par lot ainsi que de nombreuses alertes programmées par les internautes ! Sur l’ensemble, 42 bouteilles ont été au-delà de l’estimation haute, soit 15% de la vente. Voilà pour les chiffres ! « La vente a été plus lente au démarrage que nos ventes de vins, explique Cyrille Jomand, CEO d’Idealwine,mais ce fut un final de folie. Un taux d’exécution assez exceptionnel de 82% et un prix total représentant 115% de l’estimation basse, ce qui témoigne d’un niveau de surenchère très élevé ».

Le Japon en tête d’affiche

En haut du podium, Yamazaki toujours, avec une version Of. 25th anniversary 1984, adjugéeà 12 744 € (TTC). Une très belle performance pour Thierry Bénitah, Président de LMDW. « C’est en dessous de sa valeur dans les boutiques spécialisées, qui peut grimper jusqu’à 20 000 euros. Mais c’est une belle cote, parmi les plus hautes pour cette bouteille, en comparaison de celles constatées sur d’autres sites de ventes aux enchères. Ce qui place désormais Fine Spirits Auction comme la référence sur ce produit ».

Dans la roue de la distillerie de Shimamoto, toujours le Japon, avec ce Karuizawa 1981 Cask#7924 à 4 366 €. De quoi rendre jaloux les écossais ? Pas vraiment : suit ainsi The Macallan 1997 Cask#432 à 3 068 €, largement au-dessus de l’estimation, tandis que le single malt MacPhail 16 ans 1973, détient le plus grand nombre d’enchères reçues, 23 au total, ex-æquo avec le Glen Scotia 20 ans 1991 Wilson & Morgan. Sans oublier les valeurs sûres que représentent pour ce marché The Macallan, Port Ellen, Highland Park, Brora et Glenmorangie

De belles affaires donc pour les collectionneurs avisés. Et pour les bouteilles mises aux enchères qui pour certaines franchissent ainsi un cap ! Comme le Highland Park 20 ans 1959 Of. estimé entre 1180 et 2300 euros et parti à 2832 euros TTC après 13 enchères… « Pour cet Highland Park, nous sommes allés au-delà de ce que nous pensions » se réjouit Thierry Bénitah.Quelques jours plus tôt, Serge Valentin sur whiskyfun, avait donné une note de 94 à cette référence. Peut-être un coup de pouce inopiné contribuant à faire grimper les enchères ? « En tout cas, elles avaient commencé à monter avant cette excellente notation » continue Thierry Bénitah.

En somme, quelques bouteilles emblématiques (Yamazaki, Hanyu, Springbank…) se sont envolées, tandis que certains lots plus contemporains sont restés flat. Quant aux autres Japonais, les acheteurs ont peut-être été plus frileux. Peut-être était-ce trop tôt. Ou peut-être manquait-il de single casks anciens qui auraient pu faire la différence.

Le rhum, valeur sûre

De son côté, le rhum, avec 26 lots, apparaît comme une valeur refuge de plus en plus dans le viseur des collectionneurs. Portant haut et fort son nom, La Favorite (La Flibuste) 1988 a été adjugée à 767 € avec une vingtaine d’enchères réparties sur deux millésimes.A noter les performances de Caroni, objets de nombreuses enchères, talonnée par Foursquare de la Barbade. Une bataille entre rhum à la française (Neisson, Clément, La Favorite, Karukera, Bielle) et ceux de style anglais…

« Il est clair que les rhums sont très plébiscités aujourd’hui, atteignant globalement les plus belles performances au regard de ce qui était proposé dans la vente, reconnaît Thierry Bénitah. La Favorite, Foursquare, mais aussi et surtout Caroni, toujours vers le haut, voire au-dessus de la cote. Je pense notamment aux Caroni des années 80. ».

Les français en quête de collectors ?

Cyrille Jomand se réjouit de cette « vente enthousiasmante, tant par la qualité de la sélection, le niveau d’intérêt des enchérisseurs, des clients historiques comme des nouveaux clients. La réussite de cette première vente est très supérieure à ce que nous avons connue dans le vin lors de nos premières ventes, nous sommes donc très confiants sur le développement de cette nouvelle plateforme ». Un constat partagé par Thierry Bénitah. « La bonne nouvelle, c’est que sur 368 lots, 310 ont bougé, explique-t-il. Il se passe réellement quelque chose sur la catégorie des spiritueux d’exception, rares et sur les bouteilles anciennes. Cette année en particulier, et surtout depuis quelques mois ». Est-ce que l’arrivée de FSA a permis de faire bouger les lignes ?« C’est possible, je n’ai en tout cas jamais vu autant de raretés mises en vente aux enchères » conclut le patron de LMDW.

Les études sont claires à ce sujet, les bouteilles de whisky sont reconnues comme des investissements rémunérateurs. Mais il faut savoir pourquoi on investit :« Il y a des bouteilles collectors, recherchées par tout le monde, parce qu’elles répondent à des critères objectifs, notamment les références rares, anciennes et qualitatives, explique Thierry Bénitah. Il y a ces happy few qui suscitent beaucoup d’engouement, un peu à la manière des grands-maîtres en peinture. Mais pour autant, certains collectors laissent la place à une part de subjectivité. Et ce seront là des critères personnels, plus affectifs. C’est l’acheteur qui leur confère une dimension collector. On peut donc aussi investir dans ces bouteilles dans lesquelles on a un retour sur investissement personnel, au-delà de la valeur financière ».

Pour autant en cette année de crise, professionnels et particuliers souhaitent vendre ou acquérir. Pour investir, à moins que ce ne soit pour réaliser leur investissement initial. « Globalement, la demande de bouteilles collectors va crescendo depuis déjà quelques années, constate Thierry Bénitah. Et ça s’accélère depuis le début de la crise Covid, nous le sentons en tant qu’acteur de ce marché. Et si les étrangers sont moins présents, les français, eux, commencent à répondre à l’appel. Il y a donc un glissement d’un marché vers l’autre, c’est flagrant ».

Quand le vin rencontre les spis

Parmi les bonnes surprises, notons aussi la présence des investisseurs issus d’Idealwine, et donc plutôt amateurs de vins. Un phénomène que Cyrille Jomand explique : « On pourrait résumer avec un oxymore : une « lointaine proximité ». Deux univers qui semblent éloignés en termes de culture, de régions d’origine, de dégustation mais qui sont pourtant très proches, lorsque l’on en vient aux notions de terroir, d’authenticité, d’histoires à découvrir et de passions d’amateurs ».

« Ce que je trouve le plus passionnant, c’est de participer à l’élargissement de ce marché. Il s’agit d’une dynamique profonde, qui semble intéresser autant les consommateurs que les professionnels du secteur. Il s’agit d’un marché plus mature mais nous n’en sommes qu’au début», conclut Thierry Bénitah. Affaire à suivre donc !

 

Par François de Guillebon

 

 

 

 

 

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